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23 mai 2015

Rich Man, Poor Man... (Part 1)

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Si d'aventure quelqu’un s’était essayé à écrire une fiction reprenant les grands thèmes de la vie de Lance Reventlow, personne n’aurait trouvé le scénario crédible, tant celui-ci regorgerait de détails rocambolesques ou fantastiques.

Playboy, pilote de course, constructeur de voitures de course, entrepreneur, qui était vraiment l'homme à l'origine des mythiques Scarab ?

Mais au fait, ces Scarab, que sait-on vraiment de leur histoire ?

par Francis Rainaut


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Le contexte familial, les débuts 

lance reventlow,jill st-john,jim hall,caroll shelby,von dutch« Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin » (1) aurait probablement pensé Jules Renard à propos de Lawrence Graf von Haugwitz-Hardenberg-Reventlow, dit « Lance » Reventlow.

Né en 1936, Lance est le fils unique de Barbara Hutton, héritière richissime de l’empire Woolworth, et de son 2e mari, le comte danois Kurt von Haughwitz... et cætera.

Ecartelé entre ses parents vite divorcés qui se disputent violemment sa garde, il est finalement confié à sa mère et choisira en conséquence la nationalité américaine un peu plus tard.

La petite-fille de Frank W. Woolworth (2), se remarie ensuite avec l’acteur Cary Grant, et même si cette union ne dure que trois ans, elle apporte à Lance un peu de cette stabilité dont il a besoin. Puis ce fut le tour – en 1947 - du Prince russe Igor Troubetzkoy, sportif émérite et par ailleurs pilote automobile (3) d’épouser la « pauvre petite fille riche », ce qui allait bien entendu avoir une influence déterminante sur la destinée de notre jeune  blouson doré puisque c’est bien le Prince Igor qui lui aura en définitive inoculé le virus de la course automobile.

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L’excitation et le glamour associés à la course automobile plaisent au jeune Reventlow et avant même d’avoir atteint ses vingt ans, il s’engage dans des courses de club se disputant non loin de son domicile d’Hollywood, Californie.  Parmi ses proches figure un jeune acteur également pilote automobile amateur nommé James Dean… Lance affirmera avoir été le dernier à parler à Jimmy avant son tragique accident en 1955 sur la route de Salinas.

A la recherche sans doute d’un challenge un peu plus relevé, il décide alors de laisser derrière lui le soleil de la Californie et part en Angleterre effectuer une saison de formule 2 sur une Cooper, épisode qui n'a pas laissé pas une trace indélébile dans l'histoire du sport automobile mais qui permet quand même à Lance de se perfectionner.

(1) Clin d’œil à Jim Hall, un autre « héritier » américain.

(2) Le fondateur des populaires magasins « five and dime » Woolworth.

(3) Le Prince Igor - à qui feu Mémoire des Stands avait consacré une belle épitaphe en 2008 - fut notamment célèbre pour avoir été le premier à faire triompher une Ferrari en 1948. Il a également remporté la Targa Florio en 1948 et avait opté pour la nationalité française. Un autre « gentleman » -driver, Porfiro Rubirosa, succédera au Prince comme mari de Miss Hutton.

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Ces sublimes Scarab

lance reventlow,jill st-john,jim hall,caroll shelby,von dutchlance reventlow,jill st-john,jim hall,caroll shelby,von dutchLance rentre alors aux Etats-Unis, bien décidé à contrer les constructeurs européens sur leur propre terrain.

Il va méthodiquement mettre tous les atouts de son coté pour se porter à la hauteur des Ferrari, Maserati, Jaguar et autres Aston Martin. Il crée la firme Reventlow Automobiles Inc. – RAI – qui s’installe à Venice, Californie et fait appel à des pointures locales comme l'ingénieur en chef Phil Remington (4) associé aux designers/concepteurs Tom Barnes et Dick Troutman, le fameux duo Troutman-Barnes (5) mais aussi comme designer occasionnel et pilote de développement, Ken Miles. Pour le moteur il s'adressera aux sorciers du Chevy Jim Travers & Frank Coon (Traco Engineering).

La livrée des Scarab est confiée au fameux peintre des Hot-Rods Kenny Howard, plus connu sous son nom d’artiste Von Dutch, véritable star de la cote Ouest. On pourrait difficilement faire un meilleur choix, les Scarab sont d'une beauté rare et intemporelle.

Las, entre temps un élément imprévu vient mettre à mal tout ces beaux projets.  En 1956, la Commission Sportive Internationale (CSI) est amenée à reconsidérer les règlements du sport automobile après le tragique accident de 1955 aux 24 Heures du Mans, doublé d'une autre tragédie aux Mille Miglia 1957, laquelle conduira à l'arrêt de l'épreuve. Après de multiples négociations, il est finalement décidé de limiter la cylindrée à 3000 cm3 pour la saison 1958 (6). Tant pis pour l'Europe, les Scarab avec leur gros moteur V8 302 ci - 5 litres - Chevrolet et leur boite de Corvette devront donc ce contenter de courses « at home ». L'un des objectifs de Reventlow est d'utiliser presque exclusivement des composants « U.S. parts », nous verront plus loin comment ceci finira un jour par lui poser des problèmes.

(4) Qui travaillera ensuite chez Carroll Shelby comme ingénieur en chef.

(5) Concepteurs entre autres de la Chaparral Mk1.

(6) Jusqu’en 1962, retour des prototypes de plus de 3 litres en 1963.

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Les débuts fracassants

La Scarab MkI effectuera ses débuts très tôt dans la saison 1958. Les résultats ne vont pas tarder. À la mi-saison Reventlow a déjà remporté plusieurs victoires. La Scarab MkII arrive un plus tard, elle remporte la victoire dès sa seconde sortie, conduite par une fine gâchette nommée Chuck Daigh.

Le Grand Prix de voitures de Sport de Riverside le 12 octobre 1958 représente sans doute le plus grand fait d'armes de l'écurie Scarab. Daigh et Reventlow prennent les 1re et 3e places, encadrant sur le podium rien moins que leur compatriote Phill Hill engagé par l'écurie officielle Ferrari. Suivent au classement des noms comme Dan Gurney et Richie Ginther sur Ferrari, Roy Salvatori sur Aston Martin, Jean Behra et Ken Miles sur Porsche Spyder ou encore Caroll Shelby sur Maserati.

Scarab est devenue une référence, la saison suivante verra de nombreuses victoires des Scarab MkII avec au volant des pilotes comme Augie Pabst, Carroll Shelby, Jim Jeffords et Harry Heuer.

Fort de sa réussite, Reventlow envisage maintenant de s'engager à l'échelon suprême de la course automobile, la Formule 1, avec bien sûr des Scarab 100% américaines.

Accessoirement il file le parfait amour avec une jolie actrice débutante, Jill St-John, qui tiendra plus tard le rôle de l'énigmatique et sexy Tiffany Case dans le film « Les diamants sont éternels », septième James Bond porté au cinéma.

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A suivre...

 

- Photo 1 ©Bernard Cahier

- Autres images ©DR

 

Voir également :

- Scarabs, Let It Be (Part 2)

- Scarab : All Things Must Pass (Part 3)

- Scarab's miscellaneous

Commentaires

Very nice article on Reventlow. The Scarab is a magnificent beast of a car! Thankyou for this share .

Écrit par : Carol Quiniou | 23 mai 2015

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Excellente ta saga,un tantinet "glamour",Francis ! Digne du festival de Cannes !!
J'attends la suite avec impatience.
Je retiendrais de Lance Reventlow qu'il fut le premier "pilote-constructeur",
initiant,par la suite,quantité de vocations.

Écrit par : Michel Lovaty | 24 mai 2015

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Il y a une "manie" commune à 80% des passionnés de courses.
L'ennui, c'est qu'elle atteint aussi les "historiens" ou assimilés !
C'est que le monde de l'auto serait né après WWII ou au 1/1/50, 1er championnat des pilotes.
Mais non, NON, nnnooooonnn !
Pourquoi donc oubliez vous ce qu'ont fait nos aïeux ?
Le comte De Dion, Marcel & Louis Renault (les 2), Sizaire & Naudin (les 2), ou Gendron & Michelot (les 2) de la marque GM, Ettore Bugatti de ses débuts, Lancia père et fondateur (aussi sur Fiat), parmi des centaines de nos aïeux, furent des pilotes - constructeurs.
Et le chemin qu'ils ont tracé a été suivi.....
Souvenez vous que Daninos, créateur des Facel, l'a pilotée au moins une fois en records à Ostende.
Beaucoup de respect pour Lance Reventlow.

Écrit par : Hervé Smagghe | 20 avril 2018

Les remarques et le débat enrichissent toujours le sujet, Hervé...
Pour vous montrer que l'avant-guerre n'est pas oubliée, j'ai mis à jour les "Notes à relire".
J'admets qu'il me faut proposer un peu plus de facilité pour naviguer dans "Racing's Memories". Je vais m'y atteler. Content en tous cas de vous y retrouver.

Écrit par : RMs | 21 avril 2018

La voiture blanche n° 27 est une Maserati 200 SI (pour sport international) s/n 2422 engagée par Lance Reventlow aux 12 heures de Sebring 1957. Il en partageait le volant avec Bill Pollack. D.N.F. : moteur cassé.

Écrit par : Raymond Jacques | 26 mai 2015

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Exact, Raymond, je ne l'ai pas précisé, mais la présence du trident m'a paru suffisamment évocatrice. Cette photo me plait car on y voit notre héros mais aussi pas mal de voitures américaines des 50' derrière.
Mon père a eu une Plymouth Piazza 1955 qui avait a peu près cette allure (du reste la 2 portes du fond en est peut-être une ), il y avait pas mal d'américaines de ce genre au Maroc à la fin des années cinquante... Un peu comme à Cuba, où elles ont survécu.

Écrit par : RMs | 26 mai 2015

Merci !
Mais je n'ai pas trouvé la rubrique "Notes à relire" !!!!!!!
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Il serait intéressant de susciter un sujet:
CONSTRUCTEURS ET AUSSI PILOTES DE LEURS AUTOS AUX USA.
Je remarque que, pour les sportives, Cunningham, Chaparral, Scarab, Shelby Allard et, un peu, Henry Ford, ils furent aussi des pilotes et constructeurs.
Mais que dire de Louis Chevrolet, peut être avant sa marque, et de quelques centaines d'autres (le pays est grand ......).
Qui va se lancer dans cette étude ?
Pour ma part, je veux bien faire la même étude pour la France, ou la vieille Europe !!!
Hervé

Écrit par : Hervé Smagghe | 22 avril 2018

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Merci Hervé, vous êtes le bienvenu ! N'hésitez pas à échanger par courriel.
Nb. La rubrique "Notes à relire" se situe à droite de la page, juste au dessus de "Notes récentes".
Francis

Écrit par : Francis Rainaut | 22 avril 2018

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