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25 juillet 2021

Jean-Pierre Jaussaud : « un gars bien »

jp jaussaud

 Beaucoup de choses sont résumées dans ce qualificatif. Un pilote selon Henri Pescarolo d’une « droiture absolue », un homme « fidèle et humble ». « Il nous faisait penser à Jim Clark, un styliste, il avait toujours les bonnes trajectoires, n’était jamais en dérive », « il aurait mérité de monter en Formule un » … Tout est dit par le camarade de course de Jean-Pierre Jaussaud.

par François Coeuret


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Inutile de présenter ici son palmarès. Beaucoup se souviennent après le volant Shell 63 de ses débuts en monoplace sur Cooper puis chez Matra suivis de son éviction trop rapide par l’équipe de Vélizy. Sa « remise sur les rails » en F3 menée par Marcel Arnold sur les conseils de son fils. La poursuite de sa carrière en F2 et en endurance.

S’il fut une course qui compta pour le Caennais c’est bien le Grand Prix de Monaco F3 1968. Elle lui ouvrit les portes de la F2. Mais Monza l’affligea de ce sérieux accident la même année au moment où sa cote montait en flèche.

 

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Monaco F3 68

Jean-Pierre Jaussaud est vertement remercié fin 67 par Matra qui le fit courir en F3 et en proto sur les 620 puis 630 motorisées par BRM. Marcel Arnold lui propose le volant d’une Tecno en F3. Sa saison commence en mars à Barcelone. Le point d’orgue de la saison est bien sûr la course de Monaco sous les yeux du gotha de la Formule 1…

Jean-Pierre est dans le coup dès les essais. Il y a beaucoup de monde pour disputer cette illustre course de F3, celle qui ouvre souvent au vainqueur des portes parfois imprévues sur l’avenir.

Deux manches de qualification sont nécessaires pour donner leur chance à vingt deux pilotes autorisés à disputer la finale F3 la veille du Grand Prix F1. Si Roy Pike a réalisé la pole Jaussaud va se montrer intraitable dans sa manche qu’il remporte au volant de la Tecno Ford préparée par Novamotor (châssis T00210). La seconde manche est perturbée par la pluie. Elle est remportée par Mike Beckwith sur une Brabham BT21. Les onze premiers pilotes de chaque manche sont qualifiés pour la course. La concurrence est rude ce 25 mai sur la grille de départ. Peterson, Gethin, Westbury, Cevert, Depailler, Van Lennep, Wissel, Craft… n’ont pas l’intention de s’en laisser compter.

« Je suis parti en tête, comme cela est indispensable à Monaco. J’ai réussi à atteindre 45 secondes d’avance sur mes poursuivants à deux tours du drapeau mais mon moteur s’est soudain mis à tourner sur trois cylindres, un fil de bougie était débranché. S’arrêter où finir ainsi sur trois pattes ? J’ai choisi la deuxième solution qui fut la bonne, le second Gethin ne m’a repris qu’une vingtaine de secondes. »

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Monaco 1968. Richard Attwood, B.R.M.

Formule 1

Au soir de ce succès Ferrari proposa un volant F2 au vainqueur mais Jean-Pierre qui s’était engagé avec Tecno repoussa l’offre. Avec le recul il convint que ce fut probablement une erreur. Autre anecdote racontée par l’intéressé : « Lors de ce week-end je ne doutais de rien, je m’étais mis en tête que je pouvais disputer la course de F1, je me suis naturellement fait jeter de partout sauf de BRM. Avec les évènements ils n’arrivaient pas à joindre Richard Attwood, s’il n’est pas là demain tu piloteras. » Attwood se présenta au rendez-vous in extrémis. La confiance de Jaussaud n’était pas excessive si l’on se réfère à cette flamboyante course accomplie en F3.

La carrière de Jaussaud subit un frein lors du crash de Monza le 23 juin suivant alors qu’il disputait la course de F2 pour Tecno. Une longue convalescence s’installa. « 68 devait être mon année mais cet accident a tout gâché, il a même foutu ma carrière en l’air. »

Sources : Presse ( Ouest-France.fr- 2021 / Echappement Classic – avril 2013)

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Tecno F3 1968  (restauration Hervé Delaunay) avec JC Arnold

 

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La Tecno F3 avant restauration

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Commentaires

Merci pour cet excellent partage envers ce grand pilote .

Écrit par : Daniel Robin | 25 juillet 2021

Jean Pierre Jaussaud a dix ans de plus que moi, donc trop jeune pour entrer dans mon "panthéon" des pilotes qui me fascinaient quand j'étais môme. J'ai certainement dû le voir courir à Montlhéry dans les années 70, mais je n'en ai aucun souvenir. Je ne l'ai remarqué que par sa victoire au Mans partagée en 1978 avec Pironi : un improbable équipage composé d'un vieux "moustachu" (au sens propre comme au figuré) et d'un jeunot à cheveux longs. Jaussaud doit être ce genre de type qui refuse d'aller bouffer dans la gamelle des "copains", sinistre habitude dans ce milieu. J'ai pu m'en rendre compte par la fréquentation de l'équipe Courage Compétition au début des années 90.

Écrit par : Raymond Jacques | 26 juillet 2021

En simple spectateur , j'ai le souvenir d'un pilote , certes talentueux , mais qui c'est retrouvé au milieu de l'éclosion d'autres pilotes , où il fallait savoir jouer des coudes , avoir toujours la " niaque " et être " un tueur " comme l'ont dit maintenant .

Écrit par : Albert | 28 juillet 2021

C'est exact Albert, JP Jaussaud ne possédait pas l'esprit du tueur mais celui du sportif loyal. C'est ce qui l'a rendu attachant et très populaire. Pour ma part, bien qu'ayant admiré les talents de pilotage de Senna où Schumacher par exemples, ils ne m'ont pas laissé un grand souvenir quant à leur comportement sportif.
A mon sens la course automobile n'est pas la guerre et l'agressivité doit y avoir des limites. Mon "Panthéon des pilotes" comme dirait Raymond Jacques ne se situe pas au niveau de ces hommes là.

Écrit par : F.Coeuret | 28 juillet 2021

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