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26 juin 2014

Le petit Mozart de la F1

Venu d'outre-Quiévrain, Alain Hawotte, comme certains de ses illustres compatriotes, est un adepte de la ligne claire (*) et du mot juste. Son trait de plume est net et précis, ses récits ont du rythme et de l'humour. Tous les ingrédients sont donc réunis pour savourer ces passionnantes histoires belges, à ne pas confondre avec les mémoires d'Ostende...

(*) en admettant que ce terme puisse s'appliquer à des écrits.

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Le petit Mozart de la F1

Pour Ricardo, même si la comparaison est courue et ne convient que rarement, elle s’impose d’elle même.
Ricardo jeune homme ténébreux, doué, charmeur plein de projets tout en ayant déjà accompli en quelques années ce que d’autres ne feront pas en une vie entière...
Ricardo, champion cycliste à 10 ans, faute de pouvoir l’être à moto si jeune, Ricardo, champion moto à 14 ans, faute de pouvoir l’être en voiture et Ricardo qui s’engage au Mans en sport sur Ferrari avec son frère et qui est refusé au départ à 17 ans en ayant pourtant 2 ans de conduite de grosses sports chez lui, là bas au Mexique...

Il revient l’année suivante et manque de gagner mais la mécanique Ferrari casse...

A 19 ans, en 1961, Ricardo intègre la Scuderia Ferrari, trop jeune pour résister aux pressions d’une équipe d’usine et de tout un peuple.
Le GP d’Italie sera son premier GP, aux essais les critiques pleuvent, Ricardo conduit comme un dément, "un dément génial mais dangereux" dira Von Trips qui, ironie du destin ne sait pas encore qu’il prendra demain son dernier départ...
Alors Ricardo court, court encore et toujours, passe en trombe à Spa, dompte le raidillon sans sourciller... enfin sans que lui ne sourcille car les autres le considère toujours comme dangereux pour lui et surtout pour les autres, la foule l’adore car elle pense que si ses pairs l’estiment dangereux, elle comprend surtout bien vite qu’il est dangereux pour l’aura des princes et des rois en place...
Riccardo va vite, tellement vite.

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GP du Mexique 62, Ferrari n’est pas là alors Ricardo prend place dans la Lotus bleu nuit, comme le crépuscule, de Rob Walker !
Il est chez lui, il est en pôle, mais, soudain, la Lola d’un outrecuidant Surtees prend la pôle, sa pôle… Alors, fébrilement, Ricardo saute du muret des stands et des bras de sa femme, et oui, déjà il était marié, il ajuste son casque jaune orné du drapeau vert blanc rouge, à sa façon, légèrement incliné vers l’arrière, et bondit fébrilement dans sa Lotus, une Lotus qui vole sur la piste, une Lotus qui survole les difficultés, un piano duquel le jeune artiste tire les plus belles notes de glissades en rugissements suraigus, et voilà le bolide qui aborde « Peralta » la courbe rapide avant les tribunes, la Lotus entre bien vite dans la courbe, très vite… trop vite, Mozart joue de son volant, contrebraque, mais rien à faire, la partition échappe soudain à l’artiste et la Lotus désemparée s’en va se disloquer dans les protections... Mozart ne jouera plus jamais...

Jeune, trop jeune, rapide, trop rapide, fougueux, trop fougueux, orgueilleux, trop orgueilleux, mais doué, tellement doué... Tel était RICARDO RODRIGUEZ...

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Signé Alain Hawotte

 

- Images ©DR