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04 février 2020

Jour de fête pour Giorgio

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Giorgio Polleti voit le jour à Varese au nord de Milan en Lombardie. Son père est menuisier charpentier, sa mère travaille à la poste locale. Son oncle est employé par la firme MV Agusta. A l’aube de son adolescence le jeune garçon s’intéresse à la mécanique. Lorsque l’oncle Sergio visite la famille pour y saluer sa sœur et son beau-frère, le petit est subjugué par sa moto. La première fois que l’oncle l’emmena faire un tour sur sa machine rutilante Giorgio fut impressionné et marqué à jamais par la vitesse, la sonorité de l’engin et la sensation de liberté que lui procura cette virée en deux roues. Il en redemanda souvent…

François Coeuret


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A l’âge de dix ans Giorgio suivit ses parents qui migrèrent vers le Tessin. Ils s’installèrent à Lugano. Son père après avoir accepté un chantier de rénovation relatif à la cathédrale de San Lorenzo fut embauché par le maître artisan suisse qui dirigeait le chantier.

Le foyer va bénéficier du statut de résident suisse pour l’occasion. Giorgio poursuit sa scolarité dans le Tessin, une région qui ne le dépayse peu de sa Lombardie natale. Il y décroche un diplôme de mécanique. Influence de l’oncle Sergio, ce diplôme le ramène à Varese chez MV Agusta où il fera de sa passion un métier. A vingt ans, s’il apprécie les compétitions moto, la course automobile fait aussi partie de ses centres d’intérêt.

L’autodrome de Monza est une destination habituelle pour Giorgio qui a prévu d’assister au prochain Grand Prix d’Italie. Mais auparavant en cet été 1975 le jeune homme se rend sur un Grand Prix de Formule 1 singulier. Son pilote favori y défend seul les chances de son écurie lors de son Grand Prix national.

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Pour l’occasion Giorgio prend la route destination la Bourgogne vers un petit circuit ne payant pas de mine où il espère une victoire de « son pilote ». Il faut dire que sur la combinaison de ce dernier figure le cheval cabré tandis que son casque arbore les deux couleurs de son drapeau national. Des liens qui unissent pareillement l’esprit du jeune homme. Le Tessin associé au mythique constructeur basé en Emilie-Romagne. Le cigarettier Marlboro est le sponsor logique de cette course que les suisses ont délocalisé pour cause d’interdiction sur leur territoire.

C’est au guidon de sa 750S America que Giorgio roule vers la France. Il est accompagné d’un collègue de travail également motard qui va assister à son premier Grand Prix de Formule 1. Les deux acolytes installent leurs petites tentes et leurs motos sur l’espace camping près du circuit. Demain première séance d’essais…

 

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Les deux hommes vont arpenter les abords du circuit de Dijon-Prenois et scruter les secteurs les plus attractifs. La courbe en fin de ligne droite présente un freinage appuyé propice aux dépassements. Les Sablières et la Cuvette sont des enchaînements rapides que les pilotes avalent sur de belles et précises trajectoires avant de grimper dans le secteur de la Combe. On peut suivre ensuite en surplomb les monoplaces qui redescendent sur la courbe de Pouas puis remontent par la ligne droite des stands.

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Jo Volanthen, Williams-Cosworth

 

Les pilotes les plus rapides tournent en moins d’une minute. Parmi eux Jean-Pierre Jarier s’est mis en évidence sur sa Shadow en décrochant la pole devant Fittipaldi sur la McLaren. Clay Regazzoni a obtenu le troisième temps. Giorgio va donc suivre la course de son favori qui partira en seconde ligne avec Jochen Mass (McLaren) à ses côtés. Suivent Depailler sur la Tyrrell et Watson au volant de la Surtees. Seize voitures seront au départ. Les équipes à l’exception de McLaren, Shadow et Williams n’ont déplacé qu’une auto pour ce Grand Prix hors championnat.

Les essais terminés les deux passionnés entrent dans le paddock qui n’est plus contrôlé. Les deux garçons peuvent approcher les stands, observer les mécanos au travail et les monoplaces en petite tenue. Giorgio se plante devant le box de la Scuderia samedi en fin d’après midi. Tandis qu’il observe le réglage de l’aileron arrière de la 312T, son ami lui donne un grand coup de coude. « Regarde, Clay arrive ! ». Giorgio l’apostrophe et lui tend un carnet que le pilote tessinois vient signer. Il en profite pour l’encourager et lui souhaiter bonne chance. Clay le remercie en adressant un grand sourire à ses supporters.

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John Watson, Surtees

 

Dimanche 24 août, le départ du Grand Prix de Suisse est donné par un beau soleil. Jarier bondit en tête et contient le duo Fittipaldi-Regazzoni. Le français domine ce début de course tandis que Fittipaldi tombe en panne d’embrayage au 6e tour laissant la seconde place au favori de Giorgio. Les deux hommes s’installent confortablement en tête tandis que Depailler tente de suivre le rythme. Giorgio constate que Jarier creuse petit à petit l’écart. Clay attaque mais « Godasse de plomb » livre un gros forcing. Le suisse va-t-il réussir à reprendre sur son adversaire ? Les tours s’enchaînent au rythme de la minute pour boucler le tracé. Au 23e, un peu avant la mi-course coup de théâtre, la monoplace noire s’immobilise dans la ligne droite devant les stands. Giorgio et son collègue alors postés dans la cuvette voient débouler Rega tandis que Jarier n’est pas passé.

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La Ferrari prend la tête avec une poignée de secondes d’avance sur Depailler. Rega doit gérer son avantage, c'est-à-dire attaquer pour garder le bénéfice de son avance. Giorgio surveille l’écart à chaque passage, il constate avec satisfaction qu’il se stabilise. Les trente tours restant paraissent un peu long aux supporters de la monoplace rouge. Chaque passage est l’occasion de scruter la marge séparant le pilote suisse du pilote français. Depailler va concéder quelques secondes à l’approche du drapeau à damier. Regazzoni coupe la ligne avec 8 secondes d’avance. Giorgio et son ami lèvent les bras et applaudissent le Suisse qui salue le public dans le tour de ralentissement. Un après-midi qui se conclut avec l’hymne helvète tandis que les deux copains motards se congratulent et pensent à la bonne bière fraîche qu’ils vont s’offrir en trinquant à la victoire de leur idole. Prochaine étape Monza en septembre.

… Clay Regazzoni remportera le Grand Prix d’Italie et se classera cinquième au Championnat du monde pilotes en cette année 1975.

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- Images ©DR

Commentaires

Excellent partage .Merci .

Écrit par : Daniel Robin | 04 février 2020

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