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01 septembre 2021

1000 km de Paris 1966, la course des « seconds couteaux »

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1000km paris,montlhéry

 Le terme se veut péjoratif mais n’est pas pour autant dévalorisant à mon sens. Cette édition des 1000 km succède à une annulation décrétée l’année précédente. Le plateau est composé essentiellement d’équipages privés, semi officiels ou usine pour ce qui concerne Alpine et Matra dont l’équipe débutante en catégorie Sport-prototype fourbit ses armes.

C’est un plateau finalement attachant. Les pilotes sont en majorité des spécialistes de l’endurance, des passionnés plus ou moins argentés ou de jeunes aspirants en devenir. Quelques cadors de la discipline sont présents : Mike Parkes, Hans Hermann, Willy Mairesse, Lucien Bianchi, Jean Guichet, Nino Vaccarella, Richard Attwood, Jo Schlesser. Une somme de « beaux coups de volants » qui valent bien le déplacement autour du valeureux autodrome.

par François Coeuret


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Les organisateurs au sein de l’ASACIF(*), ont bien tergiversé avant de se décider à envoyer avec retard leur programme. Les usines n’ont que peu répondu à l’appel en cette fin de saison. Quelques alléchantes primes ont décidé ceux pour qui ces subsides sont vitaux dans la poursuite de la compétition. 

(*) L'Association Sportive de l'Automobile Club de l'Île-de-France

 

1000km paris,montlhéry

Les forces en présence

Deux équipages se signalent particulièrement par leur vélocité au cours des essais : Schlesser/Attwood sur la Ford GT40 de Ford France et Parkes/Piper aux commandes de la Ferrari 250 LM. Celle-ci est la dernière du type sortie de l’usine de Maranello. Deux autres GT40 figurent sur la liste des engagés, pilotées par les équipages Mairesse/Beurlys et Casoni/Vaccarella de même qu’une Ferrari 365 P2 menée par les frères Bianchi. Ce groupe rassemble les voitures les plus puissantes. Suivent une compagnie de six Porsche 906, à noter Schultz/Hermann, Koch/Neerpasch, les français Guichet/Ballot Lena. Les Matra 620 BRM seront pilotées par Beltoise/Servoz-Gavin et Jaussaud/Pescarolo. Alpine engage trois A210 (Grandsire/Vinatier),  (de Lageneste/Cheinisse),  (Verrier/Bouharde) et une M64 (Weber/Piot). Gethin/Lepp roulent au volant d’une Chevron B3. A noter deux élégantes berlinettes CD Peugeot (Bertaut/Guilhaudin, Lelong/Héligoin), une Fiat Abarth 1000 (Mazzanti/Vidal). Parmi les autos issues de la série deux Ferrari 250 GT0, une 275 GTB, des Lotus Elan, MG-B, un Austin Healey Spite, deux Marcos BMC.

 

1000km paris,montlhéry

Les essais

Parkes/Piper décrochent la pole position devant Schlesser/Attwood. Suivent les frères Bianchi et Casoni/Vaccarella. Beltoise/Servoz ont cravaché leur Matra 2L, cinquième temps devant la première 906 de Schultz/Hermann. Trois 906 et la troisième GT40 monopolisent les quatre positions suivantes. La seconde Matra, les autres Porsche 906, les Alpine, la Chevron, les CD et le groupe des GT bouclent la grille. 

 

1000km paris,montlhéry

La course  

Une bévue va malheureusement bouleverser le déroulement de la course. Au cours du tour de formation des voitures vont perdre un trop plein d’essence au niveau du virage de la ferme. Le départ est donné lancé, les commissaires de course ne signalent pas la présence du carburant dans le secteur et les hommes de tête partent en glissade dans le virage. Parkes, Schlesser, Casoni, Beltoise, Koch en font les frais. Schlesser reste sur le carreau ou plutôt contre le mur extérieur garni par une rangée de bottes de paille.  Casoni abandonne à la suite de sa sortie, Beltoise et Koch ont froissé leur voiture mais poursuivent. Parkes a évité le purgatoire et passe en tête au premier tour suivi par Lucien Bianchi, Klass sur une 906 et Beltoise.

En tête au second tour l’Anglais possède 7 secondes d’avance sur le Belge. Parkes creuse l’écart petit à petit sur les Bianchi, 12 secondes au dixième tour. Au treizième Beltoise qui réalise un beau début de course est poussé par Klass qui s’est fait doubler. Son échappement est endommagé, le moteur s’étouffe, le Français abandonne.

1000km paris,montlhéry

L’embrayage de la Ferrari des frères Bianchi faiblit et Klass impose sa Porsche en seconde position. Parkes qui a court-circuité la bretelle de raccordement est pénalisé de 20 secondes mais va vite remonter ce handicap. Les premiers ravitaillements se dessinent. Buchet qui a relayé Klass doit s’arrêter pour vérifier sa grille de sélection de vitesses. La perte de temps est conséquente.  Après la troisième heure les deux Ferrari de Parkes et Bianchi précèdent la GT40 de Mairesse.

Ce dernier va peu après stopper moteur cassé au virage de la ferme. Sa voiture rejoint celle abandonnée par Schlesser. Lucien Bianchi heurte la Ford du Français à la suite d’un problème d’embrayage toujours à la ferme. Il repart mais perd du temps au stand. Les poursuivants de la Ferrari de tête sont décimés. Klass sort de la route, son attache de siège s’est rompue (!) : abandon. Les Porsche 906 de Guichet et Koch pointent seconde et troisième. L’hécatombe se profile côté Porsche, Davis (distribution), Schultz (demi/arbre) et Guichet (direction). Des deux Porsche 906 rescapées seule celle de Wicky atteindra l’arrivée. 

 

1000km paris,montlhéry

Epilogue

Les Bianchi jouent de malchance, leur moteur casse au cours de la quatrième heure. Un début d’incendie se déclare. Ils quittent le classement. Un incident survient alors sur la Ferrari de tête, Piper stoppe au stand accélérateur cassé. Les mécanos interviennent, ils vont réparer en six minutes permettant à leurs pilotes de poursuivre la course en tête. Les deux pilotes leur doivent une fière chandelle, on oublie souvent le rôle primordial qu’ils jouent dans la réalisation d’une victoire. Koch profite de l’incident sur la voiture de tête pour revenir dans le même tour. Cependant l’équipage de la 906 renonce sur rupture de l’arbre à cames. Parkes/Piper sont maintenant confortablement installés en tête, les leaders n’ont plus qu’à assurer leur succès, ils possèdent à la cinquième heure un tour d’avance sur Wicky/Hanrioud. Beaucoup de casse derrière avec la déroute des Alpine, les abandons de Grandsire (moteur) et de Verrier (suspension); de Lageneste renonce lui aussi (accélérateur/collecteur d’échappement) tout comme Garant (GTO, joint de culasse), Bertaut (CD, sortie), Noblet (250LM, boîte de vitesse) et Pescarolo (allumage). 

1000km paris,montlhéry

Gethin sera victime de sa commande de boîte mais ralliera l’arrivée comme Weber malgré des ennuis d’étriers de frein. Les nombreux abandons et ennuis divers propulsent une GT en troisième position.  Neyret/Terramorsi en fin d’épreuve ont la surprise de lire leur excellente position sur le panneau de stand. Le cap des 1000 km est franchi. L’épreuve se termine sur la victoire de la Ferrari de David Piper.

1000km paris,montlhéry

La Classement :

1st

26

Piper / Parkes

Ferrari 250 LM

David Piper

129

1st

5000

2nd

43

Hanrioud / Wicky

Porsche 906

 

126

1st

2500

3rd

22

Neyret / Terramorsi

Ferrari 250 GTO

Robert Neyret

117

2nd

5000

4th

11

Delageneste / Cheinisse

Alpine A210 Renault

Automobiles Alpine

115

1st

1300

5th

6

Dauwe / Kehrmann

Lotus Elan

 

113

1st

1600

6th

38

Vestey / Gaspar

Ferrari 275 GTB/C

 

113

3rd

5000

7th

28

Noblet / Gosselin

Ferrari 250 LM

Ecurie Francorchamps

112

4th

5000

8th

10

Gethin / Lepp

Chevron B3 Ford

Chevron

111

2nd

1600

9th

9

Weber / Piot

Alpine M64 Renault

Automobiles Alpine

111

2nd

1300

10th

1

Mazzanti / Vidal

Fiat/Abarth 1000

 

111

3rd

1300

 

1000km paris,montlhéry

 - Images ©DR

Commentaires

Merci François pour cette note qui me ramène un certain nombre d'années en arrière (j'eus pu même écrire de décennies). Parisien à cette époque, j'allais à Montlhéry plusieurs fois par an, mais en 1966, je fus invité par l'Armée Française à passer quelques mois de vacances tous frais (très mal) payés, qui m'empêchèrent d'assister à cette course. Et quand l'armée vit ce que je faisais avec un MAS 36 et une MAT 49, elle me donna une machine à écrire.....

Écrit par : Raymond Jacques | 02 septembre 2021

Mais bon sang de bonsoir, comment se fait-il que je me souvienne de tous ces pilotes et de leurs montures, que je réussisse à mettre un visage sur leurs noms, alors qu'aujourd'hui il me faut un carnet pour me souvenir de mes passwords.
Merci cher François de nous faire revivre ces belles années de sport auto sans prétentions

Écrit par : Jean-Paul Orjebin | 03 septembre 2021

Jean-Paul ,comme nombreux lecteurs de ce (ces) site , je pense que nous sommes affligés de ce même effet collatérale dû à la......à la......Nostalgie !

Écrit par : Albert | 09 septembre 2021

Cher Albert, la nostalgie n'est-elle pas l'ultime raison de vivre des "petits vieux" ?

Écrit par : Raymond Jacques | 18 septembre 2021

Pas que... Raymond et c'est heureux (petit salut en passant). Je ne crois pas que ce que nous décrit Jean Paul soit la nostalgie. Je dirais plutôt la passion. Celle qui fait réagir nos synapses au quart de tour, établissant des connexions infaillibles... en nous faisant croire qu'on possède le cerveau de nos vingt ans!

Écrit par : F.Coeuret | 18 septembre 2021

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