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23 octobre 2017

Bremgarten 1951 : El Maestro dompte la tourmente

juan manuel fangio,gp de suisse

Berne 1951 ©Michael Turner 

 

La décennie Fangio - I -

  El Maestro se positionne en première ligne sur la grille de ce second Grand Prix de Suisse, première épreuve du Championnat Mondial de l’année. Le ciel a décidé de verser une pluie tenace sur l’épreuve. Le circuit helvétique tracé dans la forêt au nord de Berne ne représente pas une sinécure pour les pilotes par temps sec. Sous la pluie, il va tourner aux « travaux forcés » pour nombre de concurrents mais pas pour l’argentin de Balcarce.

 par François Coeuret (*)

 


Fangio Farina Villoresi Berne 51.jpg

 Fangio, Farina, Villoresi

 

Le Grand Prix de Monaco est annulé pour la saison 1951. La première course se dispute en mai dans la Confédération helvétique à proximité de Berne sur le circuit routier de Bremgarten. La piste développe 7,280 km à parcourir 42 fois, soit un total de 306,760km.

L’équipe Alfa Romeo auréolée par un premier titre officiel au Championnat du Monde de Formule 1 en 1950 engage quatre monoplaces pour Farina, Fangio, Sanesi et Graffenried le régional de l’étape. L’Alfetta 159 bénéficie par rapport à sa devancière  la 158  d’un pont De Dion destiné à maîtriser plus facilement les 410 cv du 8 cylindres 1500 bi-compresseur de la marque. Farina dispose de réservoirs latéraux supplémentaires qui vont lui éviter un arrêt  ravitaillement tandis que le suisse Graffenried profite (avantage territorial !) d’un moteur poussé à 430 cv.

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Nino Farina - Alfa Romeo

 

La Scuderia Ferrari, le principal adversaire du tenant du titre lui oppose le châssis 375 F1 propulsé par un  V12 4.5L atmo de 380 cv rendant donc pas mal de chevaux à l’Alfa. Ascari, Villoresi et Taruffi piloteront les monoplaces de la Scuderia. Les privés Whitehead et Fischer disposent respectivement des châssis 125 F1 et 212 F1 de la marque au Cavallino rampante.

Maserati aligne deux  4CLT 1.5 compresseur pour Chiron et Schell.

De nombreuses Talbot Lago 26C vont tenter de contrer la cavalerie italienne. Elles sont menées par les français Rosier, Etancelin, Louveau, Giraud-Cabantous. Complétées par celles des belges Mairesse / Claes ainsi que celle de l’argentin Jose Froilan Gonzales.

Les voitures britanniques sont en petit comité avec deux H.W.M F2 à moteur Alta pour Moss et Abecassis. Le suisse Peter Hirt pilote une Veritas Meteor F2.

 

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Stirling Moss - H.W.M. Alta F2

 

L’atmosphère tout au long des essais et de la course va se résumer en deux mots : froid et précipitations qui vont rendre la piste particulièrement piégeuse. Juan Manuel Fangio se joue de ces mauvaises conditions, il réalise le meilleur temps des essais devant le champion en titre Farina. Les deux duettistes de la saison écoulée devancent Villoresi qui a hissé sa Ferrari en première ligne. En seconde ligne se placent Sanesi et Graffenried au volant de leur Alfa. Suivent les Ferrari et le contingent Talbot-Lago emmené par Rosier, huitième temps.

 

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"Toulo" de Graffenried - Alfa Romeo

 

Au jour de la course, Fangio constate que la météo est encore au plus mal et a compris que la seule issue pour vaincre est de tenter de s’emparer du commandement dès le départ. Il veut s’enfuir en profitant  d’une vision non perturbée par les pulvérisations d’eau de ses petits camarades. Un plan qu’il réussit à confirmer dès les premiers tours de roues sur une piste étroite et glissante à souhait. Farina, Sanesi, Villoresi, Graffenried, Ascari, Fischer, Whitehead, Taruffi, Etancelin… suivent mais sont naturellement gênés par les gerbes d’eau soulevées par les pilotes qui les précèdent. Les dépassements s’avèrent plus que périlleux, les écarts se creusent. Ce n’est pas le problème de Fangio qui bénéficie d’une parfaite vision jusqu’au moment où il rattrape les pilotes moins rapides.

 

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La Talbot Lago 26C d'Henri Louveau

 

L’argentin maîtrise son sujet sur la patinoire suisse, il fait preuve d’une adresse le plaçant au dessus du lot. La preuve en est faite au 24e tour durant lequel son ravitaillement permet à Farina parti pour un non-stop de prendre la tête. El Maestro lui reprend la position quatre tours plus tard et creuse à nouveau son avance ! La piste glissante a eu raison de Villoresi qui heurte sans conséquence les ballots de paille tandis que Louveau écrase sa Talbot sur un poteau télégraphique se cassant une jambe et une clavicule. En fin de course Whitehead passe Ascari mais sort ensuite sa Ferrari. Il se fracture le nez contre son saute-vent. Farina est épuisé  et Taruffi, très à l’aise sous la pluie,  prend l’avantage sur lui à deux tours de la fin. Graffenried commet une faute et sort dans la paille tout en préservant sa cinquième place derrière Sanesi. Suivent Ascari, Chiron, Moss, Rosier.

Juan Manuel Fangio triomphe. Pour sa 4e victoire, il a réalisé un sans faute à 143,445 km/h de moyenne sous le déluge. Il décrochera son premier titre en fin de saison devant Ascari. La décennie Fangio est bel et bien entamée.

 

bERNE 51 fANGIO.jpg

 

- Illustrations ©DR

 

(*) C’est un plaisir et un honneur d’accueillir sur ce site un nouveau correspondant que les plus anciens connaissent bien. François Coeuret faisait en effet partie de l’aventure « Memoire des Stands »; il a par ailleurs œuvré sur son propre site et également en d'autres lieux. Souhaitons-lui donc un accueil chaleureux sur « Racing' Memories ».

Cette note représente précisément la centième publiée sur le site. 

 

Commentaires

Bienvenue à François Coeuret sur MTSO et merci pour cet impeccable récit fort bien illustré. Il tombe à pic, car, personnellement, au niveau récit, je suis en période sèche...

Écrit par : Raymond Jacques | 23 octobre 2017

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Merci aux membres de MTSO pour leur accueil.

Écrit par : F.Coeuret | 24 octobre 2017

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Parlez-moi des Grand Prix de Suisse, mais pas de ceux de Dijon. De ceux qui se déroulaient à Bremgarten, au nom à peu près imprononçable.
Mine de rien, cette note de François nous replonge dans les prémisses du Championnat du Monde, en un coin sombre et humide d'Argovie qui nous change de tous ces "pays imbécile' où jamais il ne pleut".
Qui a pratiqué la moto à vitesse élevée sur des pavés détrempés comprends instantanément ce que les pilotes de l'époque devaient affronter.
Je ne peux que féliciter l'auteur pour cette première note au sujet très original qui en amènera, je l'espère, beaucoup d'autres du même acabit...
Nb. De façon fortuite, je découvre que le GP de Suisse se déroulait à moins de 30km d'Aarau, localité d'où est issue une branche de ma famille.

Écrit par : Francis Rainaut | 26 octobre 2017

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On est tous un peu suisse ! Nous on vient de Neuchâtel mais c'était il y a bien longtemps. Je souscris au commentaire précédent sur les risques insensés que prenaient ces pilotes mais qui faisaient le sel de la compétition en sport mécanique. La course sur piste parait un peu fade aujourd'hui. El Maestro et ses frères d’armes avaient du cœur bien qu’ils ne furent pas tous dans la lumière.

Écrit par : Daniel DUPASQUIER | 31 octobre 2017

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