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06 octobre 2023

La dernière séance

watkins glen,cevert

Evoquer François Cevert et le 6 octobre 1973 à Watkins Glen sans tomber dans le pathos, l’indécence, l’insoutenable… Une gageure ? Peut-être aborder tel un hommage ses derniers moments de vie, celle qu’il croquait intensément…

François Coeuret


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La dernière image

Watkins Glen – séance d’essai du samedi en matinée : « Après les Esses, en fin de séance, je décide de revenir vers les stands. Le soleil au zénith répand une agréable douceur ; La journée est magnifique… J’observe une halte au bord du virage 90… Lancé à pleine vitesse voici que surgit François. Il freine, impeccable décélération. Posément malgré sa vitesse élevée François inscrit sa machine dans le virage aigu. Son casque incliné vers la droite laisse imaginer l’attention qu’il porte sur sa trajectoire. Déjà il a remis les gaz, la Tyrrell disparaît… Je conserverai toujours cette image, la dernière que j’ai eue de lui. Elle s’est à jamais imprimée dans ma mémoire. » - Johnny Rives - François Cevert - Editions L’autodrome

 

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Vacances aux Bahamas, automne 1973

François Cevert, Jackie et Helen Stewart ont décidé de décompresser le temps d’une semaine entre les Grands Prix du Canada et des USA. Ils coulent des moments heureux faits de détente et de loisirs dans un décor paradisiaque. François se remet de ses blessures aux chevilles après son accrochage avec Jody Scheckter lors du dernier Grand Prix au Canada. La violente sortie dans le rail qui a suivi est a l’origine de luxations douloureuses. François est optimiste, la douleur s’amenuise et ses chevilles dégonflées retrouvent une bonne mobilité. Il sera sur la liste des engagés au prochain Grand Prix des Etats-Unis. Le Français a profité de son séjour avec la famille Stewart pour tâter le terrain et obtenir de son chef de file la décision concernant la suite de sa carrière. Retraite ou pas ? L’Ecossais élude, il attend la fin de saison pour faire son annonce officielle… Mais dans son for intérieur le choix est fait. Plus tard Stewart avouera que son plus grand regret fut de ne pas avoir dit à François qu’il serait le premier pilote chez Tyrrell en 74.

 

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Les essais

5 octobre, sur le circuit de Watkins Glen les premiers essais ont dégagé une hiérarchie positionnant les Lotus 72, la Brabham BT 42 de Reutemann et les Tyrrell 006 en haut du tableau. Ronnie Peterson malgré une sortie a fait parler la poudre dès ce vendredi. Le lendemain samedi 6 octobre Peterson tient toujours la pole tandis que Stewart sixième temps semble en dessous de ses performances habituelles. Une discussion animée a lieu dans les box entre les deux coéquipiers. François soutient que pour faire un temps il faut passer les esses en quatrième à haut régime. Jackie lui préfère aborder le secteur en cinquième sur le couple à régime plus modéré. Les deux hommes ne sont pas d’accord... Cevert détient le quatrième temps derrière Peterson, Reutemann et Fittipaldi. Cela ne lui suffit pas. Dans la dernière demi-heure il se met en devoir de contester la suprématie du suédois. Il va partir pour tenter de conquérir la pole. Quelque temps auparavant Il avait confié à Jo Ramirez : « Jo, nous sommes le 6 octobre, ma monoplace, châssis 006, numéro de moteur 66 porte le numéro 6. C’est mon jour je vais faire la pole !… ». A six minutes de la fin de séance matinale la Tyrrell s’élance pour une ultime tentative… En abordant les esses la monoplace dérive en glissade et se déstabilise sur le petit trottoir limitant la piste… Tout le monde connaît la suite…

 

watkins glen,cevert

Les jeunes femmes et jeunes hommes voire ados passionnés que nous étions à l’époque se souviennent aujourd’hui encore précisément  des circonstances dans lesquelles ils captèrent la nouvelle. Passé ce moment de sidération, je ne crois pas me tromper en affirmant que nous avions tous le sentiment d’avoir perdu un grand frère...

 

Il y a maintenant cinquante ans.

 

watkins glen,cevert

- Illustrations ©DR

Commentaires

belle article, sans fioriture.
merci.

Écrit par : Bruno | 06 octobre 2023

Reims 1969. Nous étions clairement venus voir gagner les Matra.
Cevert ? Encore un peu trop tendre, tout comme sa Tecno. Mais aussi un peu trop beaugosse…
La claque qu’on a pris à l’arrivée, François Cevert venait juste de faire son entrée chez les grands.
Avec la manière et la classe. Je fus heureux de le retrouver en formule 1 à Monza l’année suivante, puis aux 1000km de Paris avec les protos Matra.
Octobre 73 a été terrific …
Une belle note toute en sobriété, merci François.

Écrit par : Francis Rainaut | 06 octobre 2023

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