15 février 2024
24 H de Daytona 1967 - un air de vendetta
Au début des années soixante Ferrari est en proie à de sérieuses difficultés financières. Ford qui veut se faire un nom en Europe saisit cette occasion pour tenter d’acquérir l’entreprise transalpine. Les négociations Ford-Ferrari sont brutalement interrompues en 1963 par le « Commandatore » qui a bien compris qu’il perdrait le contrôle de son entreprise, tant au niveau de la production de série que du département sportif(1). La prise de participation de Fiat, effective en 69, lui parut la moins mauvaise des solutions pour pérenniser son œuvre.
Après ces pourparlers les rapports du « Drake » avec « the Deuce » (Henri Ford II, ainsi qu'on le surnomme à Dearborn) devinrent extrêmement tendus. En fait une passe d’armes qui ne pourra se poursuivre que sur la piste.
François Coeuret
(1) la légende voudrait qu’il se soit tout simplement levé, en pleine réunion, en disant à son avocat, de façon désinvolte : « bon, c’est l’heure d’aller dîner. »
18:43 Publié dans c.amon, l.bandini, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : daytona 67, ferrari p4 | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |
15 février 2022
Tales of Chris Amon
Je vous avais annoncé lors de la disparition de Chris Amon en 2016 qu'on n'avait pas fini d'entendre parler de lui. J'aurais alors dû préciser qu'on n'avait pas fini d'entendre parler Amon « lui-même ».
Bien inspiré par l'exemple de René Fiévet, je me suis efforcé de traduire l'anglais tel qu'on le parle avec l'accent néo-zélandais. N'étant pas expert, j'ai pu laisser ça et là des erreurs d'interprétation, que je vous propose de me signaler.
Écoutons Chris raconter; parmi les sujets évoqués, l'accident de Bandini, le final du Mans en 1966, la CanAm, mais aussi ...
( Nb. cliquez sur l'icône "Paramètres", Sous-titres, Français s'ils n'apparaissent pas )
Francis Rainaut
06:10 Publié dans b.mclaren, c.amon, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : chris amon, ferrari | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | |
01 avril 2021
Parade à Syracuse
Grand Prix F1 de Syracuse, Sicile, 1er avril ou 21 mai 1967 ?
Certaines courses se distinguent par leur caractère atypique. Elles ont lieu sur des circuits mythiques, dans des cadres légendaires, elles rassemblent le gotha des pilotes, des constructeurs, sont le théâtre d’un enjeu crucial, n’eurent lieu que lors d’une seule édition… Ou se signalent par une participation squelettique.
Cadre exotique, maigre plateau, ultime édition en 1967, le Grand Prix de Syracuse fait partie des courses à oublier. Des attributs qui en font une curiosité, un ersatz de Grand Prix … « J’aimerais tant voir… ».
par François Coeuret
00:10 Publié dans j.siffert, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : parkes, scarfiotti, syracuse | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook | |
19 mars 2020
Ludovico Scarfiotti, le grimpeur devenu pistard
Ce 8 juin 1968 dans le joli cadre des Alpes bavaroises, Ludovico Scarfiotti s’est installé dans le cockpit de la Porsche 910 Bergspyder, Il se prépare à une montée d’essai, la dernière de sa carrière…
François Coeuret
17:33 Publié dans l.bandini, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : rossfeld, ludovico scarfiotti | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | |
25 mars 2017
Le Comte et le Commendatore (2e partie)
... Alors qu’un chapitre italien de la trajectoire de John se fermait, un autre commençait provisoirement à s'ouvrir. Mais lorsqu’il reçut le premier coup de fil de Ferrari, à la fin de l’année 1960, il répondit non : « Je pensais, “Je dois d’abord apprendre mon métier…” »
Ainsi se terminait la 1re partie de l’article de Nigel Roebuck, paru dans Auto Sport, celle consacrée aux deux roues. Voici maintenant la seconde partie, qui met en scène quelques diableries somme toute assez fréquentes dans le milieu de la course automobile.
Et si l'on veut comprendre pourquoi « Big John » n’a été titré qu’une seule fois sur quatre roues, la réponse se trouve probablement entre ces lignes…
traduit par Francis Rainaut
14:39 Publié dans j.surtees, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : john surtees, enzo ferrari, eugenio dragoni | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | |
12 février 2014
Rétromobile : La confession d’une enfant du XXe siècle
Je m'appelle Ferrari 330 P4 #0858 (1), même si certains s'obstinent à me nommer 350 P4.
Rétromobile a été l'occasion de faire mon grand retour sur la scène parisienne.
S’il est vrai que sur le plan carrière, ma longévité n'est rien face à celle de la Ford GT40 yankee, sans même parler de la Porsche 917 teutonne, à l'applaudimètre j’ai pu constater que je reste une star incontestée.
RMs : Racontez-nous, #0848...
En inspirant profondément, celle-ci plonge dans son propre passé, si loin et si près à la fois :
#0858 : Ça c’est passé il y a 47 ans...
Craignant que #0858 se perde en préliminaires, RMs l’interrompt brusquement :
RMs : On sait ! Essayez juste de vous rappeler quelque chose, n’importe quoi !
Bien décidée de rapporter les faits à sa manière, elle toise Francis du regard avant de le remettre à sa place :
#0858 : Voulez-vous entendre l’histoire ou non, monsieur Memorychaispasquoi ?
Mal à l’aise de se faire gronder comme un enfant devant ses amis et conscient d’avoir sous-estimé la vieille gloire, Francis lui sourit timidement en guise d’excuse. #0858 reprend :
#0858 : Ça c’est passé il y a 47 ans, et je sens encore l’odeur de la peinture fraîche ! Le V12 n’avait presque pas tourné, personne n’avait encore couru à son volant. La Ferrari P4 était surnommée le "prototype de rêves", et il l’était... il l’était vraiment... !
Dans sa mémoire apparait l’autodrome de Monza, en cette fin avril 1967, pendant les essais. Tout à coup le feulement d’un V12 4L troue le silence, des sourires illuminent instantanément le visage des tifosis venus en nombre, enfin la #4 s’engage sur la piste, au volant l’ « ingeniere » Mike Parkes … le pilote-ingénieur de la Scuderia.
#0858 : Je débute sur mes terres à Monza, grée en berlinette #4, avec comme résultat une 2e place derrière l’autre P4.
RMs : Brillants débuts, cela rappelle un peu le triomphe de Daytona en tout début de saison, parlez-en à Bruno ...
#0858 : Une semaine après direction le toboggan des Ardennes, le grand circuit, le vrai, c'est le jour où le mirage devient réalité (2).
RMs : 5e place quand même (#9), toujours avec l’équipage Parkes /Scarfiotti.
#0858 : Ludovico Scarfiotti était le neveu du Signore Agnelli, président de la Fiat.
RMs : En juin c'est la course du siècle, les 24H du Mans 1967, la revanche attendue, David contre Goliath...
#0858 : Las, bluffée par les performances un peu ternes de la nouvelle Ford MkIV aux essais d'avril, la Scuderia joue la prudence en limitant la puissance de nos V12. Notre directeur sportif était Franco Lini.
RMs : J'avais passé le week-end à l'écoute de mon transistor sur "Europe 1" ou "France Inter". Quelle déception quand la #21 est rentrée aux stands le dimanche matin lors d’un arrêt non prévu pour changer les plaquettes de frein: 8 mn de perdues, cette fois c'était fini. (3)
#0858 : Mais il faut bien avouer que revenir sur la MK IV de tête avait nécessité beaucoup de la part de Parkes et Scarfiotti. L’italien n'en pouvait plus d'ailleurs, il était dans un état de fatigue... Et ce n’est pas Chris Amon qui a pu sauver la mise ! Avec sa chance habituelle, il n’a pas dépassé la 8e heure.
RMs : Tsss ! Magnifique seconde place quand même, avec en bonus la 3e place de la P4 belge #24.
#0858 : J’ai alors changé une première fois de look. On était en plein « Swinging London », la mode « mini » battait son plein, les mannequins étaient filiformes, on a décidé d’enlever le haut. Je deviens alors barquette et perds ainsi une quarantaine de kilos. Comme équipage on m’affecte deux sujets du Commonwealth, l’anglais Jonathan Williams et l’australien Paul Hawkins, surnommé « Swimming Kangaroo » depuis son plongeon dans le port de Monaco.
RMs : Il s’agissait quand même de rapporter de Brands-Hatch le titre de Champion du Monde,… une solide 6e place récompensera l’équipage britannique, #8.
#0858 : Ferrari avec ses P4 est sacré Champion du Monde des marques 1967. C’est alors que la CSI sort une vraie bombe de son tiroir : limitation à 3L de la cylindrée des Sport-Prototypes à partir de 1968, idée complètement « révolutionnaire » ! Nous voilà, mes camarades et moi, condamnées à une retraite anticipée.
RMs : Le Commendatore eut du mal à digérer l’affront… Finies les Ferrari P4, exclues les Ford 7L, adieu les Chaparral, du Messmer avant l’heure...
#0858 : Je fus alors vendue à l’américain Bill Harrah, de Reno (!) USA, en vue de disputer les épreuves CanAm. Changement de look à nouveau, j’adopte une tenue de spyder très estivale, perds encore des kilos au profit d’un surcroit de puissance, je deviens alors officiellement une 350 P4 Canam.
RMs : Une carrosserie extrêmement séduisante, des résultats un peu moins. Jonathan Williams #27. (4)
#0858 : Changement de continent un an plus tard, je dispute l’épreuve de Surfers Paradies avec l’équipage Chris Amon/David MacKay (#4). Pour 1968 direction l’Afrique du Sud où je pars disputer les Springbok Series aux mains de Paul Hawkins, UK - Team Gunston.
RMs : Les acteurs appellent cela des rôles de complément…
#0858 : Mais l’Europe me manque, et les victoires aussi. C’est triomphalement que je reviens à Magny Cours en mai 1969, pilotée par le grand Mike Hailwood (#85). Le second round à Dijon fut moins glorieux…
RMs : Et puis une robe orange pour une Ferrari…
#0858 : Je termine en 1969 mes folles années de course par une nouvelle Springbok Series drivée par mon nouveau propriétaire Alistair Walker associé pour l’occasion à Robin Widdows (#6).
RMs : Et ensuite ?
#0858 : Il se fait tard. Je vous laisse consulter mes états de service. Très heureuse d’avoir fait votre rencontre.
RMs : Vous êtes toujours aussi séduisante.
#0858 : Et puis je suis bien ici, à Rétromobile. Mon transporteur historique prend soin de moi, et non loin se trouve ma petite cousine la Dino. Elle me ressemble, non ?
RMs (en aparté): les vieilles gloires ne meurent jamais. (5)
Librement adapté du scénario de ‘Titanic’ de James Cameron.
Francis Rainaut
(1) 330 est la cylindrée unitaire, tu multiplies par le nombre de cylindres et tu as la cylindrée totale 3960 cc (Gérard Crozier)
(2) Victoire de Jacky Ickx/Dick Thompson sur Mirage-Ford
(3) Extrait des mémoires de Bruno
(4) J'ai construit il y a quelques années un proto slot-racing avec carrosserie de P4 Canam surbaissée
(5) Même en forçant un peu sur le silicone au niveau des rétros
Illustrations :
- Photos 1, 2, 10, 11 et 12 ©FrancisRainaut
- Photo 6 ©DavidSmall
- Photo 15 ©Champion n°31
- Autres Photos ©DR
Chassis #0858 de 1967
Berlinette Scuderia Ferrari
Châssis type 603, moteur type 237, boîte de vitesses type 603 R.
1971 - Walter Medlin, Orlando, FL, USA
1994 - restored
1994/Aug/26-28 - Monterey Historic Races, Laguna Seca Harley Cluxton
1996/Aug - offered for sale by Medlin
1998 - Medlin did not accept $9,0 Mio, asking for $11,0 Mio
2009/May/17 - NS - RM's Leggenda e Passione Maranello auction - highbid €7.25 Mio
2009 - displayed at Galleria Ferrari, Maranello, I
2012/Feb - offered by Talacrest Ltd., UK
2012/Aug - still offered by Talacrest Ltd., UK
21:40 Publié dans c.amon, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : chris amon, l.scarfiotti, mike parkes | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | |