15 octobre 2014
Peter Revson, an American Lord…
Le passage en formule 1 de cet américain, neveu du magnat de l’industrie cosmétique Revlon (1) et héritier présumé de la fortune de son père Martin fut bref, bref mais intense, laissant comme une odeur de bouquet inachevé...
Au lieu de se contenter de sa vie, toute tracée, de riche playboy aventureux, séduisant et bardé de diplômes, Peter rompt avec sa famille et se lance en vrai professionnel dans sa passion : la course automobile. (2)
par Alain Hawotte
Après avoir fait ses premières armes dans les épreuves locales d'Hawaï, ce qui par ailleurs ne devait pas être trop désagréable, il vient en Europe prendre des cours de pilotage en 1960 à Monza puis retourne ensuite aux USA pour débuter en formule Junior avec une Cooper.
Fort de quelques bons résultats il revient en Europe en 1963 et est repéré par Tim Parnell, il participera à quelques courses de F2 et débutera en F1 lors de la Gold Cup à Oulton Park (course hors championnat en Angleterre vers le mois d'avril).
L'année 1964, le voit réellement débuter en F1 avec Parnell toujours, mais ça ne marche pas, Peter n'est pas au parfum et le Team ne le sent pas trop...
Sage et toujours très professionnel il se rend compte de son erreur, trop jeune, trop vite, trop tôt alors il passe un accord avec le Team LOTUS pour redescendre en F2 et F3 en 1965 et Banco! il gagne à Monaco la course de F3... mais décidément, les monoplaces ne lui plaisent qu'à moitié et Peter retourne aux USA où le sport auto s'apparente à un show qui cadre mieux avec ses instincts… (3)
Cependant Peter fait toujours preuve d'un parfait professionnalisme et il gagne partout, souvent et avec n'importe quelle auto en Trans-am, en Canam, en Indy et en Endurance.
Gérard Crombac qui croit en lui pour la F1 le persuade d'y revenir et pour l'y aider quoi de mieux que de s'associer avec une autre star hollywoodienne : Steve Mc Queen… Steve a besoin d'un excellent premier pilote pour assouvir sa passion de rouler en endurance. Alors en 1970 sur une petite Porsche 908 3L, ils passent tous deux à 23 secondes de la victoire à Sebring battus de justesse par une grosse Ferrari 512S de 5 L conduite par un super Mario…
Cette seconde place relance la carrière de Peter.
En 1971, il intègre pour la Canam le prestigieux Team Mc LAREN : il remporte immédiatement le trophée et termine même second aux 500 miles d'Indianapolis.
Un parfum de victoire flotte à nouveau sur ses épaules et comme les monoplaces de F1 ont pris de l'embonpoint, il parvient à caser plus facilement sa large carcasse dans le cockpit... d'une Mc Laren bien sûr, et plus cocasse encore, d’une YARDLEY Mc Laren ! (Yardley est un parfumeur anglais!) En 1972 il enlève de nombreux podiums et en 1973 c'est la consécration, devant un Hulme déclinant, il apporte les seules victoires du team…
La logique voudrait qu'il soit préféré à Hulme en 1974 comme équipier de Fittipaldi mais non, Hulme est un monument chez Mc Laren et en remerciement des services rendus depuis la mort de Bruce, on ne déboulonne pas le monument.
Qu'à cela ne tienne Peter devenu un des pilotes les plus rapides et recherchés est engagé par le team américain SHADOW... c'est sur cette Shadow qu'il devait trouver la mort aux essais préliminaires du GP d'Afrique du Sud 1974. (4)
Ainsi disparut un homme au talent éclectique méconnu de beaucoup, Peter REVSON !
- Voir à ce sujet The Bryan Times, Saturday, March 23, 1974
(1) Revlon est une marque américaine de cosmétiques et de parfums créée en 1932 par Charles Revson, son frère et un ami chimiste, Charles Lachman. Les Revson ont repris le « L » de Lachman pour le nom de la marque (Revlon).
(2) Selon Jon Thompson qui l’a bien connu, Peter déclarait avec force et à maintes reprises, à ceux qui lui posaient la question: « Je ne suis pas l’héritier ! »
(3) Touché aussi par l’accident mortel au Danemark en 1967 de son frère cadet Douglas « Doug » Revson, qui avait suivi son exemple.
(4) Par une curieuse coïncidence dont l’histoire est coutumière, les destinées de François Cevert et celle de Peter Revson présentent beaucoup des similitudes. Ces deux « beaux gosses » sont les descendants coté paternel de familles juives venues d'Europe de l'Est, ils sont tous les deux morts tragiquement avant d’avoir eu le temps de réaliser leur rêve de devenir le premier champion du monde de leur pays, ou peu s'en faut...
- Photos ©D.R.
22:58 Publié dans p.revson | Tags : peter revson, steve mcqueen | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | |
Commentaires
Je crois, mais à confirmer, que McLaren avait proposé pour 1974 la 3ème voiture (celle qui sera pilotée par Mike Hailwood aux couleurs Yardley ) à Peter Revson qui avait décliné, y voyant plutôt un team "B".
Écrit par : Marc Ostermann | 16 octobre 2014
Répondre à ce commentaireOn apprends à tout age. J'ai toujours cru que son Non était Revlon.
Écrit par : Bruno | 16 octobre 2014
Répondre à ce commentaireMerci Francis pour les précisions sur ce que fut la carrière de Peter Revson, pilote "atypique" et éclectique... mais incontestablement doué néanmoins.
Écrit par : François Libert | 16 octobre 2014
Répondre à ce commentaireC'est Alain qu'il faut remercier, François,... les contributeurs ne sont déjà pas légion, ménageons-les !
Concernant McLaren 1974, Revson n'aurait pas franchement apprécié d'être éjecté par une vieille connaissance - via son frère Tim - des années héroïques de la formule Junior, un certain... Teddy Mayer.
Écrit par : RMs | 16 octobre 2014
Pas mal ! Pour la saison 1974,Teddy Mayer se retrouva avec deux contrats
publicitaires sur les bras : l'un avec "Marlboro-Texaco" et l'autre avec les cosmétiques
"Yardley" qui n'avaient pas apprécié ce qu'ils considéraient comme une trahison.
Peter avait,déjà,resigné et son nom avait suffi à calmer les gens de "Yardley". Mais,
lassé de ces tracasseries,l'américain changea d'avis et partit chez "Shadow". Tout
était à refaire ! Mike Hailwood contacta Mayer car il n'était pas satisfait de son sort
chez "Surtees". Sauf que "Big John" ne voulait pas le libérer. Finalement,après un échange de courriers,Mayer donna un peu d'argent à Surtees et l'affaire fut conclue.
Écrit par : Michel Lovaty | 16 octobre 2014
Répondre à ce commentaire"...ils sont tous les deux morts tragiquement avant d’avoir eu le temps de réaliser leur rêve de devenir le premier champion du monde de leur pays."
Non, Revson n'aurait pas été le premier champion du monde américain : n'oublions pas Phil Hill !
Écrit par : Olivier Favre | 17 octobre 2014
Répondre à ce commentaireBien vu, Olivier ! La boulette est signée Francis...
Écrit par : Francis Rainaut | 17 octobre 2014
Répondre à ce commentaireUn petit oubli sans conséquence de notre ami Alain : c'est en 1971 que Peter Revson
reviendra à la F.1. Pour son épreuve nationale,il disposa de la 3° Tyrrell,au côté de
Jackie Stewart et de François Cevert.
Écrit par : Michel Lovaty | 17 octobre 2014
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