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30 janvier 2016

1966' Grand Prix movie - 4 - Zandvoort

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jim clark,jackie stewart,scott stoddard

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« - Le tout c'est qu'elle démarre.

- Elle démarrera.

- Oui, Roger avait fait des prodiges sur cette voiture...

- Poussez !

Le Grand Prix de Hollande, qui sera couru demain à Zandvoort, sera la première course de Scott Stoddard depuis son accident de Monaco. Ses blessures doivent être encore très douloureuses, enfin le directeur d’écurie Jordan-B.R.M. est résolument optimiste...

Belle rentrée en vérité, pour un pilote plein de courage !  »

par Francis Rainaut

- Voir aussi:  1966' Grand Prix movie - Ouverture

- Voir aussi:  1966' Grand Prix movie - 1 - Monaco

- Voir aussi:  1966' Grand Prix movie - 2 - Charade

- Voir aussi:  1966' Grand Prix movie - 3 - Spa Francorchamps


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Le chardon dans les dunes:

Outre le haggis, le whisky ou le kilt, les écossais ont une autre spécialité, le passage à travers les dunes… Le quoi ? Mais si voyons, étymologiquement Zandvoort vient de Sand Voorde, en flamand Sandevoerde ce qui peut à peu près se traduire par  le passage (à gué) dans les dunes.

Et dans les années soixante, le circuit de Zandvoort semble en être devenu la chasse gardée des pilotes écossais.

Là les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1963, Clark. 1964, Clark. 1965, Clark. 1967, encore Clark. 1968, Stewart. 1969, à nouveau Stewart. Alors pour notre épisode batave de Grand Prix, il nous faut un vainqueur écossais, c'est parfaitement logique !

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Être ou ne pas être ?

Cet épisode est beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraît :

En célébrant le retour du héros blessé dans sa chair, il nous confronte à un archétype des sports mécaniques, omniprésent dans les courses du XXe siècle mais qui reste encore d'actualité, ce n'est pas le polonais Robert Kubica qui nous contredira.

On reverra des images similaires dix ans plus tard, à Monza. Un pilote revenu tout droit de l’enfer, la tête couverte de bandages, se permettant de dominer outrageusement son coéquipier et d'obtenir au passage un très beau résultat.

Mais avant lui, comment ne pas penser à Peter Arundell, qu’une incompréhension avec Richie Ginther faillit envoyer tout droit « ad patres », et dont les scénaristes du film semblent s'être fortement inspiré …

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Peter Arundell:

Ouvrons une parenthèse pour parler d’Arundell. Nous sommes début 1964, Peter a le vent en poupe. Trevor Taylor, frustré par son rôle de numéro 2, vient de quitter le Team Lotus. Arundell, roi de la formule Junior, le remplace donc en F1. Mais il travaille également à l’organisation de la production des Cortina-Lotus, et comme si ce n’était pas suffisant, il a un programme additionnel en F2 au sein du Team Ron Harris.

Sa saison commence par cinq courses F1 hors championnat: A Snetterton, il se qualifie en 3e position et mène la course jusqu’à ce que sa transmission le lâche. Il termine ensuite 3e à Goowood derrière Brabham et Clark. Encore 3e à Syracuse derrière les Ferrari de Surtees et Bandini. Puis de nouveau 3e à Aintree et à Silverstone.

Vient ensuite le premier Grand Prix du championnat, Monaco. Qualifié 6e, Arundell termine sur le podium en dépit de problèmes de boîte qui lui laissent la main en charpie. A Zandvoort il termine à nouveau 3e, à Spa 7e (sans pression d’huile) et à Rouen 4e. Le voilà pour l’instant 4e au championnat.

En formule 2 il marche aussi très fort, arrive la manche rémoise. Sur ce circuit d’aspiration où vous passez de la 7e à la première place en un rien de temps, Arundell regarde un tout petit peu trop son rétroviseur et ne voit pas le « pauvre » Ritchie Ginther à coté de lui, c’est alors le choc à pleine vitesse.

La suite, c’est Jochen Rindt qui la racontera « J’ai vu la Lotus partir à près de 50 mètres en l’air, juste au-dessus du sommet des arbres ». Arundell est alors éjecté de sa monoplace, en retombant sa tête et ses épaules heurtent le sol. Entre autres blessures il a le tibia fracturé, il restera quinze jours dans le coma, entouré de sa femme Rikki et de Jabby Crombac.

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L’intervention sur sa jambe aurait dû être assez simple, mais en l’opérant, les médecins de l’hôpital (établissement que Peter qualifiera de « sordide ») réussirent à lui transmettre une infection sous forme d'un staphylocoque. Et voilà pourquoi au lieu d’être rétabli pour la saison 1965, il passera l’année en Angleterre à effectuer des va-et-vient entre son domicile et l’hôpital.

Son retour en 1966 va s’avérer très difficile. Chapman tient pourtant sa promesse, Arundell récupère le second baquet Lotus. C’est la première année de la formule 1 3 litres, l'équipe utilise alternativement des V8 Climax ou BRM 2 litres et le H-16 BRM 3 litres. Il débute par une 3e place dans le Grand Prix – hors-championnat – d’Afrique du Sud. Il n’est pas encore à 100% mais obtient malgré tout une belle place de second en formule 2 à l’Eiffelrennen.

Et puis ce fut tout. Le reste de la saison se résumera à une longue suite de désillusions. La seule consolation fut une place de 6e à Watkins Glen avec la Lotus 43 H-16, mais avec des temps au tour à 2 secondes de Jim Clark, vainqueur du jour. Le Grand Prix du Mexique qui suit celui des USA devait être le dernier Grand Prix de Peter Arundell.

Chapman ne lui renouvellera pas sa confiance pour 1966, et Peter eut la désagréable surprise de l’apprendre par les journaux. Aucun autre team ne fit alors appel à lui. Le Sport Automobile est un sport cruel et mieux que quiconque Peter Arundell l’apprit à ses dépends .

A cet instant, sa carrière de pilote automobile vient de se terminer...

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Tout ceci nous éloigne un peu de Zandvoort, mais nous replonge dans le personnage de Scott Stoddard.

Le pilote écossais, lui, tient le coup grâce à des piqures de morphine. Mais il a suffisamment recouvré ses moyens pour effectuer un véritable récital, un récital à la  « Clark » à travers les dunes de Sandevoerde.

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Old Jack:

Quittons la fiction pour revenir à la réalité. Ce Grand prix de Pays-Bas ne tomba pas dans l'escarcelle d'un pilote écossais, puisqu'il fût remporté par un « vieil homme », le véritable dominateur de la saison 1966, le rusé et pragmatique Jack Brabham. Mais l'emprise de l'australien sur cette saison fut telle qu'elle enleva rapidement toute incertitude, un petit peu à l'image de la domination qu'exercent les Mercedes depuis deux ans.

Et ça, les scénaristes de Grand Prix n'auraient pu s'en accommoder. Remercions-les donc de nous avoir concocté tous ces rebondissements finalement très vraisemblables puisque directement puisés dans The Cruel Sport de Robert Daley mais aussi dans la mémoire des stands. Bref, comme disait l'ami Boris Vian, « l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre ».

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Brian Bedford:

L'acteur britannique Brian Bedford, qui incarne Stoddard à l'écran, est définitivement sorti de la route le 13 janvier dernier. S'il concédait n'avoir absolument aucune disposition pour la conduite des bolides, c'est pourtant lui qui nous offre la prestation la plus crédible parmi les quatre prétendants au titre, tant par son jeu que par son apparence. Et encore n'avons nous pas évoqué sa femme, la merveilleuse Jessica Walter. Ils forment définitivement le couple le plus glamour du film. Et ajoutons qu'au volant, c'est encore Stoddard le meilleur puisque toujours doublé pas des pointures telles que Chris Amon ou Jochen Rindt, et j'en oublie.

R.I.P. Mister Bedford, vous avez maintenant rejoint Roger Stoddard, vous savez le frère...


 Illustrations:

- 4a ©BrianWatson

- autres photos ©DR

Vidéo:

- Extrait de Grand Prix, épisode Zandvoort ©MGM

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Commentaires

Etrange ton article,Francis,mais pas inintéressant. Etrange car le lecteur peut avoir
l'impression qu'il n'existe aucun lien entre les différents chapitres.
C'est sûr,cette époque est digne de la "conquête de l'Ouest" avec,notamment,
l'avènement de la F.1 "3 litres" qui,à mon sens,reste la meilleure,la plus passionnante
à suivre et qui connut une longévité extraordinaire.
Car,aujourd'hui...Bof !
Bravo et merci.

Écrit par : Michel Lovaty | 30 janvier 2016

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