11 janvier 2016
R.I.P. for the Tyler Man
Il n'échappera à personne que Tyler Alexander, qui s'est éteint le 7 janvier dernier, était un monument du sport automobile, « l’un des meilleurs de la vieille école : robuste, humble et sage » comme l'a souligné avec justesse Ron Dennis.
Après les disparitions récentes de Teddy Mayer et d'Eoin Young, il restait le dernier membre du quatuor original ayant fondé la firme Bruce McLaren Motor Racing Ltd en 1963.
Tyler Alexander était très probablement un « taiseux ». Eh bien, respectons son silence, et contentons-nous de commenter ces photos qui témoignent d'un demi-siècle de présence sur les circuits.
Francis Rainaut
Au début des années soixante, ce natif du Massachusetts entreprend des études pour devenir ingénieur aéronautique. Mais la course automobile capte vite tout son intérêt et il devient en 1962 le mécanicien du millionnaire John Mecom.
Puis sa trajectoire croise celle des frères Mayer, Edward (Teddy) le juriste mais surtout Timothy (Tim), jeune pilote très prometteur. Tim est l'équipier de Bruce McLaren pour les séries tasmanes, il lui présente son mécanicien Tyler Alexander qui sera vite adopté par les Kiwis. Mais Tim allait trouver la mort le 28 février 1964 lors d'une séance d'essais sur le tracé de Longford en Australie.
Tyler devient alors membre à part entière du Bruce McLaren Motor Racing avec Teddy Mayer et le journaliste néo-zélandais Eoin Young (1), lequel fait office de secrétaire de Bruce. Quand le team s'engage en formule 1, Il fait bien sûr partie de l'aventure. On le voit ici aux cotés du « patron » lors du Grand Prix d'Afrique du Sud 1969.
L'engagement des Kiwis dans la série américaine Canam va prendre de plus en plus d'importance, ils en deviendront les rois absolus, exerçant une domination totale sur les saisons 1967 (McLaren M6A) et 1969 (M8B) avec Bruce, 1968 (M8A) et 1970 (M8D) avec Denny et 1971 (M8F) avec Peter Revson. Tyler Alexander joue alors un rôle primordial au sein de l'équipe des « orange papaye ». On parle alors avec justesse du « Bruce and Denny Show », au moins jusqu'à ce funeste jour du mois de juin 1970, où Bruce disparaît à Goodwood en essayant la M8D. Bilan Canam: 37 victoires en 43 courses !
Alexander a pris de l'importance dans l'équipe. Il est plus particulièrement impliqué dans les programmes U.S. du team, spécialement les séries USAC, l'Indycar de l'époque. On le voit ici aux cotés de Johnny Rutherford, vainqueur à Indianapolis en 1974 et 1976 au volant d'une McLaren, puis une 3e fois en 1980 au volant de la Chaparral 2K.
Lorsque Ron Dennis reprend l'écurie McLaren avec son Project 4, Alexander est encore présent, ici aux cotés de Niki Lauda et du « boss » à Long Beach en 1982.
En 1984, Dennis lui rachète ses 10% d'actions McLaren. Tyler s'en va alors avec Teddy Mayer vers le Championnat de monoplaces américain devenu le CART, ils forment le Mayer Motor Racing et recrutent comme ingénieur un certain Adrian Newey.
Le CART c'est bien, mais la Formule 1 reste le sommet, même pour un américain. Fin 1984, Carl Haas crée la structure Formula One Race Car Engineering qui engage sous le nom de Beatrice des monoplaces badgées Lola pour Alan Jones et Patrick Tambay. Les talents sont bien là, dont Ross Brawn, Neil Oatley puis Adrian Newey. L’aventure se soldera néanmoins par un échec, le groupe alimentaire Beatrice Foods - sponsor de l'opération - étant victime d'un raid boursier hostile. Alexander n'appréciera que modérément l'épilogue de cette aventure.
Mais Tyler Alexander vit et respire McLaren. Ron Dennis l’a compris et le rappelle dans l’équipe en 1988 pour occuper le poste de directeur des projets spéciaux. Après un bref intermède comme consultant auprès du Newman-Haas Racing en Indycar, Alexander revient donc « à la maison ».
On le voit alors parcourant le Japon, les Etats-Unis et l’Europe pour assoir la domination du Team. Les champions ou futur champions du monde tels Ayrton Senna font preuve d’un immense respect envers celui qui incarne mieux que quiconque l’esprit « McLaren ».
2008, la boucle est bouclée. Il est temps pour Tyler Alexander de se retirer, non sans avoir eu le temps d’assister au sacre de Lewis Hamilton, à l'époque pur produit maison. Tyler ne restera cependant jamais très éloigné de la « maison », assistant à son dernier Grand Prix en 2014 dans le stand McLaren.
Avec lui c’est près de cinquante ans de présence en Formule 1 qui disparaissent. Bruce a de nouveau réuni tous ses collaborateurs, vous savez ceux qui voulaient se faire une place auprès des grands, ceux que le Commendatore appelait avec une nuance de commisération « les assembleurs »...
- (1) Lors de la disparition de Bruce, Eoin Young écrivit : « Nous ne travaillions pas pour Bruce McLaren. Nous travaillions avec Bruce McLaren »
« Well I think it's fine, building jumbo planes.
Or taking a ride on a cosmic train.
Switch on summer from a slot machine.
Yes, get what you want to if you want, 'cause you can get
anything. »
- Illustrations ©DR
13:49 Publié dans a.senna, b.mclaren, d.hulme, p.tambay | Tags : bruce mc laren, ayrton senna, tim mayer, denny hulme | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
Commentaires
En 1968,interrogé par Eoin Young(son futur biographe),Bruce Mc Laren dira,à
propos de Tyler Alexander : "enthousiasme,talent,sens des affaires,compétences
techniques,loyauté le caractérisaient ".
Inutile d'en rajouter,non ?
Écrit par : Michel Lovaty | 22 janvier 2016
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