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14 juin 2018

Autodrome Heritage Festival 2018

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Venir en voisin fêter les cinquante ans de la Formule France à Montlhéry, c’est sympa, rejoindre le plateau de Saint-Eutrope au volant d’une Dyane 6 invitée parmi les exposants, c’est encore mieux, enfin emprunter à son tour le mythique autodrome, ne fusse que pour trois tours, c’est une expérience qu’il ne fallait surtout pas manquer !

par Francis Rainaut


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Sur les traces de Servoz-Gavin

Face au mythique camion Matra et à une pléiade de Jets, voire de Djets, je retrouve dans le parc exposants l'ami Christian, l'« homme à la Matra ». La sienne est une M530 LX, mais c'est une autre Matra, la MS630 reconstruite par l'Epaf que l'on est venu voir tourner. Certes, Johnny le Beatles n'est plus là, mais à sa place « Christine » ne fait pas semblant, elle va s'employer à faire faire rugir le Ford 4,7L, qui n'a certes pas la musicalité du V12 maison, mais quand même... Bravo Christine Beckers !

A peine le temps de saluer les vaillants concurrents du défi « Osez Joséphine » - battre le record de distance effectué en 1938 par une Juvaquatre sur l'anneau de Montlhéry - bien coachés par la merveilleuse Carol Quiniou, il est temps de revoir toutes ces monoplaces de mon adolescence.

 

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Sur les traces de Jean Max

Les Formule France sont à la fête, ce n'est pas Michel Leclère qui nous dira le contraire. En 68 le roi de la FF avait pour nom Max Jean, que tout le monde appelait Jean Max. Au volant de sa Grac rouge et or, il avait littéralement atomisé la formule, un peu à la manière d'un Alain Prost quelques années plus tard. Certes les Grac avaient des Uniball, m'avouera plus tard Christian Ethuin, mais tout de même Max avait été impérial.

Nous parlons un bon moment avec Max, de Marseille, de son Grand Prix de F1 au Paul Ricard. Max est la gentillesse personnifiée, c'est un bonheur de discuter avec lui. Tout comme avec Gérard David, qui me raconte comment le directeur de marketing du groupe auquel appartenait Amora avait eu le nez fin, à propos de la course auto. Je lui rétorque que son  Alpine FF était en bonne place sur mes rares photos de Charade 1969.

 

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Michel Leclère et les Grac FF

 

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 Pour Piget deux Max... (Max Mamers, Patrick Piget, Max Jean)

 

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 La belle équipe ©Christian Ethuin

 

 

Sur les traces de Jean-Luc Salomon

C'est le début de l'après-midi, bientôt  l'heure des motos, c'est aussi le moment où la température commence à sérieusement monter sur l'Autodrome. Je m'assieds à coté d'un ex-TTCB pour me rafraîchir et parler des choses de la vie, un type très poli nous demande alors s'il peut disposer du 3e transat. Alors que je raconte à Patrice ma rencontre avec Max Jean, le « type » qui, je l'apprendrai plus tard, s'appelle Alain Varlet intervient soudain dans la conversation, avec son petit accent chantant:

- Il est encore là, Max ? j'aimerais bien lui dire bonjour...

Je lui réponds qu'il vient de repartir en Normandie, où l'ancien pilote habite, n'ayant plus guère envie de vivre dans le Marseille d'aujourd'hui.

- Ah c'est dommage ! Vous voyez, Jean Max, j'étais son mécano en 68. J'ai commencé chez Grac en 1964, je suis originaire de Valence... Après je me suis un peu embrouillé avec Azios, alors je suis parti à Magny-Cours travailler chez Tico... On a monté les premières Martini, la Formule France de Salomon et la F3 de Laffite. C'était les années bonheur, un vrai régal de travailler avec Tico.

Et paf, comme ça, c'est fou les rencontres du hasard. Patrice le questionne un peu plus sur Jean-Luc Salomon, pilote au destin tragique.

- Salomon, c'est le pilote qui m'a le plus impressionné. A Albi, en début de saison, il me dit: « tu vois la première courbe à droite, demain je la passe à fond et je gagne ». Et le mieux c'est qu'il l'a fait, et alors il est parti dans un immense tête à queue. Ça ne l'a pas empêché de gagner, un pur talent à la Rindt. D'ailleurs juste après Rouen, on devait partir en Angleterre chez Lotus chercher la 49 sur laquelle il devait débuter en Formule 1. L'accident ça a été terrible, la voiture a glissé dans le mauvais sens, l'arceau s'est plié, sinon il s'en sortait. L'année d'avant il avait déjà eu un gros accident avec sa R8 Major qu'il avait montée en Gordini, sa femme y est restée.

Un ange passe...

- Un jour, j'avais pris la gérance d'une station service, je tombe sur Guy qui m'engueule: « qu'est-ce que tu fous là  ? j'ai besoin de toi à Vichy ». Je lui réponds, pas possible, tu oublies ma femme, son travail est à Nevers. Il me lâche aussi sec « Emmènes-là avec toi, je vous embauche tous les deux ».

Et Alain d’égrener une liasse de souvenirs, sur Guy Ligier - qu'en définitive il aimait bien -, sur Tico Martini, sur la vie de famille très compliquée des mécanos de la course, on serait resté des heures à l'entendre.

 

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Alain Varlet ©Patrice Vatan

 

Sur les traces de François Libert 

Montlhéry sans son paddock ne serait pas Montlhéry. C'est là que j' y ai croisé en 69 la star montante Ronnie Peterson ainsi que les frères Fittipaldi que pas grand monde ne connaissait. Sans parler des espoirs de la Formule France ni même de ceux de la Formule Bleue à moteur Panhard.

Aujourd'hui c'est une Martini Mk16 de Formule Renault  qui m'interpelle. Cette déco, je la reconnait, c'était celle de François Libert durant sa saison 76, saison très difficile aux dires de François, un problème de suspensions si je me rappelle bien. Aujourd'hui je la retrouve plus belle encore, pilotée par un gentleman-driver qui réside non loin d'ici. J'en profite pour faire sa connaissance.

Serge me raconte alors l'histoire de sa Mk16. Quand il l'a touchée, celle-ci était sensée avoir appartenu à un autre pilote assez connu. Mais quand il a appelé chez Martini, la vénérable secrétaire a ouvert son précieux registre et lui a répondu, catégorique: « Non, votre Martini c'est celle de François Libert, qui a disputé la saison 1976 à son volant ». Et Serge a alors décidé de lui redonner son aspect authentique. Et pour ce faire, il s'est appuyé sur les photos de Libert parues dans "Mémoire des Stands", photos scannées par myself puis transmises à Patrice. Le monde est petit... Ainsi suis-je directement à l'origine de la décoration de cette Martini. Je proposerai bien entendu de transmettre à Serge toutes les photos de sa Mk16 dont je dispose, ce qui sera fait le soir même.

Le lendemain dimanche, je serai un ardent supporter de la "Maison Nouvelle", mais un après un super départ, une vitesse manquée suivie d'un tête à queue sonneront le glas des espoirs de Serge, qui n'a pas tout à fait la même approche de la course qu'un Max Verstappen.

A charge de revanche, sa femme et une amie viendront elles aussi m'encourager quand je m'élancerai à mon tour sur la ligne de départ, au volant de la redoutable Dyane propulsée, on l'oublie, par le même moteur que la MEP X1 de 1965, la 1e des Formule Bleue.

 

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Serge Didiot / Martini Mk18 ex François Libert

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1976 François Libert - Martini FRE Mk18

 

Ce même paddock regroupe un concentré de ce qui symbolise le mieux les Formule France, première époque puis les Formule Renault qui leur ont succédé. Les décos sont dans l'ensemble fidèles à l’original, et c'est avec beaucoup de plaisir qu'on retrouve au hasard des allées le nom d'un célèbre marchand de meubles alsacien, mécène incontournable de l'époque.

 

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Michel Leclère, PF Rousselot, Alain Serpaggi

 

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 Jacqueline Beltoise, Michel Mallier, Elie Cevert

 

On y retrouve Leclère et Serpaggi, les duettistes de chez Alpine, accompagnés de Pierre-François Rousselot le « casablancais ». On y croise aussi Jacqueline Beltoise accompagné de son frère Elie, véritable marraine de la promotion Formule France, venue saluer Michel Mallier,  "le Préparateur aux doigts d’Or" qui doit bien connaitre les trois-quarts des passionnés venus fêter le cinquantenaire de la petite monoplace.

 

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Au rang des curiosités, on retiendra cette « Hurricane » 1979 magnifiquement réalisée. Son pilote-constructeur, un certain « Wyatt Earp » aime autant le Far-West américain que les monoplaces. La sienne, il l'a réalisée de ses mains en 1979, en s'inspirant de ce qui se faisait de mieux à l'époque - Ralt et autres March pour ne pas les citer - et en l'équipant d'un 1600cc de R12 Gordini. Notons qu'il s'agit d'un vrai châssis coque, à la finition exemplaire. Wyatt Earp a fait un peu de courses de côtes, puis la monoplace a dormi 30 ans dans son garage.

Pour finir il l'a restaurée en 2016, décorée aux couleurs de son association et équipée d'un véritable moteur de FRE. Quoiqu'il en soit, elle est superbe, je ne me prive pas de le lui dire.

 

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Une Dyane aux Deux-Ponts (pas celle que vous croyez)

Ce week-end enchanteur s'est terminé par une parade de trois tours sur le circuit, au volant de mon véhicule « historique » qui s'est mêlé sans complexe à la horde de Porsche 911 et autres Dauphine Gordini en furie. Une Formule Renault est même venue nous escorter sur la fin, l'ambiance était extra, et vous assure que prendre le virage du Faye presque à fond sur une Dyane équipée - en série - de frotteurs, de pots de suspension et autres freins à tambours, ça procure aussi son lot de sensations...


https://www.facebook.com/100009224496924/videos/2006194449698019/

Et c'est le moment de quitter l'Autodrome Heritage Festival 2018 non sans avoir pris le temps de se ravitailler en « brutal » chez les joyeux drilles d'« Osez Joséphine ».

J'lui trouve un goût de pomme !

On reviendra, soyez-en certains.

 

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- Photos ©F.Rainaut, exceptées 6,7 & 14.

- Vidéo parade ©T.Brunaud

Commentaires

Il y avait deux casablancais à Montlhéry, mon vieil ami PFR (que j'ai malheureusement "raté") et moi ... :-) on est toujours plus nombreux que les r'batis ;-) ! merci de m'avoir cité avec ma belle de Romorantin...

Écrit par : Christian Magnanou | 14 juin 2018

Beau reportage sur la Formule France et Matra depuis Montlhéry. Un passé que tous ces hommes (dont Francis) rendent très présent.

Écrit par : F.Coeuret | 15 juin 2018

le terme "hommes" dans mon commentaire traduit le "genre humain". J'y inclus bien sûr les femmes, encore faut-il le préciser...

Écrit par : F.Coeuret | 16 juin 2018

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