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04 mai 2021

Indy 500's 100th : la saga Unser (Part 2)

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Indy 1963. Bobby Unser, Kurtis Novi « Hotel Tropicana »

 A l'instar des frères Dalton, les Unser brothers étaient quatre... Bobby, né en 1934 est le troisième de la fratrie, Al plus jeune de cinq ans le quatrième. Simple fait du talent ou héritage de leur lointaine ascendance helvétique, ces deux-là sont partis pour atteindre des sommets.

Dans l’armoire familiale il y a déjà beaucoup de trophées, mais il manque encore un visage Unser sur le Borg-Warner Trophy. Cependant la conquête est d’ores et déjà en marche, « Indy 500 » n’a plus qu’à bien se tenir !

par Francis Rainaut

 

Voir également : Indy 500's 100th : la saga Unser (Part 1)


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Pike's Peak 1956. Victoire de Bobby Unser

 

Air Force « One » : Bobby Unser 

C’est Bobby qui le premier, va reprendre le flambeau. Bobby n’a pas le temps pour les études, il préfère les courses de voitures. A 15 ans il dispute sa première épreuve puis remporte ses premières victoires trois ans plus tard. Le premier objectif est la course de Pike’s Peak, objectif atteint dès l’âge de 22 ans. Ensuite il s’engage dans la « United States Air Force » où il restera deux ans.

1963 voit le retour d’un Unser à Indianapolis. Au volant de la Kurtis jaune #6 à moteur avant, Bobby termine… 33e, mais il termine quand même. Enfin un Unser à l’arrivée.

 

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 Indy 1968. Bobby Unser, Eagle-Offy

 

La victoire se fera attendre cinq ans. 1968, comme 1967, est l’année des occasions manquées pour la Turbine. La victoire n’aurait pas du échapper à la Lotus 56, celle-là même qui était promise à Jim Clark puis à Mike Spence.[1] Bobby aura quand même mené 127 tours sur les 200 que compte l'épreuve. Une vraie victoire, la première aussi pour l'Eagle de son ami de la West Coast Dan Gurney, le grand Dan terminant lui-même à la seconde place.

Un second succès allait suivre en 1975 toujours sur une Eagle-Offy.

En 1981 il est au volant d’une Penske-Ford, 81 c’est aussi l’année de « la » controverse avec la légende Mario Andretti.

Bobby domine les qualifications et décroche la pole à près de 318 km/h. Mario, qui dispute la saison de formule 1 chez Alfa Romeo, est retenu en Europe par le grand prix de Belgique. Il revient se qualifier in extremis et obtient l’avant-dernière place sur la grille.

Les qualifications sont une chose, la course en est une autre. En tête de la course, ces deux là ne se lâcheront pas jusqu’à la neutralisation du 146e tour. Les positions sont alors Andretti-Unser. Les deux pilotes ravitaillent et ressortent dans l’ordre Unser-Andretti. Sous régime de pace car, les deux leaders reprennent leur place, doublant respectivement huit et deux voitures.

Ensuite ce fut la confusion. Andretti classé 2e porta réclamation pour dépassement sous drapeaux jaunes. Initialement déclaré vainqueur, Unser fut pénalisé d’une place le lendemain. Les commentateurs officiels Jim McKay et Jackie Stewart furent eux aussi mêlés à la controverse. « The Captain » Penske ne pouvait pas bien entendu accepter cette décision, il porta immédiatement réclamation puis fit appel auprès des instances compétentes de l’USAC. Il dut attendre le mois d’octobre pour obtenir gain de cause, assorti d’une amende de $40.000. Dans cette affaire on peut considérer que la Cour rendit un peu un jugement de Salomon.

Tel fut sans doute l’opinion de Bobby Unser; toute cette affaire l’écœura et l’amènera à prendre ses distances avec le sport automobile. Il allait officiellement tirer un trait sur sa carrière deux ans plus tard. Et si vous voulez créer un début de polémique, parlez un peu de cette histoire à deux fans de sport auto américains, vous pouvez être certains du résultat !

 

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Watkins Glen 1968. Bobby Unser, BRM P138

 

On verra même Bobby en formule 1. Lui et son « copain » Mario Andretti obtiennent leur premier engagement au Grand Prix D'Italie en 1968. Les deux yankees effectuent les premiers essais, puis s'envolent vers les USA disputer le le Hoosier 100, une prestigieuse course USAC dans l’Indiana. A leur retour l’organiseur italien refuse leur engagement, s’appuyant sur un point de règlement interdisant des disputer deux courses en moins de vingt-quatre heures. Débuts reportés un mois plus tard à Watkins-Glen où la B.R.M. ne fit guère d’étincelles - surtout en comparaison des débuts fracassants effectués par Andretti - mais ce serait oublier que la veille, Bobby s’était fracturé la cheville dans un match de basket de bienfaisance.

Lou Stanley le pressa alors de participer à la course aussi Bobby demanda-t-il au médecin local une piqûre de Novocaïne au lieu de quoi le toubib lui prescrivit des pilules antidouleurs avec lesquelles il ne sentait plus rien mais qui eurent un effet désastreux sur sa conduite. Mais en essayant la monoplace de son coéquipier Rodriguez, Bobby eut le temps de constater que le moteur de Pedro avait environ 30% de puissance en plus, alors qu’ils étaient censés disposer d’un matériel équivalent. Ce genre de situation ne convenait pas à sa mentalité américaine[2] et dès lors on n'était pas près de revoir un Unser en formule 1.[3]



 

« Big Al », le petit frère :

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Al Senior, « Big Al », commence à courir en 1957. Probablement par atavisme familial, il remporte la course de Pike’s Peak en 1964 puis en 65.

Il débute la même année sur l’ovale d’Indy et termine 5e au volant d’une Lola à moteur Ford.

Il est victorieux en 1970 et égalise avec Bobby avant de récidiver en 71 et de prendre ainsi l’avantage.

Indy 500 devient peu à peu la chasse gardée de la famille Unser. Big Al gagnera encore en 1978, avant d’être rejoint au palmarès par son aîné Bobby.

 

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Indy 1971. Al Unser Sr., Colt-Ford

 

Mais 1987 allait les départager…

On se demande encore quel diable de scénariste a bien pu échafauder un pareil final pour l’édition 1987 de l’ « Indy 500 ».

Tout débute par le terrible accident de Danny « On the gas » Ongais lors des essais, accident qui se solde pour le pilote hawaïen par une commotion cérébrale qui le met ainsi « out » pour la course.

« The Captain » Roger Penske se met alors en quête d’un remplaçant et sollicite Al Unser Sr., triple vainqueur de l’épreuve et ancien pilote de son écurie.

 

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Indy 1987. Al Unser, March-Cosworth

 

Al est O.K., mais Penske ne peut lui proposer que le volant de la voiture de réserve, pour la simple et bonne raison que la nouvelle Penske PC16 est totalement hors d’état. Pour le moment cette voiture de réserve, une March-Cosworth de 1986, est exposée au Sheraton Hôtel de Reading, en Pennsylvannie.

L’écurie s’empresse alors de récupérer la March et de la préparer pour la course. Parti 20e, Unser trace son chemin vers le peloton de tête pour prendre le commandement au 183e tour. Il remporte son quatrième « Indy 500 » et rejoint ainsi A.J. Foyt dans l'Olympe des quadruples vainqueurs des 500 miles d’Indianapolis.[4]

 

Les 3e et 4e générations Unser :

A ce stade on commence tous à être un peu perdus dans toute la smala Unser, alors en ce qui concerne les générations suivantes un petit schéma synthétique peut nous aider à nous y retrouver, surtout si on se limite à ceux et celles qui tiennent un volant. Mais bien que cela reste intéressant, nous ne nous étendrons pas trop sur cette époque moderne, ceci n'étant pas la vocation première de ce site.

 

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Jeri Unser

Jerry Sr.

  • Johnny  (5 participations à Indy 500, meilleur résultat 18e)

Bobby Sr.

  • Bobby Jr.  (2 participations à Indy 500, batteur dans un groupe de rock, éleveur de pur-sang arabes)
  • Robby  (5e Indy 500 1998, 8e en 99)
  • ♀Jeri  (maintient la tradition familiale à Pike’s Peak)

Al Sr.

  • ♀Mary
    • Jason Tanner  (peu d'information disponible, carrière en Sprint Car)
  • Al Jr.
    • Al III  (beaucoup de flou autour de la carrière de « Just Al », qui réitère assez régulièrement son intention de disputer l’Indy 500)

 

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Indy 1992. Al Unser Jr.

Parlons un peu d'Al Junior.

C’est le propre fil de Big Al , « Little Al », qui allait se charger de perpétuer les bonnes habitudes de la tribu Unser. Placé très tôt derrière un volant, Junior remporte le championnat de formule V en 1981, débute en Indycar l’année suivante, et sur l’ovale d’Indy un an plus tard. Non sans avoir remporté Pike's Peak auparavant, en bon Unser qu'il est.

Il frôle la victoire en 1989 - éjecté par Emerson Fittipaldi - pour finalement  l’emporter en 1992 avec 0,043 s de marge sur son poursuivant, le plus faible écart jamais enregistré à Indianapolis.

Il remettra ça en 1994, au volant d’une Penske à moteur Chevrolet. Auparavant il aura pris soin de remporter deux fois les 24 Heures de Daytona.

La suite sera moins glorieuse pour Little Al. Un temps confronté à des problèmes d’alcool - dont il se remettra -, sa carrière commencera ensuite lentement à décliner.

Al Junior est aussi connu pour avoir lâché sa célèbre formule :

 

"you just don't know what Indy means" 

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Des visages, des figures :

Depuis la seconde victoire d’Al Junior à Indianapolis, ce ne sont pas moins de 9 figures Unser[5] qui ornent ce chef d’œuvre Art Déco qu’est le Borg-Warner Trophy. On mesure ainsi le chemin parcouru par les descendants de Louis et Marie Unser, vous savez ces émigrants partis de leur Jura suisse natal pour aller chercher fortune par-delà l’Atlantique.

 

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Postface :

Une dernière anecdote sur Bobby. En 1996, Bobby et un copain faillirent y rester lors d’une virée en motoneige. Une des deux motoneiges lâche, ils l’abandonnent puis se retrouvent en pleine tempête. Puis le deuxième véhicule cesse à son tour de fonctionner.  Les deux hommes en sont alors réduits à passer deux jours et deux nuits dehors par des températures au-dessous de zéro avant de pouvoir s’abriter dans une grange. Lorsqu’ils furent enfin retrouvés, les deux hommes vont mal, Bobby vomit du sang, son copain souffre d’hypothermie.

Pour finir ils s’en sortent de justesse, mais la Justice Fédérale n’omettra pas de condamner Bobby pour « usage illégal d’un véhicule à moteur dans un périmètre protégé », comme quoi il n’y a pas qu’à Bruxelles qu’on trouve des ayatollahs verts !

 

 

Notes et références

  1. voir sur le même thème 1er Janvier 1966: le réveil de la puissance.
     
  2. Pour l’anecdote, c’est un peu les mêmes raisons qui m’ont fait quitter Classic Courses début 2014, une question de parole non respectée.
     
  3. Si l'on excepte les essais Williams effectués par Al Unser Jr. fin 1991.
     
  4. Rick Mears rejoindra ce groupe très fermé en 1991.
     
  5. en 74 participations.
     

 - Illustrations ©gettyimages, ©DR

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Al Unser Jr. Essais Williams 1991

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