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11 juillet 2014

1966' Grand Prix movie - 1 - Monaco

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john frankenheimer,john surtees

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« Après le virage de Sainte-Dévote, Sarti est en tête devant Stoddard, Aron, Hill, Anderson et Randolph. Stoddard se porte maintenant à la hauteur de Sarti dans la montée, et va essayer de passer...

... Exprès ou pas exprès, tu es en train de bousiller la boite ! »

- Voir aussi: 1966' Grand Prix movie - Ouverture

 

Signé Francis Rainaut


Nous voici à Monaco pour l’ouverture du championnat 1966 mais surtout pour un grand moment de cinéma.

Calez-vous dans votre siège, pas de harnais à cette époque.., les images de la course restituées dans Grand Prix sont littéralement stupéfiantes, elles mêlent habilement la réalité et la fiction; le son n'est pas en reste, le bruit du V12 Ferrari (1) de la monoplace de Surtees avant le tunnel est d'une musicalité rare, certains diraient classique... Le large extrait publié à la fin de cette note permet de s'en faire une idée.

Le film nous fait découvrir le circuit et ses alentours, visite improbable au XXIe siècle où les images télévisées nous donnent à voir plus de rails que de décors. Ici au contraire on est admis dans des palaces prestigieux comme l’Hôtel de Paris ou encore l'Hôtel Hermitage qui se situent tous les deux au centre de l'action. En regardant attentivement certaines scènes, on peut distinguer le Christina O d'Aristote Onassis dans le port et une foultitude d'autres petits détails. Beaucoup de scènes sont filmées depuis un hélicoptère Alouette, pour une fois le public est traité comme un roi, pour la circonstance on dira « comme un prince ».

Un autre vue encore plus surprenante nous permet d'admirer le « garage » de la production, installé sur le tracé de l'ancienne voie ferrée surplombant le virage du Portier. On y distingue notamment la Cobra Shelby mais aussi les fausses F1 préparées par Jim Russel et également les capots de la Ford GT40 du tournage.

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Fort bien, mais venons-en aux faits, Aron a-t-il sciemment bloqué Stoddard, ou encore est-ce que Pete a délibérément choisi de ne pas tenir compte de  l’injonction du directeur du team Jordan-BRM, injonction que l’on pourrait traduire par un « Scott is faster than you » ? Ou si la scène avait été tournée en 1989 à Suzuka, le casque d'Aron aurait-il été jaune ou plutôt bleu & blanc ?

Continuons sur ce thème. Vu sous un autre angle, ne s’agirait-il pas d’une version moderne du verset de la Genèse dans lequel Adam (Jeff Jordan) marque sa préférence envers Abel (Scott Stoddard) au détriment de Caïn (Pete Aron), conduisant ce dernier au (quasi) meurtre de son frère (coéquipier) ?  Clin d’œil de l’histoire, il se trouve qu’Aaron est aussi le prénom d’un des deux fils d’Adam dans « A l’Est d’ Eden », sauf que dans le roman de Steinbeck il représente cette fois Abel, à l'inverse du film de Frankenheimer.

Et ne venez pas me dire que tout ceci n’est que du cinéma, dans le monde des Grand Prix, on retrouve souvent ce même schéma. Il est vrai  que le Team Jordan-BRM est plus à l’image du Team Lotus des années soixante que de l'écurie BRM, Jeff Jordan figurant même un Chapman assez crédible. Et personne n'ignore la manière dont ce dernier gérait ses premiers et seconds pilotes.

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Il est temps de donner quelques  explications à propos du scénario de Grand Prix. En 1963 sort un ouvrage intitulé The Cruel Sport, dont l’auteur est Robert Daley, journaliste correspondant du New York Times (2). Daley, ancien pilote de l'Air Force pendant la guerre de Corée, a découvert le sport automobile au moment de sa rencontre avec « Fon ». de Portago (3). Il a ensuite suivi de très près les courses automobiles de la fin des 1950’s jusque vers le milieu des 1960’s. De cette expérience est  tiré un livre culte, The Cruel Sport, dont quelques extraits sont accessibles sur internet.

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Et l’on découvre alors que toute la trame de Grand Prix, ainsi que des dialogues entiers, est directement issue de l’ouvrage de Daley. Donc pour raccorder les scènes du film au livre, il est nécessaire d'opérer un décalage de quelques années en arrière, le caractère d’un Jean-Pierre Sarti pouvant s’approcher de celui d’un Phil Hill mixé avec un zeste de Trintignant ou de Von Trips, etc…

A l'issue de la course de Monaco, Sarti prend la tête du championnat avec 9 points, mais n'aura pas droit au podium princier. Seules quatre voitures finirent le vrai Grand Prix, qui durait 100 tours, dont une Ferrari et trois BRM de l'Owen Racing Organisation; ce qui constitue toujours un record. Les affichistes et les scénaristes avaient quand même bien anticipé le résultat.

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Pour terminer, une anecdote tirée du livre "John Frankenheimer: Interviews, Essays, and Profiles"

... Frankenheimer réussit même à obtenir l’entière coopération d’Enzo Ferrari, qui autorisa l’équipe du film à utiliser ses voitures et ses techniciens, et à filmer à l’intérieur même de l’usine Ferrari. Lors des premiers contacts, Ferrari les avait pourtant envoyés sur les roses. Le producteur du film, Edward Lewis, apporta alors à Ferrari un vague extrait des séquences de Monaco et Enzo fut si enthousiaste qu’il apporta tout son soutien à partir de ce moment là. Quand on lui demanda combien cela couterait, Ferrari répondit, "Rien du tout. Ou bien je coopère avec vous, ou bien je ne le fais pas. Personne ne peut m’acheter."

 

Et enfin une dernière question :

- peux-tu me dire ce qu'est qu'un « gazomètre », c'est un mot que je n'entends qu'une seule fois par an ?

 

(1) Lorenzo Bandini pilotant la Ferrari 246 V6.

(2) Robert Daley est aussi auteur de bestsellers comme Year of the Dragon ou Prince of the City. Sa biographie n’est pas l’objet de cette note, cependant on ne peut qu’inciter les lecteurs à découvrir cet auteur si ce n’est déjà fait.

(3) On peut à ce propos regretter qu’une Linda Christian - ex James Bond's girl et véritable bombe anatomique - n’ait pas trouvé sa place dans le casting.

 

Hors-Piste :

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Non, Memorytso n'a pas décidé soudainement de changer de registre pour toucher davantage la clientèle féminine, quoique...

Regardez attentivement ces images. Cette robe a été dessinée par Albert Kriemler, designer de la maison de haute couture suisse Akris. Je vais un peu vous aider, on y devine l’Hôtel Hermitage, qui  surplombe le circuit de Monaco. Parlez-en à Jackie ou à Roman, vous verrez ils sauront y reconnaître Pat Stoddard (Jessica Walter) sortant de sa chambre pendant le Grand Prix. Ce couturier à décidément du style.

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Il est « la » voix des courses auto de cette époque. J'ai tenu à mettre un visage derrière une voix, combien d'aficionados Tommy Franklin a-t-il pu contaminer grâce à ses récits picaresques et colorés ? Merci Tommy, un opéra à toi tout seul.

 

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Il ne saurait y avoir de Grand Prix de Monaco sans présence princière, S.A.S. Grace se souvient qu'elle fut Kelly et se replonge avec bonheur dans l'ambiance d'un plateau de tournage. Elle s'entretient ici avec son compatriote metteur en scène.

 

- Photos 1a & 2b ©TheCahierArchive

- Photo 1b           ©DrBrianWatson

- Photo 3a           ©R.Schlegelmilch

- Autres photos   ©D.R.

Commentaires

Très bel extrait d'un grand film qui fit aimer et découvrir la Formule Un à un grand nombre ! malgré quelques incohérences propres au milieu cinématographique.

Écrit par : François Libert | 12 juillet 2014

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Tommy Franklin, un nom , une voix souvenons nous des inter actualités des années 1960-1970 ce que l'on appelait le journal "parler".Tommy Franklin intervenait dans le cadre de la rubrique sport automobile.

Écrit par : patricelafilé | 19 juillet 2014

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En regardant attentivement les images du film, on retrouve l'ami Tommy en "guest star" dans pas mal de séquences, le jeu étant de trouver lesquelles...
Un indice, le paddock de Monza.

Écrit par : MSo | 20 juillet 2014

http://www.ina.fr/audio/PHF08004816/inter-actualites-de-19h00-du-9-septembre-1973-audio.html......dans la rubrique sport automobile Monza 1973 entre la 40eme et 45éme minutes de ce journal " parler" la voix de Tommy Franklin

Écrit par : patricelafilé | 20 juillet 2014

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Disparition aujourd'hui 20 juillet de Pete Aron - James Garner - curieusement le jour de l'anniversaire de Chris Amon.
R.I.P. James.

Écrit par : RMs | 20 juillet 2014

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Eh oui l y a de ces coïncidences... Bravo en tout cas pour ce nouvel épisode très bien conté ! Du beau et sérieux travail d'investigation sur la piste et hors piste !

Écrit par : Marc Ostermann | 22 juillet 2014

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Avec un tour de retard, Aron était inexcusable.

Écrit par : Bruno | 15 octobre 2014

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