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17 juillet 2015

Scarab : All Things Must Pass (Part 3)

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par Francis Rainaut

 

A partir de 1961, le règlement de la Formule 1 abaissant la cylindrée maximum de 2,5 à 1,5 litres conduit les constructeurs britanniques à créer une nouvelle série appelée « Formule Intercontinentale », acceptant les moteurs jusqu’à 3 litres. Le team Reventlow fourre alors son vieux 3L-Offy dans une de ses F1 et envoie le tout en Angleterre avec Chuck Daigh pour disputer la série. Mais le moteur était un peu juste en puissance, et le châssis vraiment pourri...

Voir également :

- Rich Man, Poor Man... (Part 1)

- Scarabs, Let It Be (Part 2)

- Scarab's miscellaneous

 


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Chuck Daigh, Sandown Park 1962 © DR

 

Intercontinental Formula:

Son meilleur résultat fut une 6e place à Goodwood, après quoi Daigh fut sérieusement blessé lors d'un violent crash à Silverstone où il détruisit l’auto. La voiture ou tout du moins ce qu'il en restait fut renvoyée à la maison pour y être cafutée.

Reventlow décida alors de construire une toute nouvelle monoplace à moteur central spécialement pour la saison 1961 de Formule Intercontinentale (1).  Son dessin fut confié à Eddie Miller (neveu du sorcier des moteurs Harry Miller), il suivait étroitement - certains diraient copiait - les nouveaux standards introduits par Cooper en Formule 1. La directive du tout-américain fut mise en veilleuse pour autoriser des freins à disques Girling et une transmission Cooper-Knight (2). Le châssis était conventionnel et costaud mais devait encore se traîner le moteur desmodromique sous-puissant, alimenté désormais par deux Weber. Mais la voiture ne fut pas terminée à temps pour pouvoir disputer la fin de saison...

Les règles de l’Intercontinentale devaient évoluer pour 1962 et permettre l’utilisation de plus gros blocs issus de la série. Reventlow vit là une opportunité de rentrer un peu d’argent et de faire ainsi plaisir à sa mère. Celle-ci avait financé le team sans compter (au-delà d’ 1,5 millions de $) et commençait à avoir de sérieux doutes. L’idée de Reventlow était de construire des versions client de ses voitures qui pourraient être commercialisées afin d’accroître ses revenus. Il acheta alors un immense local et commença à accumuler des pièces en vue de démarrer un cycle de production.

Le règlement permettait de grosses améliorations sur les blocs de série, en conséquence RAI lança un programme de développement à partir du nouveau V8 Buick aluminium de 215-ci gavé par quatre carburateurs Weber (3). Avec l’aide de Mickey Thompson (qui faisait courir le « small » Buick dans ses monoplaces Indy), ils arrivèrent à tirer 300 chevaux du léger V8.

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Chuck Daigh, Sandown Park 1962 © DR

Sauf que… juste avant le début de la saison 1962, les règles de l’Intercontinentale changent à nouveau et les modifications effectuées par RAI sont alors jugées illégales. En conséquence la voiture ne courut qu’une seule fois, lors de la course de Formule libre en Australie à Sandown Park, où Daigh pris une excellente quatrième place derrière trois Cooper de Grand Prix et devant Stirling Moss avec lequel il batailla pendant toute l'épreuve (4). Les projets de production furent alors stoppés net, et les rêves d’argent finirent au ruisseau. Tous les employés furent licenciés à l’exception de Remington, du mécanicien Franck Schmidt et du designer Eddie Miller.

Toutefois il leur restait encore une voiture à construire.

 

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Reventlow, Jill St John, Daigh, Sandown Park 1962 © DR

 

Bien que l’apogée du team Scarab fut maintenant derrière lui, Reventlow décida d’utiliser certains composants fabriqués pour le projet Intercontinental comme base pour une voiture de sport à moteur central. Eddie Miller dessina les plans juste avant de s’en aller. Remington construisit la voiture comme ultime projet, avant de partir travailler pour Carroll Shelby.

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Scarab Sport © DR

 

Epilogue:

A ce stade, Reventlow en avait clairement assez de la course auto. La Scarab biplace fut vendue à John Mecom. Sous l’organisation de Mecom, elle remporta plusieurs victoires aux mains de pilotes tels que A.J. Foyt, Augie Pabst ou encore Walt Hansgen.

Lance loua ses bâtiments à Caroll Shelby qui allait y construire ses Cobra avec Phil Remington. Il avait laissé dans son projet de construire une Formule 1 américaine victorieuse une bonne part de sa santé, son mariage avec l’actrice Jill St John n’y résista pas non plus. A la fin 1962, sa passion pour la course automobile s’était passablement atténuée et il commença à s’intéresser à d’autres activités comme les avions, la voile, le ski ou encore le polo.

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Scarab-Buick Historic © DR

 

Deux ans plus tard, en 1964, Reventlow alors âgé de 28 ans épouse une ex-enfant star de 19 ans, Cheryl Holdridge. Pendant un moment, on put penser que Lance avait rangé son casque pour la bonne cause, et que le couple menait une vie à peu près normale.

Cependant, à mesure que les années soixante se terminent, on voit de moins en moins Lance et Cheryl ensemble, Reventlow passant l’essentiel de son temps à Aspen, Colorado, pendant que Holdridge reste dans la villa du couple en Californie. En 1972, alors qu’il explorait des perspectives immobilières dans un canyon non loin d’Aspen, le Cessna 206 dans lequel Reventlow avait pris place comme passager s’écrase après avoir amorcé un léger virage à basse altitude; il n'y aura aucun survivant. Selon toutes vraisemblances, l’accident serait dû à de mauvaises conditions météo aggravées par l’inexpérience du jeune pilote.

Lawrence "Lance" Graf von Haugwitz-Hardenberg-Reventlow devient ainsi « out of time » pour la postérité… Ce qui ne nous empêche pas de voir en la Scarab-Chevy de Formule Inter une première esquisse de la Brabham-Repco BT19, future championne du monde de Formule 1 1966.

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(1)    Au moment même où deux Australiens pragmatiques fondent la firme Motor Racing Developments Ltd. (MRD). La production démarre prudemment avec une Formule junior.

(2)    Elle-même dérivée de la Citroën Traction Avant.

(3)    GM avait développé une famille de moteurs - le F85 Oldsmobile et le Buick 215 - absolument identiques hormis le fait que le F85 avait 6 goujons par cylindre et le 215 seulement 5.

(4)    Lors du meeting de Sandown Park le 12 mars 1962, Jack Brabham est apparemment séduit par la puissance du V8 alu GM « small block ». L'idée du moteur Repco - à base du F85 Olds - futur champion du monde vient probablement de là.

 

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Jack Brabham, Scarab, Sandown Park 1962 © DR

Commentaires

Bel article,Francis,bien rédigé et synthétique,à souhait.
Tu as raison de tracer un parallèle entre la "Scarab-Chevy" et la "Brabham BT.19",
car je pense que l'initiative de Lance Reventlow jeta les bases de la future
F.1 "3 litres"(ou 3000 cm3) qui connut un grand succès,pendant plusieurs décennies,
offrant à la discipline "Reine",un règlement stable.
Encore,bravo ! Bien à toi.

Écrit par : Michel Lovaty | 17 juillet 2015

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