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18 janvier 2015

JPB, Saint-Vrain le 12 janvier: surtout ne pas louper le départ...

jp.beltoise

En 1967 je découvre les courses auto, juste l'année où les ronds rouges débarquent. On peut dire que j'étais prédestiné à tomber dans la marmite elf !

Auparavant je suivais plutôt les compétitions de ski et aussi un peu l'athlétisme. Je ne suis pas prêt d'oublier le triomphe du ski français à Portillo en 1966 (1), ni un certain meeting au stade de Colombes où mon père nous avait emmené assister aux derniers exploits de Michel Jazy (2).
 
En sport automobile ces années-là on parle beaucoup de lui, lui c'est JPB, face d'écureuil et accent parigot.

Beltoise par ci, Beltoise par là, mais justement comment devient-on fan de Beltoise ?

Francis Rainaut


jp.beltoise

 

En 67 donc, on commence avec mon frère à acheter le mensuel « l'Automobile », cherchez pas c'est un truc de garçons. Et dans l'Automobile il y a un supplément « Sport Mécanique ».

sportmeca.jpgEt dans Sport Mécanique en 67 on parle de plus en plus d'Alpine mais surtout de Matra, vous savez, un fabriquant de missiles,... ben non justement on ne savait pas, mais c'est précisément pour ça que la firme s'engage sur le front de la compétition.

stand14 - Copie.gifAlpine n'a alors pas vraiment de leader, on hésite entre Mauro Bianchi et Henri Grandsire. Mais c'est l'autre équipe « bleu de France » qui retient toute l'attention. Et son leader, c'est JPB, comprenez Jean-Pierre Beltoise. Sur son casque bleu à bande blanche, il arbore presque le même logo, sauf que l'on peut y lire « Stand 14 », un nom ésotérique qui restera longtemps une énigme, avant que l'on apprenne que c'était celui d'un bar du quartier Saint-Honoré à Paris où le turbulent Jean-Pierre se retrouvait avec sa bande.

Ce nom allait être utilisé plus tard par Pierre Landereau, le copain motard de Beltoise, pour son garage automobile à Montlhéry, en face des Mille Milles, lequel garage perdure toujours en 2015, mais sans son premier patron qui lui aussi nous a quittés. Une moto, un volant de course, un drapeau à damiers, c'est tout Beltoise dans un dessin ! Pendant qu'Henri « Pepsi-Cola » survole le championnat F3, JPB dispute deux grand prix de Formule 1 sur une MS7 mais effectue aussi une saison probante en Formule 2 dont il glanera le titre européen un an plus tard.

MAGASIN-LES-1000-MILES-DE-JEAN-PIERRE-BELTOISE-A-MONTHLERY.jpg

Mais alors pourquoi Beltoise ? Il n'est plus tout seul, les espoirs français en sport auto sont de plus en plus nombreux. Essayons quand même d'apporter des éléments de réponse à cette épineuse question.

beltoise.jpgRoby ?... trop vite absent.
Johnny ?... trop play-boy.
Henri ?... trop ténébreux.
L'autre Jean Pierre ?... un peu trop gentil.
Eric ?... trop énigmatique.
François ?... un peu trop beau gosse.
Jo et Guy ?... plus tout-à-fait de notre génération.

Un teenager ça a besoin de modèles. Jean-Pierre Beltoise, voilà un mec auquel on peut s'identifier.

JPB, c'est Asterix, le petit Gaulois un peu râleur,... JPB c'est Michel Jazy,... JPB c'est Killy, le « Roi » Killy,... JPB c'est Marielle Goitschel, grande gueule mais aussi grands résultats.

Bultaco 125TSS-Beltoise 1963-1.JPG

Et puis Beltoise c'est un ancien motard, et ça c'est important, car pour le moment, les deux-roues c'est encore pour nous la seule manière possible de toucher un jour le Graal suprême: devenir pilote de course ! Ma première bécane sera d'ailleurs cette Moto Morini dont j'irai chercher les pièces chez Couturier, avenue de la Grande Armée.

Bon c'est vrai pour se faire peur il y a aussi la descente à ski, qui demande des qualités d'audace et d'engagement, mais requiert aussi des bonnes notions de trajectoire. Pour nous c'est simple, le jeu consiste à prendre les pistes qui partent du haut de la station, en effectuant un minimum de virages. Arrivés à la route qui croise la piste, c'est à celui qui saute le plus loin... La référence, ce sont les espoirs de l’équipe de France qui viennent s'y entraîner. Si on arrive un tout petit peu à les suivre, avec nos planches de 2m07, alors on nage en plein bonheur. Le plus souvent on part en vrac bien avant l'arrivée...

beltoise1b.jpg

Motard de cœur, Jean-Pierre l'est toujours resté, il suffit de voir comment il s'est occupé de Depailler, puis de Dayan. A ce propos, observez-bien la première décoration du casque de Patrick et également celle de Denis. Bleu à bande blanche, on y retrouve de façon évidente la référence à Jean-Pierre, c'est presque une reconnaissance visuelle, on parle bien sûr de l'époque Alpine F3 pour le premier et Grac pour le second.

Mais il y a aussi tous ses articles dans « Champion », revue d'esprit plus jeune et plus ouvert que « Sport-Auto ». Beltoise y raconte ses saisons de course, il essaie aussi pas mal d'autos et de motos. Un peu avant, mais j'étais encore trop minot, il y eu aussi « Moto-Revue », où il montra son franc-parler...

Et puis il faut dire aussi, il y a Jacqueline, sublime Jacqueline que l'on croise dans la paddock de Montlhéry avec sa robe « mini » à rayures bleu et blanc. Ah on aimerait bien s'appeler Beltoise, et je ne devais pas être le seul !

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Jacqueline dont la tristesse et l'émotion étaient palpables lundi dernier à Saint-Vrain. Heureusement pour la soutenir elle pouvait compter sur ses deux fils, sur Jackie Stewart, elle pouvait compter aussi sur toute cette foule d'anonymes - ou pas - venue dire adieu à celui qui fut pendant longtemps le chef de file des pilotes français autant que leur modèle. Pesca, Jaussaud, Jarier, Jabouille, Mazet, Laffite, Ethuin, Andruet, Streiff, Belmondo... je ne citerai pas tous ceux qui étaient présents, l’église était trop petite pour accueillir cette ultime « bande à Beltoise ». Du coté des pilotes il y aurait eu de quoi constituer un beau plateau à qui il ne restait plus qu'à monter tout près d'ici vers Saint-Eutrope ou la côte Lapize pour y disputer - pourquoi pas - un Trophée de France ! Là je m'égare, mais comment ne pas y penser en les voyant tous réunis...

C'est pour tout ça Jean-Pierre et aussi pour tout le reste dont je n'ai pas parlé que je ne pouvais pas, lundi 12 janvier, louper ton dernier départ.

Comme désormais je sais que nous sommes voisins, je ne manquerai pas de temps à autre, comme c'est d'ailleurs le cas depuis près de cinquante ans, d'aller te faire une petite visite. Et là je pourrais te dire tout-à-fait entre nous, Chapeau Monsieur Beltoise, quelle vie bien remplie, moi j'aurais bien aimé avoir le tiers de ton parcours !

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(1)    Championnats du Monde de Ski: 16 médailles sur 24 possibles pour l'équipe de France de ski alpin.

(2)    Dont le lièvre en course était un certain Jean-Luc Salomon.

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- Photo 1  ©gettyimages

- Photo 4 Reims 1969 ©Rainaut Frères

- Photo 5 ©Moto.Collection.Org

- Photo 6 Monza 1970 ©Rainaut Frères

- Photo 7 Saint-Vrain 2015 ©Bernard Chrétien

- Photo 8 Montlhéry 2011, Beltoise, F.Rainaut, Marvano ©Rainaut Frères

- Photo 9 Saint-Vrain 2015 ©Bernard Asset

- Photo 10 Saint-Vrain 2015 E.Bhat, E.Moity, R.Ligonnet ©Rainaut Frères

- Autres Photos ©DR.

jp.beltoise

Commentaires

Bonsoir Francis,

Bien bel hommage du début de ta passion Jean Pierre Beltoise, l'avènement Matra, Jacqueline femme , soeur et mère de Pilotes. Monthléry et le sport automobile de ta jeunesse et puis cette saga Matra Beltoise. L'évocation de Michel Jazy, vas Jazy comme résonnait dans les stades ( sans oublier Jean Claude Nallet grand hurdler Français que seul Stéphane Diagana mettra fin à son record de France sur 400 Mètres ). Bref une grande époque où tout ces pléthores d'athlètes se côtoyait à l'Insep, plateaux de tv, restaurants bref la grande époque. Ces " missiles "Matra pionnier du renouveau du sport automobile. Et puis Saint Vrain cet ultime rendez vous des amis, des copains et cette image toujours grande classe devant l'éternel, Fidelité, Amitié..... Sir Jackie Stewart. Sacré époque dans une drôle d'époque ou tout est que virtuel. Non les Seigneurs ne disparaissent jamais dans l'indifférence. Adieu Monsieur Beltoise et Merci Francis.

Écrit par : patricelafilé | 07 février 2015

Merci Patrice (et aussi François), toujours beaucoup d'émotion dans tes commentaires. Parler de l'INSEP me fait penser à l'ENSEP de Chatenay-Malabry où ma mère avait suivi sa formation.
Nb. Le 12 janvier j'avais mon appareil photo dans ma poche, mais je n'ai pas pu me résoudre à prendre des photos de la "bande à Beltoise", c'était juste pas possible.

Écrit par : Francis Rainaut | 08 février 2015

C'est un bel hommage en effet, je dirais... celui du coeur de la foule, du spectateur lambda dont je fais partie et y en a des milliers... Les mots de Francis les représentent tous...Merci.

Écrit par : linas27 | 07 février 2015

Bonjour Francis !

Je découvre enfin ton blog et te dis bravo pour la démarche ; il me reste à lire les notes avec attention.

Bien sportivement ! Philippe Vogel

Écrit par : Philippe Vogel | 12 février 2015

Bravo et merci Francis ! Racing Mémories, digne héritier de feu "Mémoire des Stands" !

Écrit par : Marc Ostermann | 26 avril 2018

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