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21 novembre 2023

Yves Courage, artisan pilote

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1980 - Course de côte Corcoue, Martini Mk28

Yves Emilienne alias Courage appartient à la même génération que le plus jeune pilote du duo vainqueur de l’édition 1980 des 24 heures du Mans. Il a débuté après Jean Rondeau sur la piste mancelle. Après de nombreux succès en course de côte il participe à ses premières 24 heures en 1977 sur une Porsche GT puis en 1981 remporte sa catégorie sur un proto Lola T298 2L BMW. Mais jouer dans la cour des grands sur une voiture de pointe est plus difficile...

"Mon cursus de course de côte ne me permettait pas de décrocher un volant d’usine pour gagner : il fallut construire ma propre voiture"…

François Coeuret


yves courage,pescarolo
1982 - Cougar C01

Courage pilote constructeur

Yves Courage comme son homologue manceau Jean Rondeau a l’esprit d’entreprise. Il fonde son écurie fin 1981 et se lance dans la construction d’un prototype C01 équipé d’un moteur Ford et dessiné par Marcel Hubert. Dès 1982, la première Cougar est engagée. Jacques Petitjean, responsable de la communication, va convaincre la société Primagaz de soutenir l’écurie. Le moteur Cosworth V8 DFL se montre peu fiable. Les trois premières participations au Mans se soldent par des abandons.  A partir de 1985, Courage Compétition passe un accord avec Porsche pour la motorisation. C’était une meilleure option, mais qui ne simplifiait pas forcément les choses...

 « Le projet prit tellement d’importance qu'en 87, j’arrêtai de piloter. Je n’étais pas préparé à être chef d’entreprise. J’ai pris beaucoup de coups, de stress, par manque de préparation. 20 ans après, je sais que quand je rentre dans l’entreprise le matin, c’est pour gérer des problèmes ! Ce qui m’a fait le plus mal, ce sont les contrôles fiscaux, car au début ils voulaient immobiliser des voitures. Ensuite, mon esprit cartésien m’a permis de toujours faire avec ce qu’on avait. C’était une gestion de bon sens, il fallait gérer et payer avec les sponsors. Ceux qui ont croisé ou pris en main certaines destinées de l’entreprise ont réalisé que c’était plus difficile qu’ils ne l’imaginaient. »

 

yves courage,pescarolo
1987 - Cougar C20

Performances au Mans

Après une belle troisième place en 1987 aux 24 Heures du Mans, l’écurie commence à prendre consistance vis-à-vis du public comme de la concurrence. Cependant la fin des années 80 et le début 90 sont difficiles pour la petite structure française face aux usines Porsche, Jaguar ou Sauber Mercedes puis Peugeot, Toyota.  

En 1995 le constructeur Courage passe tout près de la victoire au général (Ford avait demandé à l’équipe d’abandonner la dénomination Cougar en 1992). Cette année-là place Courage parmi les favoris. Malheureusement l’édition est pluvieuse et ne favorise pas les protos face aux McLaren GT1. La Courage N° 13 menée par le brillant équipage Wolleck-Andretti-Helary réalise un bon début de course. La pluie s’invite en fin de première heure et Andretti sort à la suite d’une mésentente avec un proto Kremer dans le virage Porsche. L’équipage perd 30 mn et six tours au stand. La suite sera une lente remontée au classement sur une piste piégeuse. La Courage échoue à la seconde place dans sa tentative pour décrocher la victoire. Elle franchit la ligne à un peu moins d’un tour derrière la Mc Laren victorieuse.

 

yves courage,pescarolo
1995 - Courage C34

La deuxième Courage à moteur V8 Chevrolet de Pescarolo-Lagorce-Bernard sera rapidement éliminée sur un problème électrique. Lors de ces 24 Heures une péripétie fâcheuse peu connue du public eut lieu dimanche matin chez Courage. Un sponsor d’Andretti exige que son nom soit visible sur le capot arrière de la C34. Ce dernier a été changé après la sortie de l’américain mais il y manquait le sticker. Un autre changement de capot où figure le sponsor se fait donc lors d’un ravitaillement mais l’opération s’éternise à cause de fixations endommagées : un peu plus de 4mn sont perdues. Pour les autos les plus rapides cela correspond pratiquement au temps sur un tour quand la piste est sèche. En moyenne les protos couvrent ce tour en 3’55’’. Une intervention supplémentaire et malheureuse qui a peut-être coûté la victoire à l’équipe Courage. Sur la piste sèche à une heure du damier la C34 revient dans le même tour que le leader mais l’écart sera de trois minutes sur la ligne. Fin 90 sont des années laborieuses pour l’artisan constructeur devant une concurrence plus charpentée : TWR-Porsche, Nissan, Toyota, BMW. 

 

yves courage,pescarolo
2003 - Courage C60

Producteur de voitures de course

La pugnacité est inscrite dans les gènes d’Yves Courage. Le constructeur étend sa sphère commerciale. Parallèlement à ses engagements avec notamment la C65 LMP2 mue par le moteur français JPX, il va produire des voitures pour des écuries clientes comme Pescarolo Sport (LMP1), le Paul Belmondo Racing et d’autres écuries concourant en catégorie LMP2... Finalement, après un quart de siècle à la pointe du combat, Courage Compétition est racheté par Oreca en 2007. Yves peut passer le relai avec le sentiment du travail accompli.  « Lorsque j’ai rencontré Hugues de Chaunac, j’ai pensé à la pérennité et au respect de l’entreprise. Pour des raisons personnelles je devais prendre du recul. Cependant, toute l’équipe s’est par la suite toujours investie, à court terme notamment sur Le Mans. L’idée était de redévelopper à terme le LMP2 et d’autres programmes… ». L’entreprise créée par Hugues de Chaunac n’a cessé de croître comme en témoigne la liste des engagés en catégorie LMP2 aux 24 Heures 2023 : plateau intégralement composé de châssis Oreca. Yves Courage a conservé par la suite l’ambiance sport auto en créant un département nommé Courage Classic basé dans le Technoparc du Mans. Son équipe réalise restauration, préparation et concrétise l’engagement de voitures typées endurance pour les compétitions historiques.

Yves Courage comme Jean Rondeau, entrepreneur artisan a défié les grands constructeurs aux budgets impressionnants. Il n’a pas démérité, passant très près d’un succès au Mans. Les capacités dont il a fait preuve ainsi que celles des membres de son équipe ont été reconnues à leur juste valeur. Le parcours d’Yves Emilienne prouve que son pseudo n’a pas été usurpé.

 

yves courage,pescarolo

Points forts de son parcours :

27 avril 1948 – Naissance au Mans

Début années 70 – courses de côte

1977 – Premières 24 H du pilote sur la Porsche de Joël Laplacette
1981 – Création de l’écurie Technique automobile Mancelle (TAM)
1982 – Première voiture Cougar C01 sur le circuit du Nürburgring
1985 – Porsche fournit les moteurs
1987 – 3ème place aux 24 H du Mans. Yves Courage abandonne le pilotage pour la construction
1989-90-91 – Championnat du monde des sports prototypes
1990 – 1993 Première voiture nommée Courage ; Partenariat avec Nissan 1998
1995 – La Courage C34 est 2ème aux 24H du Mans dans le même tour que la Mc Laren F1 victorieuse
1996-2000 – Production Châssis LMP1 puis LMP2
2007 – Rachat de l’écurie par Oreca

2009 – Création de Courage Classic 

Source interview : web

 

yves courage,pescarolo
1973 - Course de côte Urcy, March F2

- Illustrations ©DR

Commentaires

Merci de la piqûre de rappel, j’avais complètement oublié Le Mans 95 !

Écrit par : Jean-Claude | 21 novembre 2023

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Merci, cher François, pour cette note qui complète à merveille celle que j'ai écrite il y a peu de temps, "Rencontres...", dans laquelle je décris "l' arrière cuisine" de l'écurie Courage, dans laquelle j'ai été engagé moi-même pendant 5 ans...

Écrit par : Raymond Jacques | 22 novembre 2023

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Sympa cette note qui nous permet ne nous situer mieux dans le parcours d'Yves Courage.
Je connaissais un autre Courage, Piers, la faucheuse ne lui a hélas pas permis d'aller au bout de sa passion.
En tous cas un immense bravo au Manceau, il ne lui aura manqué que la 1ère marche du podium chez lui.

Écrit par : Francis Rainaut | 23 novembre 2023

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