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01 avril 2021

Parade à Syracuse

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 Grand Prix F1 de Syracuse, Sicile, 1er avril ou 21 mai 1967 ?  

Certaines courses se distinguent par leur caractère atypique. Elles ont lieu sur des circuits mythiques, dans des cadres légendaires, elles rassemblent le gotha des pilotes, des constructeurs, sont le théâtre d’un enjeu crucial, n’eurent lieu que lors d’une seule édition… Ou se signalent par une participation squelettique.

Cadre exotique, maigre plateau, ultime édition en 1967, le Grand Prix de Syracuse fait partie des courses à oublier.  Des attributs qui en font une curiosité, un ersatz de Grand Prix … « J’aimerais tant voir… ».

par François Coeuret


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En changeant la date de leur Grand Prix*, l'Ente Autonomo Circuito di Siracusa est tombé fin mai sous le coup des dates simultanées, avec pour résultat une très faible participation. La concurrence s’affiche avec la Formule 2 à Limbourg-Zolder et les qualifications d'Indianapolis.
Le circuit sicilien, plutôt simpliste, tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre avec deux virages à angle droit et une épingle et se déroule sur 5,598 km.

(*) En 1966 le Grand Prix eut lieu le 1er mai.

 

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Mike Spence, Chris Irwin, Mike Parkes : la « Red Rose » présente en force ©gettyimages

 

Le plateau, les essais 

Neuf pilotes ont répondu à l’invitation des organisateurs. Les Ferrari V12 de Mike Parkes et Ludovico Scarfiotti sont les vedettes italiennes évoluant sur leurs terres. La voiture du britannique est le châssis 1966 équipé du moteur 1967 avec laquelle il a gagné à Silverstone fin avril. L’italien pilote la monoplace qui lui a permis de triompher à Monza en septembre dernier. Les deux moteurs sont équipés de trois soupapes par cylindre, celui de 1966 avec des échappements latéraux et celui de 1967 avec les échappements au centre du V. 

Les autres participants sont Jo & Jo, à savoir Bonnier et Siffert avec leur Cooper-Maserati habituelle, Mike Spence sur une BRM P61 V8 2 litres version « Tasman », Chris Irwin avec une Lotus 33-BRM V8, tous deux engagés par Parnell,  Silvio Moser sur  la Cooper-ATS V8 appartenant à Fritz Baumann. Guy Ligier et sa Cooper-Maserati sont forfaits, le moteur a explosé sur le banc d'essai de Maserati. Trois autres pilotes sont forfait, Bob Anderson sur Brabham BT11 Climax, David Hobbs sur BRM P261 du Bernard White Racing, mais aussi le suisse André Wicky sur une mystérieuse Porsche « Special » à moteur 911 F6 2L. Restait un troisième Jo, Schlesser sur une Matra MS5-Cosworth FVA, qui est sorti aux essais endommageant sa voiture et ne prendra pas part à la course.

Les voitures italiennes dominent mais Parkes s’accroche avec Siffert, tous deux sollicitent leurs mécaniciens pour réparer. Les deux voitures de Parnell connaissent des ennuis, boîte de vitesses pour la BRM de Spence et embrayage pour la Lotus d’Irwin. Les mécanos sont encore mis à contribution. Parkes a commencé à s'entraîner sous le numéro 18 rappelant celui de Bandini à Monaco, ce numéro a ensuite été changé en 28.

 

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La course

Les spectateurs siciliens n’ont qu’une course de Formule 1 par an à se mettre sous la dent. Ils en profitent et sont venus en grand nombre autour du circuit. L'année dernière Surtees a remporté le Grand Prix sur une Ferrari 312 3 litres.

Sept voitures s’élancent au baissé du drapeau !… Sans réelle opposition, les deux Ferrari vont faire une démonstration de vitesse et de fiabilité que les autres équipes aimeraient pouvoir imiter, mais que peu d'entre elles ne pouvaient garantir. Pendant les 56 tours de la course, Parkes et Scarfiotti ont couru en étroite compagnie, même lorsque la pluie commença à tomber, rendant le circuit très glissant. Ils se relayaient en tête et couraient souvent côte à côte pour le plus grand plaisir de la foule.

Moser n'a tenu que dix tours avant que son embrayage ne commence à patiner, non sans avoir pris le meilleur sur la Cooper-Maserati de Bonnier avant de renoncer. Spence va abandonner pression d'huile défaillante sur la BRM, après avoir occupé la quatrième place. Siffert, dans la Cooper-Maserati du Team Walker a gardé la troisième place tout du long, il roulait à distance des italiennes sans pouvoir les menacer. En fin de course il est victime d’une projection de pierre qui endommage son radiateur. Le suisse termine péniblement devant Irwin qui revenait sur lui. Bonnier ferme la marche.

 

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Les Ferrari ont roulé lentement en fin de course, aucun des deux pilotes n’a pu prendre le dessus sur l’autre. La bruyante foule sicilienne a longtemps espéré que Franco Lini, le manager de l’équipe, laisse Scarfiotti gagner. Ce ne fut pas le cas et à 50 km / h les deux Ferrari ont franchi la ligne côte à côte, classées ex-aequo.  Ce dernier tour très lent a permis aux trois autres pilotes de se rapprocher du duo, ils ont ainsi fini groupé mais à plusieurs tours des vainqueurs. Les deux pilotes Ferrari repartent avec la victoire, la pole pour Parkes et le meilleur tour pour Scarfiotti. La suite de la saison des rouges sera catastrophique après cette balade de santé méditerranéenne.

 

En Sicile, il n'y a que deux courses sérieuses chaque année, la Targa Florio et le GP de Syracuse, il n'est donc pas surprenant que chacune soit traitée comme un jour exceptionnel et que la foule y abonde. Enzo Ferrari a toujours gardé la confiance des Siciliens, surtout depuis les jours sombres de 1955 où ils ont refusé de succomber à l’anathème porté sur la course automobile.

 

... Cette course de Syracuse ressembla à une blague du 1er avril.
Effectivement repoussée au 21 mai 1967…

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Le classement

Pos      
N°  
Grille
 Pilote           
 Ecurie               
Constructeur Moteur
Tours
 
1er 28 1er Mike Parkes Scuderia Ferrari Ferrari 312 Ferrari V12 56  
1er ex- æquo  16 2e Ludovico Scarfiotti Scuderia Ferrari Ferrari 312 Ferrari V12 56  
3e 20 3e Jo Siffert RRC Walker Racing Team Cooper T81 Maserati V12 54  
4e 14 7e Chris Irwin Reg Parnell Racing Lotus 33 BRM V8 53  
5e 6 5e Jo Bonnier Privé Cooper T81 Maserati V12 53  
Abn 22 4e Mike Spence Reg Parnell Racing BRM P61 BRM V8 20 Pression d'huile
Abn 20 6e Silvio Moser Fritz Baumann Cooper T77 ATS V8 9 Embrayage
                 
Dns 4 (8e) Jo Schlesser Ecurie Ford-France Matra MS5 Ford-Cosworth L4 1.6   Accident aux essais

 


 

- Illustrations ©gettyimages, D.R.

Commentaires

Etais ce plus con d'organiser ces GP hors champ. que ces journees d'essais comme on les connait aujourd'hui ? Certes je n'imagine pas une grosse affluence pour 9 voitures au départ.....

Écrit par : Koenig Gerard | 01 avril 2021

Je pourrais presque te répondre, Gérard, que ces dernières années on a assisté à un peu trop de GP de Syracuse. Au moins en Sicile ne courrait-on pas sous lumière artificielle !

Écrit par : Francis | 01 avril 2021

Ces épreuves hors championnats , avaient leur raison d'être à cette époque où il il ne se disputaient pas plus de 10/12 GP par saison . Tout le monde y trouvait une opportunité pour faire un peu cadrer les comptes ( surtout les privés ) et/ou "roder" le matériel . Certaines de ces courses avaient même acquis leurs lettres de noblesse ; Je pense en particulier au Daily Express Trophy . Certes cette course de Syracuse en 67 fut une véritable mascarade où il aura suffi de deux voitures rouges pour jouer une " commedia à l'Italiana " et satisfaire un public (peu) averti !

Écrit par : Albert | 01 avril 2021

par le passé il y eu des GP hors CM. F1 qui réunissaient le plateau complet,
international Trophy à Silverstone, course des Champions à Brands-Hatch, et un Ontario GP.

Écrit par : Bruno | 26 juillet 2021

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