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22 novembre 2018

Belles d'un jour

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S'il en est beaucoup que l’on aura fait que désirer, il en est d’autres, plus rares, que l’on a brièvement connues. Mais ne vous méprenez pas, il ne sera pas question ici des « passantes », celles qui ont été mises en musique par un grand poète.

Je vous parlerai plutôt de ces pilotes qui ont tous en commun d’avoir débuté en Grand Prix, ou presque, au volant de montures éphémères qui le plus souvent, n’avaient pas vraiment des profils de gagnantes…

par Francis Rainaut


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Le phénomène Ickx

Cette saison 1967, on ne parle que de lui. Lui c’est Jacky Ickx, un jeune prodige belge d’à peine 22 ans qui domine le tout premier championnat d’Europe de F2 réservé aux pilotes non gradés. Mais ce qui marqua surtout les esprits, ce fut sa prestation phénoménale au Grand Prix d'Allemagne au volant d'une modeste Matra F2. Le Nürburgring, Ickx connaît, le jeune pilote belge se permet le luxe de s'inviter à la bataille en tête au milieu des cadors: 4e temps des essais, un moment 3e en course avant que la suspension de sa MS7 ne finisse par rendre l'âme ! Il faut vous dire qu'à cette époque, quand il était question de suspension, ça n'était que purement mécanique...

C’est peu dire que le jeune Jacky a fait forte impression. le Commendatore ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui faisant  prestement signer un contrat en formule 1 pour 1968.

Mais entre-temps, « Uncle Ken » Tyrrell l’a orienté vers la petite équipe Cooper en mal de pilotes après que Pedro Rodriguez se fut cassé le pied – mais aussi le nez – dans son crash d'Enna.

Et Jacky de débuter ainsi en F1 à Monza au volant de la lourde Cooper-Maserati. Dans ce parcours semé d’embûches, Ickx évite tous les pièges… pour terminer à la sixième place.

 

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D'où viens-tu Johnny ?

Intéressons-nous à Johnny Servoz-Gavin, à qui tout semble réussir en 1968.

Au sujet du Grenoblois, j’admets avoir un tout petit peu triché. Si tout le monde se rappelle ses brillants débuts à Monaco sur la MS10 de Jackie, peu se souviennent de sa prestation de Rouen... qui n’était donc pas sa première apparition en formule 1.

Johnny ne le sait pas encore, mais la Cooper est un piège. L’écurie déjà agonisante traverse alors une période noire, elle perd l’un après l’autre ses pilotes titulaires. C’est d’abord Ludovico Scarfiotti qui se tue en course de côte, puis c’est au tour de Brian Redman de connaître à son tour un grave accident à Spa, qui va le rendre indisponible pour le reste de la saison. Au moins sauve-t-il son bras, mais c’était tout juste. Et c’est comme ça que l’écurie Cooper va proposer à Servoz-Gavin un volant pour Rouen. Lors de cette course maudite, le Français manque à son tour de se faire très mal. Inutile de dire que Johnny ne renouvellera pas l’expérience…

 

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L'ainé des Schumacher

Nous sommes à Londres, en décembre 1990. Après un banal accrochage, Bertrand Gachot, pilote de la toute jeune équipe Jordan, a une altercation avec un chauffeur de taxi ; il utilise pour se défendre un spray anti-agression. L’histoire, somme toute banale, se termine mal et en août 1991 Gachot finit en prison.

Eddie Jordan se met alors à la recherche d’un pilote. Il pense d'abord à Stefan Johansson. Mais Mercedes, par l’entremise de Peter Sauber, pose un chèque de 160.000 dollars sur la table pour placer son poulain Michael Schumacher : le rusé Eddie rit sous cape. La voiture est magnifique, la prestation du prodige allemand sera mémorable. Pour l’anecdote, Schumacher, né à 80 km de Spa, a reconnu le circuit, qu’il ne connait pas, à vélo. C’est aussi la première fois qu’il pilote une formule 1.

Si Eddie est rusé, Flavio l'est encore plus. Michael n'aura conduit la belle Jordan qu'une seule fois. Briatore aurait vendu sa mère pour signer la perle rare, le contrat de "Pupo" Moreno ne représentait qu'un infime détail, Schumacher continuera sa carrière en F1 chez Benetton.

 

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Un Champion sans couronne


Revenons un peu plus tôt en 1951. L'ouverture de la saison de formule 1 a lieu en Suisse à Bremgarten. Stirling Moss est déjà là, au volant d'une monoplace britannique, "of course". Cette H.W.M.(1) ne pouvait décemment pas lui offrir de grands espoirs, mais il faut bien débuter un jour. Il renouvellera la même expérience l'année suivante, puis s'en sera terminé de Moss sur H.W.M. Son histoire avec les F1 britanniques, elle, ne faisait que commencer.

- (1) Hersham & Walton Motors.

 

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Villeneuve, le petit Prince

Septembre 1976. Nous voici au Québec où est organisé le Grand Prix des Trois Rivières, le GP3R pour les initiés, qui se court en Formule Atlantic. Cette épreuve réunit un grand nombre de pointures, entre autres James Hunt, Patrick Tambay ou encore Alan Jones. Villeneuve le funambule va littéralement survoler la course, collant 10 secondes à Jones qui termine juste devant Hunt.

Très impressionné, James Hunt s’empresse de recommander le pilote québécois à son boss Teddy Mayer. Gilles, de son coté, a gagné un volant de F1 pour trois GP en 1977.

Villeneuve débarque donc à Silverstone pour le Grand Prix sans avoir jamais fait d’essai en formule 1. Il signe le meilleur temps des pré-qualifications non sans avoir effectué quelques tête-à-queue en cherchant d'emblée à cerner les limites de sa monoplace. Il termine les essais en 11e position, les aficionados commencent à s’intéresser à ce petit diable de Québécois.

La suite, c’est l’échange en coulisse des contrats Tambay / Villeneuve entre la Scuderia Ferrari et le Team McLaren, rien de moins les deux écuries phares du moment, mais ceci est une autre histoire.

Il ya un peu de Gilles Villeneuve chez Max Verstappen...

 

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Le grand blond

1974. Franck Williams a besoin d’argent. Jabouille, lui, a besoin de conduire des monoplaces un peu plus musclées que les Alpine A367, oups ! que les Elf2... Ce vieux dealer de Frank est toujours partant pour louer une des ses merveilles à qui lui signe un chèque. Le deal est conclu, mais l’essai n’est pas transformé par « le grand ». Cette Iso-Marlboro, en réalité une Polytoys FX3 reloockée, avait pourtant été dessinée par Len Bailey, autant dire pas n’importe qui, mais c’était en vue de disputer la saison 71. Force est de constater que les années ont fait leur ravage. Jabouille essaiera un plus tard de qualifier une Surtees TS19 à Zeltweg, sans plus de réussite.

 

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Durex, sed Lex

Juillet 1977, circuit de Dijon-Prenois. Le jeune Patrick Tambay aurait logiquement dû faire ses débuts en formule 1 au volant d'une deuxième Ensign, engagée par le Théodore Racing. Teddy Yip a en effet apprécié à sa juste valeur la prestation effectuée par Patrick pour son équipe en F5000 l’année d’avant. Mais l’Ensign n'est finalement pas prête à temps. Le samedi, John Surtees lui propose alors d’essayer de qualifier sa deuxième TS19 en remplacement de Larry Perkins. En bref, John Surtees en a assez du pilote australien. Et vice versa...

Le jeune Français ne peut sérieusement défendre ses chances au volant d'une Surtees équipée d'un moteur malade. « Avec un peu plus de maturité, » racontera plus tard Patrick, « je n’aurais sans doute pas accepté ce genre de deal. Mais j’étais alors un jeune chien fou, et j’avais besoin de rentrer suffisamment d’argent pour m'en sortir, alors j’ai dit oui. »

 

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Nelson Souto Maior

Nelson Souto Maior est ambitieux. Sa famille ne manque pas de moyens, tant mieux pour lui. Il rêvait de devenir tennisman professionnel, mais se reconvertit en cachette dans le sport automobile à l’insu de son père, mais non à celui de sa mère d’origine française, née Clotilde Piquet.

Il arrive tardivement en Europe en 1977, à déjà 25 ans. Il lui faut alors rattraper le temps perdu, il va survoler le championnat britannique de F3 1978.

« Mo » Nunn – disparu cette année – est de la même race que le Franck Williams des débuts. Il a alors autant besoin que Franck de pilotes payants. Et c’est comme ça que Nelson effectue ses débuts en Allemagne au volant de la modeste Ensign. Qu’il troquera rapidement pour une McLaren privée du team de Bob Sparshott(2). La suite, on la connait.

- (2) ancien ingénieur de Jim Clark et Graham Hill chez Lotus, fondateur de l’écurie privée B.S. Fabrications, qui engagera notamment la Surtees d’Henri Pescarolo en 1976 grâce à l'aide de Norev.

 

ickx,villeneuve,piquet,tambay

 

Me & Mr Jones

Son nom ? Jones. Non, pas Brian Jones, ni même John Paul Jones. Encore moins Indiana Jones… Bref, peu de gens savent en 1975 d’où sort cet Australien, et encore moins que cet Aussie ne porte pas vraiment les Français dans son cœur. Quoi qu'il en soit, Alan débute tardivement au GP d'Espagne au volant d'une Hesketh privée engagée par Harry Stiller.

Mais d’assez quelconque à ses débuts, Alan Stanley Jones saura saisir la chance que vont lui offrir Franck Williams et Patrick Head. A défaut de la sympathie, il gagnera le respect de ses pairs.

 

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Baby Schumi

Bien avant d’avoir le cœur tatoué en rouge, le jeune Vettel y avait plutôt une hélice, une hélice B.M.W.

Et c’est dans ce contexte que Vettel, déjà pilote-essayeur pour l’écurie Sauber-BMW, trouve l’opportunité de débuter en Grand Prix en remplacement du titulaire Robert Kubica. Le Polonais n’est en effet pas encore remis de son impressionnante cabriole au Canada.

« Baby Schumi », qui n’aime pas trop qu’on l’appelle comme cela, tiendra plus que son rang en terminant ce Grand Prix des Etats-Unis 2007 dans les points à la septième place.

Et on se souvient alors qu’il bataillait deux ans avant en Formule 3 Euro Series avec un certain Lewis Hamilton...

 

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Master Streiff

Comparé aux autres pilotes français de sa génération, Philippe Streiff a suivi  un parcours plutôt atypique, débutant en sport automobile par la Coupe de l’Avenir (3) avant de remporter le Volant Motul.

A force de talent et de détermination, Streiff parvient à s’attirer le soutien d’Henri Julien d’A.G.S., puis de Blanchet-Locatop, 1er distributeur en France des produits Hewlett-Packard et sponsor très impliqué dans le sport automobile français des années 80.

Philippe va ensuite obtenir des résultats convaincants en formule 2 avant que l’équipe Renault Elf ne lui propose un volant de pilote d’essai pour l’année 1984. Arrive la fin de saison. Pour le remercier de son implication, Gérard Larousse engage une 3e Renault au Grand Prix d’Estoril au Portugal. La prestation s’arrêtera au 48e tour sur panne de transmission mais qu’importe, Philippe a pris pied chez les grands.

La suite est malheureusement connue, la logistique sur les circuits de F1 en 1989 n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, et Philippe va en payer le prix fort. Tout en gardant intactes son énergie et sa détermination…

- (3) à base de mécanique Simca 1000 Rallye II.

 

- Illustrations ©D.R.

 

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« A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais... »

Commentaires

Beau florilège... Ce bal des deb sur fond de guitare aux mains de Georges! Dernière photo...Un quiz? Je sèche...

Écrit par : F.Coeuret | 22 novembre 2018

Aïe aux fautes d'orthographe...

Écrit par : RIGO Jean-François | 22 novembre 2018

Trouvé! grâce au casque et la prise d'air de la monoplace : Chris Amon à ses débuts en NZ sur la Maserati 250F...Une belle glorieuse! Encore merci Francis pour cette belle page.

Écrit par : F.Coeuret | 23 novembre 2018

Bravo François ! J'ai élagué pas mal de fautes, parfois énormes, qui émaillaient la note. Si tu en trouves d'autres... Merci à tous pour vos commentaires pertinents.

Écrit par : RMs | 24 novembre 2018

Clap ! Clap ! Clap ! J'applaudis François Coeuret pour l'identification de cette 250 F si bizarroïde (à mes yeux, pour le moins) ! J'avais pensé à quelque monstruosité britannique, comme une Connaugh, une HWM, un proto BRM..... Quant au casque, je n'en connais qu'un seul : blanc avec une couronne de damiers : celui de Jean Behra ! ! ! !

Écrit par : Raymond Jacques | 25 novembre 2018

En effet Raymond le nez m'a fait hésiter, il était plus effilé sur les 250F usine ou ex usine... Une autre photo de cette même auto: http://classicdriver.co.nz/chris-amon-and-the-maserati-250f/

Écrit par : F.Coeuret | 25 novembre 2018

C’est un euphémisme de rappeler que Nelson Piquet a un fort caractère et le coup de poing facile, alors ôtez lui l’Y de Mayor et laissez lui son i de Maior. En plus vous réjouirez la colonie brésilienne qui dévore vos articles.
C'est parce que vos fidèles lecteurs aiment votre site qu'ils sont attentifs et parfois pointilleux.

Écrit par : Orjebin Jean-Paul | 29 novembre 2018

Au temps pour moi, Gianpaolo !
Il s'agit de ce que mes collègues appellent gentiment "un rebondi de doigt"...
La faute à Bashung.

Écrit par : RMs | 30 novembre 2018

Les commentaires sont fermés.