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06 octobre 2020

Les trois mousquetaires

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Dessin ©Olivan 1973

Mai 1973, le Grand Prix de Pau est sauvé. Le maire de la cité, André Labarrère, a réhabilité sa piste, les normes exigées par la CSI sont en place. Les bottes de paille ont disparu, les rails assurent une protection relative pour les pilotes installés dans leurs fragiles monoplaces. La société Elf a apporté un soutien financier non négligeable à la célèbre épreuve hexagonale. Ce 6 mai en début d’après-midi François, Patrick, Jean-Pierre et les autres se positionnent sur la grille de départ…

François Coeuret


françois cevert

Cette course prestigieuse attire des pilotes confirmés courant régulièrement dans les catégories supérieures. François est de ceux-là. Les « cadors » se mélangent ainsi au contingent de « jeunes loups » en devenir et de pilotes d’expérience courant habituellement en F2. Patrick et Jean-Pierre appartiennent à la vague montante. Leur ascension est en bonne voie, celle de François près de l’apogée. Le samedi 5 mai se sont disputées les deux manches qualificatives pour la course du lendemain. Patrick a remporté sa manche devant François tandis que Vittorio Brambilla s’est adjugé la seconde sous la pluie devant Roger Williamson.

 

françois cevert

Dimanche sur la grille Patrick est donc positionné en première ligne avec Brambilla. Derrière en seconde ligne on trouve François au côté de Williamson, puis Beltoise suivi des quinze autres pilotes. Jean-Pierre victime d’un problème mécanique dans sa manche est relégué en fond de grille. Patrick pilote l'Alpine A367 Ford-Hart (officiellement Elf2), l’italien Brambilla une March 732 BMW, François est au volant de la deuxième Alpine du John Coombs Racing, Williamson est installé dans une GRD Ford-Hart, Beltoise dans une March 732 BMW usine. Jean-Pierre en dernière ligne est aussi aux commandes de sa March 732 BMW usine. L’équipe Surtees officielle est absente de la manche française.

 

françois cevert

La course va se disputer sur une piste sèche. Au baissé du drapeau le peloton s’élance vers le virage de la Gare. François va tirer son épingle du jeu et s’imposer en tête en emmenant Patrick dans son sillage. Il sort le grand jeu dans les rues de la cité paloise où résonnent les mécaniques des Formules 2. Patrick est en embuscade et défend vaillamment sa position, prêt à saisir la moindre opportunité. Au trentième-huitième tour son moteur coupe soudainement sur un problème électrique. C’est l’abandon.

Pendant ce temps Jean-Pierre qui a retrouvé une monoplace en pleine forme s’applique à remonter sa dernière position du départ. Il déploie tout son art du pilotage. Brambilla et Beltoise à bord de leur March BMW roulaient fort en début de course mais ont joué de malchance. L’italien renonce victime d’une fuite d’huile. Le français doit s’arrêter au stand pour un problème d’alimentation de pompe à essence non sans avoir battu le record du tour auparavant… François triomphe à l’issue des soixante-dix tours que compte le Grand Prix.  Le festival de Jean-Pierre va l’amener en seconde position au passage du drapeau à damier. Schenken finit troisième sur la Rondel devant Beuttler sur March et Wolleck puis Jaussaud tous deux sur Rondel.

 

françois cevert

Sur le podium il manque un de nos hommes qui appartiennent pratiquement à la même génération. François Cevert et Jean-Pierre Jarier jubilent. Patrick Depailler lui est déçu, trahi par sa mécanique. Le premier renoue avec la victoire sur une F2 lui rappelant l’époque Tecno. Le second grâce à sa superbe remontée empoche les neuf points du premier pilote « non gradé ». Il conforte sa première place au Championnat d’Europe.

Pour François en cette année le numéro 6 défile inéluctablement de mois en mois. Mai, il atteint le Capitole, juin, juillet, août, septembre, il coule des jours lambda et octobre, il est trahi par le destin qui l’a impitoyablement précipité du haut de la Roche Tarpéienne.

françois cevert

Des trois hommes Jean-Pierre est le rescapé. Chacun se souvient qu’une « sorcière aux dents vertes » a exercé son cruel pouvoir sur Patrick le premier jour d’août 1980 dans la trajectoire de l’Ostcurve sur le circuit d’Hockenheim.

Un mois après Pau, le pilote écossais Gerry Birrell allait se tuer aux essais F2 à Rouen. Le créateur d'Autodiva saura plus tard lui rendre hommage à travers la décoration de son casque. Quelques semaines plus tard, ce fut le tour de Roger Williamson en F1 à Zandvoort dans des circonstances que personne n'a pu oublier.

Ainsi le sort des pilotes était-il scellé au cours de ces années là.

françois cevert


 

- Illustrations ©D.R.

Commentaires

André Labarrère, ancien Maire de Pau, et non Jean-Paul.
Jean-Paul Pasquet a été président de l'automobile club basco béarnais en charge de l'organisation du GP.

Écrit par : sarraude | 06 octobre 2020

Merci pour la rectif, ma source a donc amalgamé le prénom du président avec le nom du maire... L'ordre est rétabli.

Écrit par : F.Coeuret | 06 octobre 2020

Le président de l'époque, (de 1968 à 1984) était Henri Virmoux, Jean-Paul Pasquet lui succédant en 1985.

Écrit par : Gilles Virmoux | 06 octobre 2020

Bonjour et merci pour cet article !

Ce jour-là, Mike Beuttler n'eut pas de pot... dans sa manche qualificative puisqu'il y termina dernier à un tour de Patrick Depailler, après un tête-à-queue, mais il devint qualifié pour la finale grâce à un temps au tour parmi les plus rapides.

En course, parti 19e devant Jean-Pierre Jarier, il entame une remontée efficace en duo avec le Français mais ce dernier, plus véloce, le double. 6e à mi-course, il est alors rejoint par les hommes de tête mais rallie l'arrivée 4e et 2e pilote non gradé.

Bien sportivement ! Philippe Vogel

Écrit par : Philippe Vogel | 06 octobre 2020

Merci Philippe pour ces précisions, c'est sympa d'avoir des lecteurs et précieux commentateurs qui nous complètent et parfois nous corrigent !

Écrit par : F.Coeuret | 06 octobre 2020

Excellent souvenir, merci pour ce partage.

Écrit par : Daniel Robin | 06 octobre 2020

Les commentaires sont fermés.