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27 juin 2018

GP de France F1 1971

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La France vient tout juste de renouer avec son Grand Prix de F1 après dix années d’abstinence depuis la dernière course disputée sur le circuit de Nevers Magny-Cours. Que de changement si l’on compare avec le premier Grand Prix disputé en 1971 sur cette piste qualifiée à l’époque d’ultra moderne. Mutation qui est loin de charmer les « anciens » passionnés ayant vécu cette époque aussi cruelle qu’attachante. Ceci est une appréciation personnelle, forcément subjective…

par François Coeuret


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Préambule :

1971 : après deux années passées sur le circuit de Clermont-Ferrand, la Formule 1 s'installe dans le Var près du Castellet sur la nouvelle piste créée par Paul Ricard; le père de la célèbre boisson anisée s'était-il découvert un intérêt soudain pour le sport automobile ? A moins qu'une opération promotionnelle ne soit cachée derrière cette réalisation ? Le chantier mené au profit des passionnés de compétition mécanique fut l'occasion d’associer au breuvage jaune une image dynamique à défaut de lui fournir un alibi côté respectabilité. Ne soyons pas mauvaise langue, l'homme est un mécène qui s'est investi dans d'autres domaines.

 

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Le résultat est élogieux. Le circuit fut inauguré en avril 1970. Un tracé élaboré au départ par Charles Deutsch mais modifié par Jean-Pierre Paoli, inspiré et validé par plusieurs pilotes. Jean-Pierre Beltoise et François Mazet furent directement impliqués dans le projet. François Chevalier en prend la direction lorsque JP Paoli se lance dans la création d’une écurie. La piste présente un développement varié, des dégagements généreux, une longue ligne droite lui donnant du caractère. La sécurité a grandement progressé, le circuit devient une référence dans le domaine. Le tarmac est complété d’infrastructures diverses et modernes : Salle de presse, restaurant, loges sponsors, vaste paddock, piste d'aviation à proximité. La France passe à l'ère moderne et le petit « cirque » de la F.1 se retrouve comme coq en pâte au pays des cigales... Mais petit bémol côté spectateurs, les tribunes ne sont pas assez nombreuses et la butte de terre qui longe la piste est conçue à minima pour le consommateur de petit(s) jaune(s).

 

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Les forces en présence :

Stewart est en tête du Championnat devant Jacky Ickx. L’écossais semble parti pour une fructueuse saison à l’image de celle de 1969. La Tyrrell est efficace, bien née, rappelons-le encore une fois dans la lignée de la Matra MS80. Ferrari est en mesure de contester la domination de l’anglaise. Andretti a remporté la première course de l’année et Jacky Ickx le précédent Grand Prix en Hollande. Le belge est associé régulièrement au rapide Clay Regazzoni. Cevert a entamé sa première saison complète et doit encore faire ses preuves. Les écuries BRM, March, Matra, Mc Laren endossent le rôle d’outsiders. Lotus, Surtees, Brabham sont à la peine en ce début de saison.

 

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François Mazet - March 701 "Jo Siffert Automobiles"

 

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 Max Jean - March 701 "Franck Williams"

 

Enfin on doit signaler les premières et uniques apparitions en Grand Prix de deux espoirs français, le sympathique pilote marseillais Max Jean ainsi que le champion de F3 1969 François Mazet, futur producteur de citrons à Menton, à quelques pas d'ici.

 

françois cevert,jackie stewart,beltoise,matra

 

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Les essais :

La Tyrrell de Stewart arbore un bouclier avant adapté à la longue ligne droite du Mistral. L’équipe officielle March a adopté le V8 Alfa Roméo pour Peterson, son pilote de pointe, en place du Cosworth. Les factures de révision de ce dernier grèvent le budget de l’équipe qui a trouvé un partenaire moins onéreux. La maintenance des moteurs est offerte par les italiens. Matra veut se mettre en évidence à l’occasion de son Grand Prix national, le V12 a été remanié côté culasses et admission. Andretti qui court aux US est absent. Stewart domine les Ferrari malgré leur V12. Leurs pilotes se qualifient en première ligne à côté de l’Ecossais. Graham Hill et Rodriguez suivent. Le Mexicain a exploité le parfait équilibre de sa BRM tandis que le Britannique montre qu’il est encore dans le coup. On pointe ensuite Siffert, Cevert, Beltoise, Amon, Stommelen (sur Surtees) puis Hulme, Peterson, Surtees. Les Lotus de Fittipaldi et Wisell sont larguées (17e et 15e temps).

 

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Virage de la Sainte-Baume

 

La course : 

Chaud soleil provençal au départ. Stewart prend la tête, poursuivi par la Ferrari de Regazzoni et la BRM de Rodriguez. Ickx s’est trouvé englué tandis que Cevert dont le départ a été moyen remonte, il passe les Matra. Hill fait bonne figure après un départ laborieux en conquérant la cinquième place. Siffert exploite son V12 et entame aussi une remontée de même que Fittipaldi parti très loin sur la grille. Le leader a déjà sept secondes d’avance au cinquième tour. Côté propulseur il est le mieux servi par Ford, son Cosworth « série 11 » tourne du feu de Dieu… Ickx casse rapidement son moteur. Les Matra bien parties n’assurent pas leur position du premier tour d’autant que Beltoise n’a pas eu de nez quant à son choix de pneus durs. Jean Luc Lagardère fait la moue… Regazzoni glisse sur l’huile répandue par Peterson qui a explosé son Alfa, il casse un triangle en heurtant le rail. Rodriguez maintenant second tombe en panne d’allumage permettant à Cevert de passer deuxième. C’est la dernière fois que le public français voit évoluer le Mexicain qui périra le weekend suivant sur le circuit du Norisring en Intersérie.  Le premier doublé Tyrrell semble se profiler mais le moteur du jeune Français émet un bruit inhabituel en raison d’un échappement défectueux. La Tyrrell tiendra bon, la fin de course est animée par Siffert et Fittipaldi qui bataillent pour la troisième place. Le Brésilien sort vainqueur de la joute. Cevert est radieux sur son premier podium, il concrétise les espoirs placés en lui et va réaliser une belle seconde moitié de saison ponctuée par une victoire aux USA. Stewart sera sacré champion haut la main, 29 points d’avance sur Peterson la révélation de l’année.    

 

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 - Illustrations ©D.R.

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