30 novembre 2017
Monaco 1955 : la déroute des flèches d’argent
La décennie Fangio - III -
Quarante-neuvième boucle de course, Juan Manuel Fangio sent soudain sa mécanique le trahir. La Mercedes décélère contre le gré de son pilote, la transmission a cédé. L’argentin voit son équipier Moss le dépasser et filer vers une possible victoire... A moins que le sort n'ait décidé d’en disposer autrement…
par François Coeuret
(voir aussi Les plongeurs de Monaco)
L’équipe Mercedes arrive en conquérante sur le sol monégasque. Juan Manuel Fangio a triomphé sur ses terres lors du premier Grand Prix de la saison. Ses équipiers Kling et Moss ont abandonné. Ils ont relayé Herrmann et ont fini quatrièmes, se sont donc partagés les points. Chez Ferrari, Gonzales, Farina et Trintignant épaulés tous trois par Maglioli en ont fait autant. Deux voitures ont fini la course aux deuxième et troisième places sur les trois engagées. Les points ont aussi été répartis(*). Fangio qui a piloté seul a bien sûr engrangé la totalité de son gain donc 9 points. Il a déjà pris de la marge au classement du championnat.
Alberto Ascari - Lancia D50
Sur le Rocher, Les essais sont âprement disputés. Ascari au volant de la Lancia D50 fait jeu égal avec Fangio. Les deux hommes ont tourné tous deux en 1’41’’1 dans leur tour le plus rapide. Moss n’a pas démérité, ne leur concédant qu’ 1/10e. Castellotti au volant d’une autre Lancia met en évidence les qualités de cette dernière. Quatrième position en 1’42’’0. Jean Behra se positionne cinquième sur la grille, 1'42’’5 à bord de sa Maserati 250F. Suivent Mieres (Maserati), Villoresi (Lancia), Musso (Maserati). Trintignant sur Ferrari se place neuvième devant son compatriote Simon qui remplace Herrmann blessé sur une troisième Mercedes.
Sous un beau soleil méditerranéen, le départ est très disputé. Le premier virage du Gazomètre est le théâtre de l’affrontement des trois hommes issus de la première ligne. Ascari est entouré de Fangio et Moss. Fangio vire à l’intérieur tandis que Moss retarde son freinage et se porte au côté de l’argentin à l’extérieur. Fangio prend le dessus dans la montée vers le Casino tandis que Castellotti a pris le meilleur sur Moss. Ascari est du coup relégué en quatrième position. Au cinquième tour Les deux flèches d’argent prennent le pouvoir, Moss a doublé Castellotti. Dix-septième tour Behra qui est passé à l’offensive s’impose en troisième position après une belle passe d’arme avec Castellotti tandis qu’Ascari rétrograde en cinquième place. Trintignant fait une belle course en remontant régulièrement au classement. Il passera quatrième au quarante-deuxième tour.
Les positions se figent un moment mais à mi-course Fangio est victime de sa transmission à bord de la W196. La mort dans l’âme il laisse son équipier prendre les affaires en main.
L’ anglais domine avec facilité. Alors qu’il semble rouler vers une victoire probable, Moss rentre au stand au tour 81. Il est victime de son moteur qui ruine sa belle course. Ascari n’aura pas le temps d’en profiter. Il sort de la chicane du port en perdition, heurte une précaire barrière en bois et plonge dans le port. De l’huile dans le secteur aurait été signalée suite à l’incident de Moss… Les plongeurs récupèrent l’italien sain et sauf.
Perdisa, Villoresi, Castellotti
Récompensé par sa constance au volant de la Ferrari 625, Maurice Trintignant émerge en tête du Grand Prix. Suivent Castellotti qui a marqué le pas et Perdisa. Le français ne sera plus inquiété jusqu’au drapeau qu’il franchit tout en enregistrant son premier succès dans la catégorie reine. Behra victime d’une sortie de route finit troisième en relayant Perdisa sur sa Maserati.
Juan Manuel Fangio privé d’un succès monégasque va se rattraper et remporter encore trois Grands Prix. Le champion enlève son troisième titre en 1955. Il doit changer d’employeur pour la saison suivante, Mercedes après le terrible accident de Levegh au Mans tirera sa révérence à l’issue de cette année.
Maurice Trintignant - 1e victoire F1
(*) A cette époque les changements de pilotes étaient courants. Un système de partage des points était en vigueur. Exemple : la Ferrari N° 12 qui a fini deuxième en Argentine derrière Fangio fut pilotée par Gonzales (60 tours), Farina (20 tours) et Trintignant (16 tours). Trintignant dont la voiture a abandonné a lui-même piloté la voiture de Farina n° 10 (troisième) comme Maglioli. Les trois premiers pilotes cités se sont vus attribuer respectivement 2 pts, 3,33 pts et 3,33 pts et Maglioli 1,33 pts (les 10 pts obtenus par les 2 voitures sont partagés ! - Ref. Statsf1)
French Riviera 1955
- Photo 4 ©Cahier Archive
- Photo 8 ©gettyimages
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20:07 Publié dans a.ascari, jm.fangio, l.villoresi, m.trintignant, s.moss | Tags : juan manuel fangio, maurice trintignant | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
Commentaires
Quand j'étais un jeune garçon j'avais trois livres de chevet : "La Piste Fauve" de George Cory Franklin, "Les Contes des Mers du Sud" de Jack London et "Pilote de Courses" de Maurice Trintignant. Ce dernier ouvrage racontait avec force détails ce Grand Prix de Monaco 1955, dont l'issue relevait, au départ, d'une probabilité infime. Un seul chapitre était consacré à la victoire du pilote Français aux 24 Heures du Mans 1954, en compagnie du 'Toro de la Pampa", José Froilàn Gonzàlez, aussi surnommé "El Cabezón"... Cette note, fort bien illustrée, me rappelle tout le plaisir que j'avais à cette lecture...
Écrit par : Raymond Jacques | 01 décembre 2017
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