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20 octobre 2016

Les coulisses de la Scuderia (1): Brenda says...

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 En glanant ça et là quelques informations au sujet de Chris Amon, je suis tombé un jour sur ce texte, ou plutôt cette pépite, à savourer en prenant bien son souffle. MotorSport était allé l’interviewer en 1994, nous publions aujourd'hui la traduction de cet article signé AL.

Des personnages comme Brenda Vernor manquent à la F1 du XXIe siècle. Pour l'anecdote elle fut aussi pendant 15 ans la compagne attitrée du pilote-ingénieur Michael Parkes.  


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Mike Parkes, Tommy Wisdom, 1967' BRDC Silverstone ©Eric Dymock

 

Dans le petit microcosme de la F1 des années quatre-vingt, tout le monde sait qui est Brenda Vernor: de 1978 jusqu’à la disparition du « Drake » en 1988, cette native de Croydon (1) fut le bras droit d’Enzo Ferrari mais aussi une vraie figure maternelle pour tous les membres de l’écurie de course…

(1) banlieue sud de Londres

AL: Enzo Ferrari a toujours été une institution en Italie. En fait, quelqu’un a suggéré un jour qu’en premier il y avait le Pape, et ensuite Ferrari. Devenir sa secrétaire a dû être le rêve de milliers de signorinas italiennes… et même de signoras. Comment une femme anglaise native de Croydon a-t-elle pu décrocher le job ?

BV: J’étais partie en vacances en Italie au début des années soixante et là j’avais rencontré une fille anglaise qui était mariée à un italien, le gérant du Palace Hôtel à Modène. Elle me suggéra alors de rester en Italie, à quoi je répondis, vous n’êtes pas bien ?, mais c’est bien ce qui finit par arriver, je suis restée ! En 1962 j’ai pris un boulot de professeur d’anglais dans une école privée. A ce moment-là l’anglais Mike Parkes, ingénieur en chef et pilote d’essai chez Ferrari, cherchait une secrétaire. J’enseignais à l’école pendant la journée et travaillais donc pour Mike le soir. J’ai travaillé pour lui pendant 16 ans. Mike vivait à Modène dans la même maison que Lina Lardi et son fils Piero Lardi Ferrari, et c’est là que j’ai rencontré pour la première fois le « vieil homme ». En réalité, Piero était à ce moment-là un de mes élèves en anglais, il avait 16 ans ; aujourd’hui c’est mon patron ! Ferrari disait que si Mike un jour les quittait, il aimerait bien que je travaille pour lui. Le sous-entendu était qu’il ne souhaitait pas que nous travaillions tous les deux pour lui juste au moment où nous finissions à peine de nous disputer ! Mike ne partit pas vraiment : il mourut dans un accident de la route ; environ deux mois plus tard, en juillet 78, Ferrari me téléphona pour me demander de travailler pour lui, principalement pour faire des traductions. Voilà comment ça s’est passé.

Les modes de vie anglais et italiens sont différents, par tradition. Le simple fait que vous soyez encore là 30 ans après doit vouloir dire que vous vous adaptez plutôt bien.

Une des raisons pour lesquelles je me suis si bien adaptée et que – comme les Italiens – je suis quelque peu extravertie. Je dis les choses telles qu’elles sont… je suis franche et ne peut pas supporter les menteurs ni les hypocrites. Ma philosophie à moi est que si les gens ont peur de la vérité, c’est juste trop moche. Beaucoup de nos pilotes ont appris cela à mon sujet.  Mais je suis aussi un peu comme mon père, qui était irlandais, et aussi une des personnes les plus chères que j’ai jamais connue. Il faisait tout ce dont il était capable pour rendre les gens heureux. Je suis aussi un peu comme ça. J’adore donner. J’aime le style de vie italien… Je connais tellement de gens à Maranello ; il y a toujours quelqu’un vers qui se tourner. Ils sont très sympathiques et souvent un petit peu trop bruyants, mais ça n’a pas grande importance. J’aime beaucoup les pâtes mais beaucoup moins l’attitude des Italiens vis-à-vis des animaux en général. J’adore les animaux et n’aime pas voir des chiens attachés ou nourris avec des déchets. Un autre problème que j’ai avec les Italiens est leur absolu manque d’ordre. Je suis toujours ponctuelle et n’ai jamais laissé attendre personne. Mais , oui, je suis heureuse ici, est-ce que je retournerais un jour vivre en Angleterre, je ne sais pas… J’ai perdu pas mal de contacts là-bas. Je prends chaque jour comme il vient.

 

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1973. Brenda, Fred, Mike

 

Quand avez-vous appris l’italien et combien de temps cela vous a-t-il pris ? Et une fois appris l’italien officiel (2), en combien de temps avez-vous assimilé le dialecte de Modène ?

     (2) la « lingua toscana in bocca romana », Ndt

Je n’ai malheureusement jamais étudié l’italien, par contre j’avais pris un job de jeune fille au pair chez une famille italienne à Bologne où personne ne parlait anglais et c’est comme cela que j’ai appris. La meilleure méthode, au milieu des gens ! J’ai appris le dialecte de Modène chez Ferrari : les mécaniciens n’utilisaient que cela donc si vous n’appreniez pas le dialecte, vous ne parliez à personne !

Où étiez-vous exactement positionnée dans la hiérarchie Ferrari ?

Avant tout, Ferrari avait deux secrétaires, des hommes : Valerio Stradi qui, dès l’âge de 15 ans et durant 35 ans, s’est occupé des affaires personnelles de Ferrari (il s’est récemment retiré) ; et Georgio Ferri qui était responsable des factures de téléphone et d’électricité et toutes cette sorte de choses. Je travaillais en collaboration avec Franco Gozzi au Département Presse et, à part mon travail de traduction, j’étais directement impliquée dans le Département Courses, représentant Ferrari à la FOCA, et de manière générale j’étais concernée par tous les aspects du sport automobile et de la division courses de Ferrari… m’occupant des pilotes et de toutes leurs affaires. Il y avait 200 personnes au département courses.

Vous aviez quel niveau de contrôle ? Étiez vous complètement autonome ?

Oh non, ça n’était pas possible avec Ferrari ! Ferrari était toujours le patron. En fait il pinaillait toujours sur mes communiqués de presse ou mes traductions. Il changeait toujours – presque par principe – une virgule ou un mot !

Pas mal de gens ont gardé d’Enzo Ferrari l’image d’un despote, d’un tyran, de quelqu’un de distant…, un vrai César.

Oui, je crois que cette image tyrannique était un peu une façade. En fait on peut y voir un aveu de timidité. C’était vraiment une personne très agréable, mais il fallait faire attention à ses humeurs. Il avait un sacré sens de l’humour et taquinait souvent les gens – spécialement les pilotes à propos de leurs petites amies – y compris Mike en ma présence ! Il appréciait aussi les farces. Il disait toujours que j’avais le meilleur châssis de tout le département courses. Il était doté d’un tempérament fougueux mais après une flambée d’excitation, tout était terminé et oublié dans les 10 minutes.

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La personnalité de Ferrari présentait-elle des cotés bien spécifiques ?

Il avait une mémoire phénoménale des faits, des personnes et des statistiques et l’a conservée jusqu’à sa mort. Par exemple, une fois je tapais une lettre à quelqu’un quand Ferrari m’informa que cette personne avait déménagé cinq ans auparavant, puis se mit à citer de mémoire la nouvelle adresse ainsi que le code postal et le numéro de téléphone. C’était tout le temps comme ça. Et comme je vous le disais il avait le sens de l’humour. C’était aussi un peu un homme à femmes… Il aimait bien la compagnie et s’efforçait toujours de saluer tout le monde, y compris les femmes de ménage.

Avait-il des manies à lui ? Des bêtes noires ? En particulier y avait-il des choses qui le faisaient bondir au plafond ?

Non, rien qui me revienne immédiatement à l’esprit, mais il n’aimait pas être appelé « Commendatore », un titre qui remontait à la période fasciste. Il préférait de beaucoup « Ingeniere », et c’est ce vocable qui était utilisé par son staff ainsi par ses  proches. Mais comme je vous l’ai expliqué, il fallait faire attention à ses sautes d’humeur ; si je voulais prendre un jour de congé, (comme par exemple un vendredi pour un long week-end sur la côte), il fallait que j’attende le bon moment. Une fois en particulier quand je lui ai posé la question il a fait grise mine et m’a demandé si j’allais porter un bikini. Quand je lui ai répondu par l’affirmative il m’a dit que je pouvais partir !

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Les états d’âme de Ferrari semblaient parfois omniprésents. Dans les faits, je fus victime en septembre 1967 d’une de ses sautes d’humeur. Mon ami Sir John Samuel (ancien propriétaire de Diva Cars à Londres , qui s’est orienté plus tard vers le développement de véhicules électriques) et moi arrivions à la porte principale en espérant obtenir une visite guidée de l’usine. Tous les deux caressions depuis longtemps l’espoir de rencontrer Ferrari. Nous fûmes reçus par Jonathan Williams, à ce moment-là pilote attitré sur la P4, mais fûmes prévenus que nous avions choisi le mauvais jour, car « le Vieil Homme était de mauvais poil », en raison d’un télégramme envoyé très tôt en matinée par Jackie Stewart dans lequel ce dernier déclinait l’offre d’un volant d’usine chez Ferrari. Jonathan nous dit alors que personne, pas même Gianni Agnelli (le président de Fiat) n’aurait été admis à l’usine ce jour-là !

Cela n’était pas à mon époque mais, oui, cela aurait pu se produire. Il pouvait être grincheux, mais j’estime que c’était son privilège.

Le nom de Piero Lardi Ferrari à fait surface. Ce n’est depuis longtemps un secret pour personne qu’Enzo Ferrari, bien qu’il ait été complètement abattu par la mort de son propre fils Dino, comme conséquence d’une dystrophie musculaire en 1956, a eu un autre fils avec Lina Lardi.

Oui, c’est vrai et aujourd’hui, bien entendu, tout le monde est au courant. Comme je vous l’ai dit, je connais Piero depuis pas mal d’années et il est aujourd’hui mon patron. Piero a eu une éducation plutôt difficile en ce sens qu’il a constamment été laissé à l’écart. Sa mère ne s’est jamais mariée.

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Dans quels domaines Piero ressemble-t-il le plus à son père ?

Seulement dans le tempérament. Il est exactement comme son père, chez lui une éruption de colère dure à peu près 10 minutes et ensuite tout est terminé. Les conflits le perturbent vraiment. C’est réellement quelqu’un de très bienveillant. Parfois trop bon… il inspire beaucoup de respect chez Ferrari. Mais être comme le vieux Ferrari, non. C’était une légende, il est difficile de prendre sa suite.

Beaucoup de gens – des pilotes de langue anglaise, des journalistes et d’autres personnes qui connaissent assez bien Ferrari – soutiennent qu’il comprend chaque mot d’anglais bien qu’il ne s’exprime qu’en italien.

C’est faux. Il n’a jamais parlé ni compris l’anglais ; mais il parlait le français.

Conduire pour Ferrari semble être le rêve ultime de beaucoup de pilotes de pointe, mais lorsqu’ils y parviennent cela se termine souvent dans la désillusion et les récriminations. Le plus souvent pour des raisons politiques.

Oui, Ferrari c’est la politique… être italien c’est la politique. Qu’est-ce que je peux dire d’autre ? Je suppose que ça les rend différents.

 

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W. von Trips, Laura Ferrari, Phil Hill ©The CahierArchive

 

Où vivait Enzo Ferrari ? A coté de l’usine ?

Il possédait une villa près de l’usine mais n’a jamais réellement habité là-bas. Il avait une maison de quatre étages à Modène et après le décès de sa femme en 1976, Piero vint y habiter avec sa mère de façon permanente. La sœur de Piero Antonella, aujourd’hui âgée de 24 ans, occupait l’étage supérieur. Elle a un fils de quatre ans… un autre Enzo Ferrari !

On dit souvent que derrière chaque homme qui a réussi il y a une femme qui le soutient… une puissance de l’ombre derrière le trône. Etait-ce le cas chez les Ferraris ?

Non, je ne pense pas. Laura Ferrari venait chaque jour à l’usine et mangeait à la cantine avec le staff, mais je pense que sa mère, qui est morte à 90 ans vers 1962 ou 1963, a eu plus d’influence sur sa vie. En réalité, c’est elle qui a finalement insisté pour que Piero soit introduit dans le business.

Quels étaient les autres centres d’intérêt de Ferrari ?

Il appréciait l’opéra et fut un bon journaliste dans sa jeunesse… il aimait lire les journaux du début à la fin… mais sa vie entière tournait autour de son usine.

 

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Lorenzo Bandini. Cooper Centro Sud 1961

 

Vous devez avoir vu passer pas mal de pilotes de Grand Prix. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos relations avec eux ?

Je connaissais Lorenzo Bandini bien avant d’avoir rejoint officiellement la société. C’était vraiment un type super, il vivait dans le même immeuble que moi. Il me téléphonait tard dans la nuit. Lorsqu’il est mort dans ce terrible accident à Monaco je me suis promis de ne plus jamais y retourner. Je l’ai finalement fait, 10 ans plus tard. Je connaissais aussi assez bien Ludovico Scarfiotti… un vrai gentleman… et il est mort… dans un sale accident en course de côte.

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Chris Amon… un autre type super… mais un peu trop sensible. Il se décourageait tellement vite. Il se préoccupait toujours de ce que les journaux italiens pouvaient écrire sur lui et sur ses performances… souvent je ne lui racontais pas exactement ce que la presse disait ! Quand j’ai rejoint la firme j’ai eu l’occasion de m’occuper de tout un tas de pilotes. Je devais leur trouver une maison ou un appartement, arranger leurs déplacements, régler leur assurance et pas mal de leurs affaires personnelles, s’occuper de leur linge, de la scolarité de leurs enfants, gérer les factures médicales ou dentaires ; et une fois j’ai dû conduire précipitamment la femme de quelqu’un à l’hôpital pour une fausse couche. Pour tout cela j’ai hérité du titre de « maman » mais j’ai toujours affirmé que « tante » aurait été plus judicieux, je ne me serais pas senti si vieille ! Carlos Reutemann est parti à la fin de 1978, l’année où j’ai rejoint l’équipe. Il est rentré une fois dans mon bureau (je ne l’avais jamais rencontré auparavant) et je me suis immédiatement arrêté de taper ; je n’avais jamais vu un aussi bel homme !

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Gilles Villeneuve était quelqu'un d'un peu dingue,... il ne pouvait pas s’empêcher de démarrer sans faire cirer ses roues. Je me rappelle d’une ballade en 348 où nous avions à franchir un col. Si par malheur quelqu’un était arrivé en face, je ne sais pas trop comment cela aurait fini. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi j’avais l’air tellement inquiète. Une fois il m’a appelé à 5 heures du matin pour prendre la météo car il voulait descendre à l’usine avec son hélicoptère. J’ai tiré les rideaux, tout ce que j’ai vu c’était un brouillard épais et je lui ai répondu qu’il n’avait aucune chance. Et alors qu’est-ce qu’il a fait ? Il a décollé ! Il a fait environ la moitié du chemin puis a été obligé d’atterrir près d’une ferme où il est resté toute la nuit. Après un autre vol en hélicoptère avec Jody Scheckter comme passager, un Jody au visage livide m’a dit : « Plus jamais ça, ce type est fou ! » Il m’a demandé de le ramener à Monaco de n’importe quelle manière – voiture, train, autocar - peu importe. Gilles était en réalité un peu introverti mais se lâchait un peu quand il était avec Jody. C’était de grands copains. Jody était très marrant à cette époque. Il avait un sens de l’humour un peu caustique et parvenait toujours à me faire rire. Les Italiens en général et les gens de Maranello en particulier l’adoraient. Il vit maintenant à Atlanta et je pense qu’il a pas mal changé depuis ce temps là.

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 Pironi 1981 ©Bernard Bakalian

 

Didier Pironi faisait aussi partie de mes préférés. Pironi a eu les pires difficultés à marcher après son terrible accident à Hockenheim en 1982 où il s’est brisé les deux jambes. Ensuite il a dû endurer plusieurs opérations, et puis il était attaché dans son bateau quand celui-ci s'est retourné, et pour finir il s’est noyé. Je m’étais absentée pour le week-end avec Piero et sa femme Floriana lorsque nous avons appris par la radio que Pironi s’était tué dans un accident de course off-shore.

J’ai aussi beaucoup d’affection pour René Arnoux. Il me téléphone souvent. C’est vraiment un type sympa et marrant. Il est passionné par les gosses et un jour il a organisé une fête pour 53 enfants handicapés. Il était tellement sympa avec ces mômes. Certains le trouvent un peu rustique mais il n’est pas juste de juger les gens avant d’avoir eu la possibilité de les connaître.

Ah, Patrick Tambay… quel gentleman et si bel homme ! C’est aussi quelqu’un de très intelligent, je ne sais pas si vous savez qu’il est  diplômé en sciences économiques. Quand il est parti j’ai pleuré. C’était quelqu’un de différent et il a laissé un grand vide.

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Mes collègues ont affiché dans mon bureau une immense photo de Michele Alboreto lorsqu’il a succédé à Patrick. J’étais plutôt contrariée et leur ai demandé de l’enlever, mais quand j’ai commencé à connaître Michele et sa femme Nadia, nous sommes devenus de très bons amis. Je leur fait souvent des gâteaux.

Stephan Johansson est comme un petit frère. Il garde toujours le contact avec nous. Les pilotes ont souvent comme habitude de griffonner des dédicaces ou des notes sur mon tableau, et celle que je chéris particulièrement est une note de Stephan : « A Brenda : plus qu’une “maman”, mieux qu’une amie, merci pour toute ta gentillesse »

Gerhard Berger est un autre grand copain. Il est toujours enthousiaste et se tient à l’écart de la politique et des intrigues.

Nigel Mansell je le connais juste pour lui avoir dit « bonjour ». Prost n’a encore jamais dit ça. Alesi est adorable et bien éduqué. Capelli je n’ai pas eu l’occasion de le connaître, c’est triste n’est-ce pas !

 

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Nick Mason. Ferrari 512s

 

Vous devez avoir rencontré pas mal de gens célèbres à l’usine.

Tellement, j’ai oublié qui. Le Prince Bernard des Pays-Bas est un homme charmant et courtois. Paul Newman est venu une fois dans mon bureau et quand j’ai aperçu ces yeux bleus, je suis presque tombée à la renverse. Sylvester Stallone est timide mais peut devenir très ouvert s’il s’intéresse à vous. Je pourrais citer aussi Nick Mason des Pink Floyd ; le Shah d’Iran ; Stefano Casiraghi, le dernier mari de la Princesse Caroline ; le Prince Albert  de Monaco ; Luciano Pavarotti. Le président argentin Carlos Menem est venu une fois en visite à l’usine, il portait un jean’s et une paire de tennis. Quand je lui ai tendu la main pour lui dire poliment au revoir, il m’a serrée très fort dans ses bras. Un autre vieux so-and-so (3), un homme à femmes j’en suis certaine !

(3)  intraduisible, littéralement « Monsieur Untel » 

Où habitez-vous ?

A Maranello… à environ 10 minutes de l’usine. C’est ce qu’il y a de plus pratique ; je peux faire un saut à la maison pour déjeuner ou pour une douche rapide en été, ou encore pour aller promener mon labrador.

Quand Ferrari disparût en en 1988, j’imagine qu’il fut enterré avant que sa mort ne soit officiellement annoncée.

C’est exact. C’était son souhait et seule sa proche famille était présente lors de la cérémonie. A ce moment-là j’étais en Amérique. Il est mort le 14 août et fut enterré le 15 août à 7 heures du matin, le jour de mon anniversaire. Sa mort ne fut rendue publique qu’un peu plus tard dans la matinée. On reçut plus de 3000 lettres, cartes et télégrammes de sympathie. Piero répondit à chacun. Tous les ans le 18 février, jour de sa naissance, ainsi qu’à l’anniversaire de sa mort, des fleurs arrivent à l’usine de tous les coins du monde. Piero remercie tout le monde personnellement.

La fin d’une époque.

Oui, une grande époque !

AL

Traduit par Francis Rainaut

brenda vernor,enzo ferrari,lina lardi

 - Illustrations ©DR

Commentaires

Mille mercis pour ce document d'archives, pour mon cadeau d'anniversaire.. Magnifique.
Je savais que Brenda Vernor était secrétaire d'Enzo Ferrari, (puisqu'un jour c'est elle qui m'a répondu) mais je ne savais pas qu'elle avait été l'amie de Parkes, et de tant de pilotes.
Interview faite en 1990 ou 91, je suppose, puisque "Prost n'a encore jamais fait ça"
L'a t-il fait par la suite...

Écrit par : Bruno | 20 octobre 2016

Ti auguro un felicissimo compleanno, Bruno !
Perché mi fa sempre piacere avere la tua opinione.
Francis

Écrit par : RMs | 21 octobre 2016

Passionnant et très instructif ! Merci Francis.

Écrit par : Michel Lovaty | 21 octobre 2016

Grazie a te Francis.

Écrit par : Bruno | 23 octobre 2016

Instructif et fort émouvant.

Quelques faiblesses de ponctuation rendent certaines phrases difficilement compréhensibles, mais on en demande encore !

Bravo

Écrit par : Ed Kroy | 22 octobre 2016

Merci pour les corrections. Quel témoignage extraordinaire.

Écrit par : Ed Kroy | 15 décembre 2016

Super article, géant ! merci pour la traduction ! J'ai relevé une petite erreur concernant le modèle de la voiture avec laquelle Villeneuve roulait ! Impossible que ce soit la 348, elle est sortie en 1989, il était déjà mort depuis quelques années ! ça devait être une 308.

Écrit par : Cédric Darbois | 22 octobre 2016

Oui, Villeneuve avait une 308 GTB pour ces déplacement Monaco-Maranello-Monaco.
Scheckter, mais aussi Pironi et Tambay en savent quelque chose.

Écrit par : Bruno | 23 octobre 2016

Bravo Francis pour cette traduction..Passionnant. ...A faire pâlir d'envie l'équipe de Classiccourses!!!

Écrit par : F.Coeuret | 28 octobre 2016

"Ce n'était rien qu'un commentaire,
Mais il m'avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr' d'un grand soleil."
Merci François

Écrit par : RMs | 28 octobre 2016

C'est effectivement un article vraiment sympa à lire sur une période d'un autre siècle ! Je doute que dans quarante cinq ans, on puisse obtenir ce type de confession avec une telle dimension humaine sur le sport automobile actuel. Les commentaires de Brenda et son regard un peu maternel sur les pilotes qu'elle a côtoyés correspondent bien à l'image que nous nous en faisions. Une mention particulière pour René Arnoux et sa tendresse envers les enfants souffrant de handicap. Je peux aussi bien comprendre qu'elle tombât sous le charme de Lole Reutemann, comment aurait-il pu en être autrement. En revanche, pas un mot sur Jacky Ickx, Clay Regazzoni et Niki Lauda. Etait-elle en congés lors de leur durable passage au sein de la scuderia !? Peut-être avait-elle estimé qu'ils n'en valaient pas la peine mais concernant Rega, ca m'étonnerait ! Un des plus sympas et flamboyants des seventies ! Brenda a forcément dû avoir le béguin.

Écrit par : Daniel DUPASQUIER | 02 novembre 2016

Fine remarque, Daniel...
Dans le livre 'Ferrari : Stories from those who lived the legend' de John Lamm, j'ai trouvé ce passage où Brenda nous parle de Rega, passage écrit après la disparition du Suisse :
"C’est le genre de type que j’admire. Quand vous savez comment Clay était, un peu playboy sur les bords, et ce qu’il lui est arrivé… mais il était tout le temps en train de rire, avait toujours une histoire à raconter. Clay était le plus coriace et j’avais beaucoup d’admiration pour lui."
Ickx par contre, ça n'était sans doute pas son époque. Et Lauda ? Mystère, il faudrait que je me mette à l'italien...

Écrit par : RMs | 03 novembre 2016

Superbe note, bravo Francis pour ce travail de traduction, j'ai senti grâce à La Brenda le sublime parfum qui flotte ( flottait ?) à Maranello.
Merci.

Écrit par : Orjebin | 03 décembre 2016

"LA" Brenda, oui. Elle fait partit des Grandes Dames, comme "LA" Callas.

Écrit par : Bruno | 14 juin 2018

Les commentaires sont fermés.