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19 janvier 2016

Cheap Thrills (not so)

janis joplin,porsche 356 convertible

Une Porsche 356 C convertible de 1964 pour le moins stupéfiante a fait l'automne dernier la une des medias. Une 356 C oui, mais pas n’importe laquelle, celle de la chanteuse Janis Joplin, disparue en 1970.

La Porsche, elle aussi disparue pendant un certain temps, refit finalement surface pour réapparaître en définitive lors de la vente « Driven by Distruption » de RM Sotheby, aussi pimpante qu’elle ne le fut jamais.

Ah, si tous les cabriolets des Rock Stars pouvaient parler…

Francis Rainaut

(dédié à Paul Kantner - du Jefferson Airplane - disparu le 28 janvier 2016)


janis joplin,porsche 356 convertible

Fille d’un employé de Texaco (!) Janis Joplin rejoint le groupe Big Brother and the Holding Company en 1966, au plus fort de la scène psychédélique de San Francisco Haight Ashbury (1). Le succès est vite au rendez-vous, et le groupe multiplie ses apparitions dans des salles telles que le Filmore West, le Winterland ou encore l’Avalon Ballroom.

Notre héroïne vit à San Francisco et son travail la conduit souvent à Los Angeles où sont les studios pour enregistrer. Il lui faut donc une bagnole qui assure un minimum pour pouvoir remonter le Sunset Strip sans avoir l’air complètement « out ».

En 1968, Janis Joplin achète pour 3500 $ une Porsche 356 C cabriolet d’occasion, l’une des 16674 produites. La voiture est bardée d’options, telles que les freins à disque, le « gros » moteur, plus les spécifications cabriolet. La structure de la 356 C est toujours réalisée par la Reutter Karosserie qui un peu plus tard deviendra la firme Recaro.

janis joplin,porsche 356 convertible

Mais Janis trouve que la couleur Oyster White n'est pas terrible et demande à un de ses roadies, Dave Richards, de lui donner un look un peu plus psychédélique.

Payé 500 $, Richards va mettre un mois à terminer le travail de peinture, il appellera son œuvre « The History of the Universe ». Sans le savoir, il réussit à créer ni plus ni moins qu’une véritable icône de la culture psychédélique. La Porsche est peinte de couleurs vives, couverte de fleurs fluo, de dessins de papillons et de méduses, de thèmes liés à l’astrologie et à la nature et même d’un portrait du groupe.

(1) Dont font notamment partie le Grateful Dead, Quicksilver Messenger Service, Jefferson Airplane et plus tard Copperhead.

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La Porsche de Janis devient alors l’un des véhicules les plus repérables du secteur de San Francisco, lorsque les fans la voient, ils savent que la rock star n’est pas loin. Celle-ci conduit sa Porsche comme elle conduit sa vie, à fond et sans limites. Lorsqu'elle démarre son « Cab » 356, souvent elle laisse des traces de gomme sur le bitume.

Arrive ce qui doit arriver. En 1969 la voiture est dérobée. La trouvant trop voyante, le voleur la recouvre à la bombe d’une couche de gris. Mais la 356 C est finalement retrouvée, et les fresques restaurées.

Janis Joplin disparaît brutalement en 1970, à l’âge de 27 ans. Beaucoup de journalistes pensent que la voiture se trouve dans un musée au Texas, mais ils finissent par s’apercevoir qu’il s’agit d’une copie. La Porsche est considérée pendant longtemps comme une « voiture perdue » et de nombreuses rumeurs ayant trait à ce véhicule mystérieux se répandent durant les années soixante-dix.

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Mais la réalité est autre. La Porsche est utilisée par Albert Grossman, le manager de Janis, comme voiture de service. Quand la voiture passablement défoncée commence à tomber en ruine elle est récupérée par la famille Joplin et remise en état. A partir de 1995 elle est prêtée au Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland par les héritiers de la chanteuse…

Jusqu’à ce fameux jour de novembre 2015 où la voiture est proposée par RM Sotheby à la vente aux enchères Driven by Distruption. Prix de départ 400.000 $, valeur estimée 600.000 $.

 

Epilogue :

La Porsche historique partira finalement pour 1,76 millions de dollars…

Janis Joplin aurait eu 73 ans aujourd’hui 19 janvier.

- Illustrations ©DR

janis joplin,porsche 356 convertible

“Oh Lord, won’t you buy me a Mercedes-Benz?
My friends all drive Porsches, I must make amends.
Worked hard all my lifetime, no help from my friends,
So Lord, won’t you buy me a Mercedes-Benz?”

Commentaires

Dans les années cinquante, les étudiants parisiens impécunieux inventèrent une sorte d’art automobile en « décorant » leurs montures, en l’occurrence des caisses carrées d’avant guerre, repeintes de couleurs vives au pinceau (le rouleau à peindre n’existait pas encore) et recouvertes de slogans divers et variés plus ou moins désobligeants. Certains roulaient même en Kübelwagen, voire même en Schwimwagen, dont personne ne voulait à l’époque, et qui finirent peu glorieusement à la casse avec leurs Citroën C4 (la première du matricule) et autres Renault KZ fumantes et pétaradantes.
Pour aller voir Mademoiselle Joplin à LAX en 1968 et admirer son Porschon (dixit un copain ex-propriétaire d’une Carrera 3.2, ruiné par l’entretien et les réparations de la belle), il eut fallut que je m’offrisse un biffeton d’aéroplane qui m’eut permis de m’embarquer sur un Boeing 707, un Douglas DC 8, voire un Convair Coronado, ce qui était alors hors de ma portée (financière). J’en restai donc à mes guimbardes pour étudiants fauchés dans le domaine du Car Art (ou Art Car, au choix).
Puis vint Hervé Poulain, ci-devant pilote de course et toujours commissaire priseur, qui fit décorer (sans guillemets, cette fois) dans les années soixante dix quelques BMW concurrentes des 24 Heures du Mans. Pour ce faire, il fit appel à quelques «calibres» de l’art contemporain : Calder, Liechtenstein et Warhol se saisirent de leurs pinceaux et de leurs boites de Ripolin, pour ne citer que ces trois-là…
Le virus n’est pas éradiqué : le patron d’une « petite galerie » parisienne (qui voudrait sans doute concurrencer l’inamovible galerie Vitesse) roule dans une vieille Ferrari ainsi « améliorée ». Je pense que je vais faire de même avec ma Peugeot-à-Mazout : une reproduction de Guernica de Picasso sur le côté gauche et une reproduction du Couronnement de Napoléon 1er de David sur le côté droit. Mais j’hésite : ce sera difficile à revendre d’occase…………

Écrit par : Raymond Jacques | 19 janvier 2016

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