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17 janvier 2019

Tasman '69 (suite): l'Amon tonique...

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Lakeside, Australian GP 1969 

La mariée était probablement trop belle, l'état de grâce n'allait donc pas durer. Qu'on se rappelle la saison soixante-huit et toutes ces courses où Chris la malchance était en tête…

Le Néo-zélandais réussirait bien à casser l’attache de ses lunettes, comme à l’International Trophy de Silverstone, ou peut-être même sa pompe à essence, comme à Jarama. A moins que la voiture de tête qu’il s’apprête à doubler ne lui projette un caillou dans le radiateur d’huile, comme ce fut le cas de la Honda de Surtees à Spa. Spa où il s'était permis de devancer Stewart 2nd sur la grille de 3,7 secondes, excusez du peu.

Si cela ne suffisait pas, on pourrait y ajouter Monza, où les techniciens de la Scuderia avaient piqué à Matra le concept d’aileron mobile hydraulique. Parfait tant que le liquide ne fuit pas et n’arrose pas copieusement les roues arrière (*) ! Ça vous suffit ? Sinon il nous reste encore le Mont-Tremblant ou Mexico.

Mais l'année 68 est bel et bien terminée, et là nous sommes aux antipodes. Voyons un peu comment notre Kiwi va s'en sortir...

par Francis Rainaut


chris amon,tasman69,jochen rindt

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Piers Courage, Brabham BT24 - Teretonga

 

Acte 4: 12th Teretonga International, January 26th 1969

Vous vous doutiez bien que ça ne pouvait pas continuer comme cela. Pour la dernière épreuve néo-zélandaise de la série, l'homme en forme s'appelle Piers Courage. Dès les premiers essais, le protégé de Franck Williams signe le meilleur temps en abaissant de plus de 10 km/h le record de la piste détenu depuis 1968 par Jim Clark. Rindt n'est pas en reste, et reprend la pole à son ami Piers. Ce qui laisse Amon, dont la chance semble tourner, lointain 3e devant Bell sur l'autre Dino et Frank Gardner.

La course confirmera la domination des monoplaces à moteur Cosworth. Courage réalisera un véritable festival après que Rindt, à qui Chris a refilé son chat noir, ait cassé un cardan sur la ligne de départ. Amon est parti comme une flèche, mais a vite été rattrapé par la Brabham BT24 de Courage, puis par Graham Hill.

Au final, le bilan de cette course est un peu mitigé pour notre Kiwi. Il a bien sauvé les meubles, mais s'est quand même fait rattraper au championnat.

 

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Acte 5: Lakeside, 34th Australian Grand Prix, February 2nd 1969

L’épreuve suivante, la première disputée en Australie, allait infirmer tous les clichés et autres poncifs que l'on avait pu lire ou entendre sur Chris Amon.

Première surprise, Les Lotus du Team Gold Leaf arrivent trop tard pour pouvoir participer aux essais. Ce qui leur vaut la dernière ligne sur la grille. D'ordinaire ce genre de farce était plutôt l'apanage de nos amis latins de la Scuderia, mais bon, en Australie, on a un peu la tête à l'envers, ceci pouvant éventuellement être considéré comme un début d''explication.

Amon s'installe au commandement avec autorité. Derrière lui Hill et Courage se chamaillent, ce dernier finit par quitter la piste et doit abandonner tandis que Hill laisse sa seconde place à un valeureux Derek Bell. Quant à Jochen Rindt, perdu dans une lointaine remontée, il finira par abandonner.

Comme une sorte de répétition avant l'heure du GP d'Espagne 1969 à Montjuïc, Hill va voir son aileron arrière complètement s'affaisser, au point que le drapeau noir lui sera présenté. Mais Graham garde tout son flegme, et s'arrête brièvement à son stand pour qu'on lui enlève ce qui restait de l'aileron, puis reprend la piste pour terminer 4e.

Mais quelle potion magique a bien pu avaler Amon le maudit ? Chris a le mojo, rien ne pourra plus l'arrêter...


 

Acte 6: Warwick Farm International 100, February 9th 1969 

Le circuit de Warwick Farm étant situé sensiblement au sud du paradis des surfeurs, il nous faut donc impérativement de la « wave », ou à défaut beaucoup d'eau. Ça tombe bien, une pluie battante et persistante s'est invitée, qui va venir pimenter la course.

Dès la 1re séance d'essai, Jochen Rindt fait une forte impression en battant le record du tour de Brabham pour se qualifier en 1re ligne. Mais sur la piste glissante, c'est un Piers Courage audacieux qui jaillit au départ. Mais Courage ne prend pas bien la vague, et part immédiatement en tête-à-queue ! Amon derrière lui ne peut éviter, et c'est l'abandon pour les deux monoplaces.

Mais pour ceux qui comptent vite, ce double abandon signifie que le Néo-zélandais ne peut plus être rejoint au score, et qu'il remporte donc officiellement le Championnat Tasman 1969 !

Sur le podium, Jochen Rindt est rejoint par Derek Bell et Frank Gardner qui s'est bien battu au volant de la splendide Mildren-Alfa Romeo, the « Yellow Submarine ».


 

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Frank Gardner, Mildren-Alfa. Sandown Park

 

Acte 7: Sandown Park International 100, February 16th 1969 

Dernier acte de la série, Amon étant déjà titré. Chris tient à fêter ce 1er titre international avec panache. Lui et Jochen Rindt se disputent la pole, qui reviendra finalement au pilote Lotus. S'échappant en tête dès le départ, les deux hommes vont se livrer un duel acharné, avant qu' Amon ne parvienne à se détacher à partir du 30e tour.

Chris Amon concluera ainsi - de façon tonique - par un 4e succès dans la série, devant Jochen Rindt et un valeureux Jack Brabham qui a rejoint ses condisciples sur une curieuse Brabham F3 mûe par un moteur Repco de 2,5 litres.

Chacun a ce moment-là voit en Chris Amon un très sérieux prétendant au titre de Champion du monde des Conducteurs de F1, mais ceci est une autre histoire, comme le dit si bien ce bon Rudyard...

 

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Monza 1968, accident Amon

 

(*) - L'accident de Chris Amon à Monza en 68 fut quelque chose d'épouvantable, qui aurait facilement put tourner au tragique. En conséquence de la fuite de lockheed sur ses pneus arrière, Amon heurta un rail de sécurité à Lesmo, qui se tordit et renvoya la Ferrari dans les arbres ou elle effectua quatre tonneaux pour échouer finalement dans un parking. Surtees le premier vint à sa rencontre, il était également sorti de la route.

Le Néo-zélandais s'en sortait indemne, pas comme le pauvre Jean-Pierre Sarti dans des circonstances un peu similaires.

Sur ce coup-là en particulier, on peut affirmer qu'Amon fut vraiment un Lucky man...

 

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Monza 1968, aileron mobile Ferrari 312

 - Illustrations ©D.R.

Commentaires

Jean-Pierre Sarti mourut en dégringolant du banking pour s'écrabouiller sur la piste qui passait juste en dessous (j'ai révisé grâce à une précédente note), mais Yves Montand s'en tira en pleine santé.

Écrit par : Raymond Jacques | 17 janvier 2019

D'un simple regard cette 246T Dino donne le sentiment de respirer l'homogénéité. Son moteur dépassé rendait 70 CV au Cosworth mais ses qualités dynamiques liées au talent d'Amon en ont fait la reine de cette série Tasmane 69.

Écrit par : F.Coeuret | 17 janvier 2019

Les commentaires sont fermés.