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18 mai 2018

Mike the Bike, 37 ans déjà…

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A l’instar de John Surtees le plus célèbre pilote moto converti à l’automobile, Mike Hailwood accomplit une carrière hybride. « Mike the Bike » prit goût à varier les activités sportives mécaniques. Il associa simultanément compétition deux roues et quatre roues puis après s’être forgé un fantastique palmarès moto se tourna à plein temps vers l’automobile. Un syndrome de voracité qui colle bien à son époque. 

par François Coeuret


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Préambule

On présente souvent Mike Hailwood comme un fils de riche, un fils de millionnaire. La vérité est un peu plus nuancée. Il nous faut d’abord expliquer qui est Stan Hailwood, le père de Mike, celui qui fut son modèle.

Stan est né en 1903, c'est le fils de Georges, un mineur de Leigh. Dans sa jeunesse, Stan eu un grave accident domestique, son genou atterrit sur une aiguille à tricoter. A l’hôpital, sa jambe fut cassée et reconstruite à plusieurs reprises. Il resta cloué au lit pendant deux ans et sa scolarité en fit les frais. Il finit par quitter l’école à 13 ans, pour un travail à l’usine de camions Foden. A 16 ans il s’orienta vers la réparation des motos. Un an plus tard, il commença les courses de motos sur gazon.

Stan rejoint ensuite l’équipe des vendeurs de motos King's en 1924 à Oxford malgré les réticences du patron, peu enclin à embaucher un « estropié ». Engagé à l’essai pour un mois, il s'en retirera 38 ans après sur ordre des médecins. Stan avait négocié pour ne travailler qu’à la commission, achetant de vieilles bécanes et le remettant en état, avant de passer à des machines plus prestigieuses. Il gravit tous les échelons jusqu’au poste de Directeur Général, faisant de King's le principal revendeur du coin. Et bien sûr, plus King's faisait du business, plus Stan faisait d’argent. Stan devint ainsi rapidement millionnaire mais également l’homme le plus puissant de toute l’industrie motocycliste britannique.

Stan s’essaya à la compétition, pilotant des side-cars 500cc tout autour d’Oxford. C’était l’un des plus rapides de la scène locale. L’un de ses plus rudes adversaires s’appelait Jack Surtees, dont la carrière du  fils - un certain John - allait devenir un exemple pour Michael, le propre fils de Stan.

N’ayant pratiquement pas connu sa mère, Mike fut placé en pensionnat à l’âge de six ans; il en sortit à seize, pour rejoindre King's puis l’usine Triumph. Il débuta la compétition moto à dix-sept ans, lors du « Scottish Six Days' Trial ». Il pilota ensuite une 125cc MV Agusta, et progressa ensuite en cylindrée, les succès en course payant les machines et ainsi de suite.

Pour la saison 1958 en Grande-Bretagne, Stan opta pour une démarche plus professionnelle. Il investit 200£ dans un vieux camion pour transporter les motos. La carrière de Mike était lancée, il allait maintenant  pouvoir rejoindre les sommets de la course motocycliste.

Ce préambule étant achevé, passons maintenant à la suite de la carrière du grand Mike Hailwood, plus spécialement sur quatre roues.

Racing' Memories

 

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John Taylor? / Mike Hailwood / Chris Amon

 

Première période : 1963-1965

Fils d’un amateur de motocyclisme qui se frotta à la compétition, Mike baigna depuis sa tendre enfance dans l’atmosphère des deux roues. A l’abri des soucis financiers, le jeune britannique se lance plus tard dans la course moto où il excelle rapidement. Il fut titré quatre fois champion du monde en catégorie 500cc entre 1962 et 65. Nombre de motos passèrent entre ses mains : Ducati, NSU, MV Agusta, Norton, Triumph, Paton, AJS, FB Mondial, EMC, MZ, Honda, Yamaha, Suzuki. Mike mènera la plupart à la victoire. Muni d’un appétit de course insatiable, il s’essaie à l’automobile sous l’instigation de Reg Parnell qui lui confie une F1 en 63. Hailwood participe à deux courses sur une Lotus 24 puis une Lola MK4 aux grands Prix d’Angleterre et d’Italie. Dix-septième temps sur la grille et huitième place à Silverstone, dix-septième place aux essais à Monza et dixième position au passage du drapeau à damiers. Après ces débuts encourageants, il dispute en 64 une saison complète sur une Lotus 25 BRM. Il réalise une belle performance lors de la première course à Monaco et marque son premier point en Grand Prix. Le motard termine huitième en France, en Autriche et aux Etats Unis. Ses autres courses sont ponctuées d’abandons. Courant dans deux disciplines simultanément, Mike a du mal à concilier ses deux carrières, il privilégie la moto en 65. Il dispute le GP de Monaco F1 et abandonne sur bris de boîte. Inscrit aussi  au GP d’Angleterre, il ne peut prendre le départ de la course pour des raisons techniques.

 

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 Mike Hailwood / Bill Ivy / Phil Read

 

Cette première période ne permit pas à « Mike the Bike » comme on le surnomme de briller sur quatre roues. La structure privée de Parnell ne lui fournit pas de voitures suffisamment compétitives.  Le pilote a cependant acquis de l’expérience. Alors qu’en 66 et 67 Agostini le domine en 500cc, il  est champion des catégories 250 et 350cc. Honda renonce en 68 à son engagement officiel, Mike est encore lié par contrat. La seule machine qu’il puisse dorénavant piloter est une moto de la marque. Un point qui va précipiter sa mutation. Après avoir raccroché son casque moto en Championnat du Monde, Hailwood se recentre sur sa carrière automobile. Il lui arrive cependant de reprendre du service lors de quelques courses motos que l’on qualifiera de secondaires.

 

 

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Deuxième période : 1969-1973

Hailwood pilote en endurance chez John Wyer, enregistrant une belle troisième place aux 24H du Mans 69, associé à David Hobbs sur la Ford GT 40. Il court pour Porsche Wyer au Mans en 70 tandis qu’en 1971 John Surtees, devenu constructeur, lui confie en F1 sa Surtees TS9. Il finit quatrième à Monza  lors d’une course échevelée dont l’arrivée se dispute « dans un mouchoir ». La saison suivante Mike réalise une saison complète finissant à la huitième place du Championnat Mondial toujours au volant d’une Surtees. C’est encore en Italie qu’il obtient son meilleur résultat, une deuxième place à Monza. Le britannique court aussi en Formule 2, il devient Champion d’Europe de la spécialité aux commandes bien sûr d’une Surtees (1). 

 

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La saison 73 sera plus difficile pour ce qui concerne la F1. Disputant le Championnat d’endurance en parallèle sur Mirage Ford, il gagne les 1000km de Spa. En monoplace la Surtees ne lui permet pas d’enregistrer de résultats probants, quelques classements hors des points et côté passif de nombreux abandons. Lors du GP d’Afrique du sud, Mike Hailwood est heurté par Charlton puis Regazzoni qui ne peut éviter la Surtees. Pilote et homme valeureux, il entreprend de délivrer le Suisse sonné dans sa voiture en flammes. Il se brûle les mains mais avec l’aide des commissaires sort le pilote de son cockpit.  Mc Laren l’engage l’année suivante, il est devenu une valeur sûre dans la reine des formules. Equipier du Champion du monde Emerson Fittipaldi, Hailwood se classe souvent dans les points. Il réalise un podium, une 3e place en Afrique du sud mais va être victime d’un accident en fin de course sur le Nürburgring. Mike a une jambe cassée, un genou atteint et un tendon d’Achille rompu… A la suite d’une longue convalescence, il n’est plus en pleine possession de ses moyens et décide de mettre un terme à sa carrière automobile.

 

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Come back

Après s’être retiré un moment en Nouvelle-Zélande, Il reviendra à ses premières amours. Victorieusement en 1978 et 79 lors du Tourist Trophy qu’il remporta à nouveau sur l’Ile de Man, l’une des courses motocyclistes les plus dangereuses. « Mike the Bike » sent alors le moment de cesser de prendre des risques et renonce définitivement à la course.

Ironie du sort… Il décède en 1981 à 40 ans après un accident de la route (2) au cours duquel sa fille succomba également.

Il y aurait assurément encore à dire sur Mike Hailwood, surtout de la part de ceux qui l’ont connu et côtoyé. Mon sentiment est qu’il fut la représentation idéale du sportif  talentueux, téméraire, rugueux mais au comportement irréprochable. Il symbolise une époque à la fois violente et romantique durant laquelle les pilotes liaient souvent amitié et tout au moins savaient se respecter.

 

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TT 1978

 

1. Cette année-là la plupart des courses furent remportées par des pilotes F1 qui ne marquaient pas de points pour le Championnat d’Europe. Hailwood fut le meilleur des pilotes « non gradés ».

2. Hailwood en compagnie de sa fille et son fils heurta un camion dont le chauffeur effectuait un demi-tour interdit très dangereux. Son fils légèrement blessé s’en tira.

 

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Stanley Michael Bailey « Mike » Hailwood / 1940-1981 / 

50 Grands Prix F1 - 2 podiums / 9 titres mondiaux en moto (250-350-500). 

 

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King's of Oxford. Managing Director, Stan Hailwood

 

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Niki Lauda, Mike Hailwood - cf. Marc Ostermann

 

- Illustrations ©D.R.

Commentaires

Bel article sur ce pilote fantastique ! On peut rajouter qu'en 1972 il aurait dû gagner le GP d'Afrique du Sud car il avait oublié Hulme le futur vainqueur et en rattrapant Stewart le leader, il fût victime d'une rupture de suspension. Il signa ce jour-là le record du tour.
PS. Pas Trevor Taylor sur la photo.

Écrit par : Marc Ostermann | 18 mai 2018

Merci Marc.
Mais pas Mike Spence non plus (sur la photo) comme indiqué un peu partout...

Écrit par : Francis | 18 mai 2018

Non, peut-être John Taylor qui courrait sur une Cooper ....

Écrit par : Marc Ostermann | 18 mai 2018

On doit pas être loin

Écrit par : Francis | 18 mai 2018

D'où (Peut-être ) la confusion avec Trevor

Écrit par : Marc Ostermann | 18 mai 2018

Jean-Pierre Beltoise m'avait raconté une savoureuse anecdote sur Mike Hailwood. En ce temps-là (1971, 1972 ?) JPB n'amusait pas le terrain au volant, ni lui ni aucun des grands pilotes de l'époque. Je cite Beltoise de mémoire : "Je roulais directement de Monaco à Pau, car les deux épreuves étaient séparées d'une semaine seulement. J'avoue que je roulais assez vite, entre 180 et 200 km/h car la route était déserte. Des phares me suivaient obstinément. Une fois ou deux, les phares ont disparu, chaque fois que nous faisions le plein. Puis les phares réapparaissaient très vite derrière moi. J'avais réservé un hôtel du côté d'Aire-sur-Adour je crois. Je mets mon clignotant, les "phares" également. Je ralentis et m'engage dans l'hôtel. Les "phares" scotchés derrière moi. Je m'arrête, il s'arrête et descend de sa SM. C'était Mike Hailwood. Bien sûr on a diné ensemble. Et nous avons bu qqs coups... C'est un très bon souvenir !"

Écrit par : eric bhat | 18 mai 2018

J'ai effectivement quelques photos de Mike avec sa SM ! Belle anecdote en tout cas !

Écrit par : Marc Ostermann | 18 mai 2018

Samedi 18 aout 1973.
Il est 21 h lorsque nous nous installons dans ce coquet Rasthaus de Knittelfeld .
A la table voisine l’ambiance est bonne. Une dizaine de gaillards échangent gaiement, tous en anglais, une dame les accompagne, discrète, effacée presque absente.
Les plats et les bocks défilent, nous essayons de capter des bribes de conversations mais les accents sont loin d’être académiques.
A 22 h pile la dame de la table voisine se lève et dans un souffle enjoint son mari de la suivre : « Come on Denis ».
Denis Hulme quitte la table en saluant ses amis, Graham Hill lui lance un clin d’œil rieur tandis que Mike Hailwood balance une vanne que nous ne comprenons pas mais qui manifestement fait s’écrouler tout le monde sauf Madame Hulme.
Les deux couche-tôt à peine partis la table se déchaine brutalement, Hill et Hailwood se réveillent, le ton monte, les rires fusent, les serveuses jusqu’ici souriantes et affables évitent nos deux compères dont les mains semblent à la recherche de courbes à négocier.
A 23 heures Mike the Bike est sur la table chemise ouverte, il danse au milieu des assiettes à dessert et des bocks vides, l’atmosphère est bouillante.
Nous, jeunes, timides, sommes au spectacle, c’est grandiose, quel chance d’être là. Nous espérons que la chambre des Hulme n’est pas juste au dessus de la salle du restau et songeons à la tête de Mike et Graham demain à 10h au warm-up.
Demain à Zeltweg , Hill et son Embassy abandonneront, Hailwood et sa Surtees finiront 10ème et Hulme et sa McLaren 8ème.
Seulement deux places d’écart, fallait il se coucher si tôt ?

Écrit par : Orjebin Jean-Paul | 25 mai 2018

Merci JPO pour cette séquence qui nous en apprend un peu plus sur cet illustre et attachant personnage

Écrit par : F.Coeuret | 27 mai 2018

On savait rire en ce temps là ! Mais c'est l’exacte illustration de ce temps la. Il faut dire que les lendemains étaient incertains. L’époque actuelle ne pourrait produire ce genre de scène dans le désormais très « people » microcosme de la F1 où la vulgarité domine à tous les étages.

Écrit par : Daniel DUPASQUIER | 28 mai 2018

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