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Rétromobile 2023 : to everything there is a Season (*)

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Paris porte de Versailles, février 2023. Après deux années un peu pénibles, Rétromobile effectue son grand retour. Notre cher salon a retrouvé sa date habituelle, idéalement placée entre quelques escapades sur les pistes enneigées. Il a aussi retrouvé son espace, bien réparti sur trois vastes halls, « as usual ».
Muni des accréditations idoines, Il ne me reste plus qu'à traquer l'oiseau rare et surtout à rencontrer les copains.

(*) A time to be born, a time to die

Francis Rainaut

- voir aussi :  Rétro 2023, et pour quelques images de plus

rétromobile 2023

25 victoires aux 24H

A peine arrivé, et une fois salué quelques connaissances à la galerie des Artistes, je tombe sur deux  « grands » messieurs de la course automobile qui se racontent sûrement des histoires de cheval cabré.

Le stand des 24H du Mans, dont c'est le centenaire, est juste sur ma trajectoire. Il semble y avoir de l'animation, j'y effectue donc un 1er pit stop. Coincé entre une Madie Pescarolo buvant les paroles de « son » Henri et un Jarier à moitié hilare, j'assiste à une « Rétro » -spective des vingt-cinq victoires, excusez du peu, des six pilotes présents sur le stand, que Pierre Fillon - Monsieur A.C.O. - nous présente un par un.

Il y a là Gérard Larrousse, 2 victoires plus deux podiums, Henri Pescarolo, 4 victoires, Yannick Dalmas, 4 victoires pour quatre marques différentes, Emanuele Pirro, 5 victoires, Eric Helary, 1 victoire et enfin l'incroyable Tom Kristensen qui compte 9 victoires dans la Sarthe. Chacun nous a enchanté d'un petit discours, la palme de l'humour - et de l'élégance - revient à Emanuele Pirro qui s'exprime dans un français impeccable avec juste la pointe d'accent qu'il faut pour y ajouter un peu de soleil. Chapeau bas, Messieurs !

 

rétromobile 2023
Alain Prost et Jean Todt, deux grands de la course

 

rétromobile 2023

rétromobile 2023

La Porsche jaune

Certain grand auteur a jadis écrit à propos d'un chien jaune, mais là il s'agit d'auto. Intrigué par le capot ouvert d'une impressionnante Porsche 917 jaune, je m'approche. Le patron est en pleine discussion avec un client ancien pilote au sujet d'une 917 accidentée lors d'un 1er tour au Mans. J'avance le nom de John Woolfe, ce qui me vaut instantanément l'estime du boss, Franco Lembo lui-même, qui a créé sa firme Automobilia à Reims en 1997. La discussion continue, il est question de poids dudit châssis, de la position avancée du pilote, et fatalement de la sécurité précaire des bolides de l'époque. John Woolfe était tout sauf un manche, mais n'est pas Rolf Stommelen qui veut.

 

rétromobile 2023
Laffite : les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent...

 

Jean-Pierre Jabouille (1942-2023), in memoriam

Poursuivant ma visite, j'aperçois une Porsche 906 avec comme nom de pilote Jacques Laffite, mon idole de toute une époque. Flanqué de Paul Belmondo et de Bernard Darniche, Jacquot a visiblement  l'air très occupé. Je renonce donc à l'importuner, et les évènements du lendemain m'apprendront que j'ai certainement bien fait...

Perdre son grand ami de la patinoire Molitor, et plus,...  n'a pas dû être facile à avaler.

 

rétromobile 2023

Des rondelles et des hommes

Au détour d'une allée, j'aperçois sur un tabouret Daniel Champion, « le » mécano de la course auto, accompagné comme de coutume par son pote Michel Mallier. J'engage la conversation, et s'en suit un long moment rempli d'anecdotes autour de la course. Comment il a démarré dans ce milieu, n'étant pas spécialement formé à la profession, comment il faut effectuer les serrages, clé dynamométrique ou pas, qui était Didier Pironi, un gars plus ouvert et sympa qu'il n'y paraissait, comment Daniel a inventé la répartition de freinage variable en formule Renault, etc. Comme je connais le langage de la mécanique, et que je percute à ses explications, Daniel m'a à la bonne, il devient intarissable, j'aurais dû brancher le micro.
Daniel me confiera aussi qu'il devait prendre la place du regretté Jean-Claude Guénard dans le Colibri ce jour funeste. La faucheuse ne l'aura sans doute pas voulu...

Cela restera incontestablement pour moi « la » rencontre du Salon, nous échangeons nos coordonnées et j’espère bien aller lui rendre visite un jour dans sa Normandie. Tant de passion et de joie de vivre ne peut laisser indifférent. Daniel a déjà pris cher au niveau santé, je lui souhaite de rester en forme le plus longtemps possible.

 

rétromobile 2023

L'« ingeniere » version XXIe siècle

Richard Mille nous a concocté une majestueuse exposition Ferrari. Frederic Vasseur, ingénieur Estaca et nouvel homme fort de la Scuderia, ne pouvait pas ne pas en être.

Pour la suite, les images parlent d'elles-mêmes, je reste abasourdi par la beauté qui se dégage d'une Ferrari 312T, en l’occurrence celle du Tessinois Clay Regazzoni qui a aposé sa signature sur le cockpit. Qu'ajouter de plus, l'ensemble du plateau est juste splendide.

 

rétromobile 2023

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rétromobile 2023

rétromobile 2023

La Duckams de Gordon Murray

Si vous lisez l'excellent « AutoDiva » de Gérard Gamand, vous n'ignorez certainement plus rien de la saga du regretté Alain de Cadenet,, fils d'un officier de la France libre et d'une mère anglaise, et qui fut élevé par des grands-parents britanniques.

Quant à Gordon Murray, son génie créatif associé au port de tee-shirts à l'image des pop stars parlent pour lui. Cet homme-là ne peut pas être une mauvaise personne. La Duckams-Ford DFV élaborée à partir d'un châssis de Brabham F1 est le résultat de la collaboration d'Alain et de Gordon. Elle aurait été conçue dit-on tard dans la nuit, en dehors des heures de travail de l'ingénieur sud-africain chez Brabham. Elle porte en tous cas la marque de son talent.

R.I.P. Alain de Cadenet, je me souviendrais toujours d'une nuit au Mans sur une butte du Tertre Rouge en compagnie d'une bande de joyeux Rosbeefs. A chaque passage de la de Cadenet verte, c'était des hurlements de joie ponctués de rasades de bière, et ce durant presque toute la nuit. Une autre ambiance, une autre époque...

 

rétromobile 2023

La caverne d'Ali Baba

Comme de coutume, ARTCURIAL propose à la vente quelques véhicules historiques d'exception. Je n'ai pas le début du quart du budget nécessaire à un achat, mais j'ai par contre le précieux sésame me permettant de déambuler dans ce musée virtuel de la belle auto.

Je vous laisse le soin d'admirer ces merveilles, suivez mes pas dans cette caverne d'Ali Baba...

 

rétromobile 2023

rétromobile 2023

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rétromobile 2023

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rétromobile 2023

La France qui gagne

Oui je sais, ce type de discours n'est plus franchement tendance, mais il semblerait que la clientèle de Rétromobile puisse encore l'entendre. On a tous un coq gravé quelque part sur la poitrine et, facteur aggravant, on n'en a même pas honte. Matra, Alpine, D.B., Panhard, Michel Vaillant,... c'est génial et même démentiel, je traduis ça en d'jeun,  je kiffe grave.

 

rétromobile 2023

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rétromobile 2023

Le temps des copains

Il est temps de regagner ses pénates, et je n'ai pas encore vu tous mes potes habituels ex-Mémoire des Stands ou Classic Courses. Mais un ange aux ailes en alliage de chrome-molybdène doit probablement veiller sur le hasard de nos rencontres. J'ai déjà récupéré mon manteau et mon sac quand je croise pêle-mêle Gianpaolo accompagnée de sa femme, puis Olivier Rogar de Classic Courses, le TTCB Patrice Vatan himself, Pascal Bisson docteur es Lambo - qui rectifie mon erreur, avoir pris une Espada pour une Marzal ! - et autres joyeux drilles.

Tout cela devant le stand Corrèze Tourisme et son accueil hors-concours, où nous buvons un coup - et même plusieurs - à la santé de Jean-Paul Brunerie, le grand absent de cette édition 2023.

On reviendra, c'est certain...

 

rétromobile 2023

- Toutes photos ©FrancisRainaut

 


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03 février 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)

Rétromobile, Maserati, Turbotraction, costumes SlimFit...

C'est tous les ans la même histoire... Début février, je crois me rendre au salon de la Voiture de Course - rétro - alors que je sais pertinemment qu'il ne s'agit « que » de Rétromobile.

Et arrivé porte de Versailles - au terminus du boulevard Victor - je suis comme aimanté par le moindre bolide de course et c'est encore bien pire lorsque ledit bolide a les roues découvertes.

Et puis finalement en observant un peu les alentours, il y a toujours un ou plusieurs pilotes avec qui échanger quelques anecdotes, il y a aussi les « belles » du salon, vraies ou fausses gloires, parfois beautés intactes, parfois croulant sous trop de rimmel...

Enfin il y a surtout les amis et les connaissances, Rétromobile a le don d'en réunir un certain nombre dans la même unité de temps, de lieu et souvent d'action.

- Voir aussi Rétromobile: la confession d'une enfant du XXe siècle

8.gp-nizza-1933.jpg  par Francis Rainaut

 

Maserati 8 CM 1934:

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Il y avait peu de monoplaces cette année, intéressons-nous à cette élégante Maserati 8CM de 3 litres de cylindrée, ancêtre des monoplaces de Grand Prix, qui fût la  reine de la saison 1933.

TazioNuvolari.jpgRaymond Sommer lui fit faire ses premiers pas au Grand Prix automobile de Tunisie. Puis Tazio Nuvolari, qui courrait pour la Scuderia Ferrari au volant d’une Alfa Romeo P2, fut informé de l'arrivée de cette nouvelle Maserati 8CM et comprit vite que l'Alfa n'était plus à la hauteur. Ferruccio Testi, actionnaire de la Scuderia Ferrari, mit en relation Ernesto Maserati avec le Mantovano volante.

Enzo Ferrari fit alors de vagues promesses à Nuvolari au sujet d’une commande de Maserati 8CM et puis finalement Ernesto Maserati proposa à Tazio Nuvolari d'expédier en Belgique une Maserati 8CM avec mécanicien.

Nuvolari fit faire quelques modifications dans le but de rigidifier son châssis, puis remporta à son volant le Grand Prix de Belgique, la Coppa Ciano et le Grand Prix de Nice. Mais la belle idylle ne devait pas durer. Début 1935, Nuvolari faillit céder aux sirènes d’Auto Union. Il fallut alors toute l’influence du « Duce » pour qu’Enzo Ferrari accepte de reprendre le Campionissimo.

Victime d'un AVC, Nivola disparaîtra en 1953, l'année où fut présentée la SOCEMA-Grégoire.

La Maserati 8CM allait ensuite faire le bonheur de nombreux pilotes privés, parmi lesquels l'inénarrable « Phi-Phi » Etancelin, avant de se voir dépasser par la concurrence Alfa Romeo, Mercedes et Auto Union. L'ère des Titans pointait son nez, anticipant une autre ère nettement plus sombre... En tout dix-neuf modèles de 8CM ont été produits.

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S.O.C.E.M.A.-Grégoire 1953:

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Spirou53LuxeSecret.jpgJean-Albert Grégoire avait coutume de dire que la vérité mécanique est toujours belle. Ce brillant polytechnicien - par ailleurs sportif confirmé - qui fut aussi critique d’art ou encore écrivain romancier considérait la SOCEMA-Grégoire comme étant son chef d’œuvre.

L’ingénieur Grégoire, qui  peut être considéré comme l’archétype du vrai « Designer », a toujours préféré l’efficacité aérodynamique aux excès des stylistes. Comme nombre de ses congénères de l’X, il a des idées bien arrêtées (1) et met toute son intelligence au service de l’innovation et de l’efficience technique. Parmi ses réalisations figurent notamment l’AF-G (Aluminium Français-Grégoire ), l’Hotchkiss-Grégoire et donc cette fluide voiture à turbine exposée ici.

(1) Clin d’œil à mon père

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Alors pourquoi la SOCEMA-Grégoire ? Pour démontrer une fois de plus la pertinence des quatre grands principes à la base de sa conception de l’automobile moderne : - les roues avant motrices - le centrage des masses - la carcasse en aluminium coulé, plus rigide et plus légère que les coques en acier d’alors - et la finesse aérodynamique, qui autorise des vitesses élevées pour une consommation relativement basse.

Mais le plus remarquable est sans doute la beauté de cette voiture. Franquin ne s'y est d'ailleurs pas trompé en s'en inspirant directement pour dessiner sa Turbotraction.

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Jean-Pierre Jaussaud coté pile et coté face:

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Si voulez des confidences de JPJ, c'est simple, parlez-lui de JCA, comprenez Jean-Claude Arnold. Après tout devient simple, il vous expliquera comment chez Matra il y avait les potes à Leguezec d'un coté, les amis de Lagardère de l'autre. Mais quel moral Jean-Pierre, il est heureux d'être ici, il n'y a qu'à voir son sourire. Patrice Moinet m'explique comment il a mené à bien l'écriture du livre sur son idole Jean-Pierre Jaussaud (2), lui qui n'est pas écrivain. Ce livre comble un manque, notamment sur les débuts de Jean-Pierre et toute l'époque « karting » en Normandie, c'est simple depuis une semaine le bouquin ne quitte plus ma table de nuit.

(2) Ma vie de pilote (Patrice Moinet) - Editions l'Autodrome

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Modèles réduits:

Bon, disons-le tout net, au niveau des modèles présentés ce Rétro manquait un peu de vraies pointures, à défaut de jeunes minets costards SlimFit qui vous toisent d'un air un peu « c'est pas toi qui fera monter les enchères à la vente de la collection Baillon, faudrait déjà qu'y t'laissent entrer... », mais seraient probablement bien incapables de citer une seule des différences qu'il y a entre une Ferrari P3 et une Ferrari P4 sans le secours de leur précieux smartphone. En définitive Delon n'a peut-être pas eu tout-à-fait tort de pousser son coup de gueule.

Alors je me suis fait mon petit Rétromobile de rêve à moi.

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Les copains d'abord:

"Au rendez-vous des bons copains,
Y'avait pas souvent de lapins,
Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il était mort..." 

Mémoire des Stands, Autodiva, Classic Courses, Memories that Stand Out, JPB du Limousin ... les amis, les (anciens) amis, les copains, les (nouveaux) copains, les connaissances, on arrive à rencontrer plein de monde à Rétromobile, quelque part ça tient du miracle et c'est sans doute pour ça que tous les ans on y revient. Je ne sais pas si c'est Jacques Vassal ou François Chevalier qui m'inspirent cette citation de Brassens, parler avec ces Gens-là vous enrichit, finalement en regardant bien, des monoplaces et du spirit il y en avait quand même pas mal à Rétromobile 2015...

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- Photo 1 Affiche Maserati 1933 ©DR

- Photo 3 Tazio Nuvolari ©DR

- Photo 4 Philippe Etancelin, Maserati ©DR

- Photo 5 SOCEMA-Grégoire, Rétromobile ©F.Rainaut

- Photos 6 & 7 Turbotraction ©Franquin

- Photo 8 Turbotraction, Cité des Siences & de l'Industrie ©F.Rainaut

- Photo 16 Robert Neyret ©F.Rainaut

- Photo 17 Francis Rainaut, Erik Comas ©F.Rainaut

- Photo 18 Erik Comas, François Blaise, Philippe Streiff ©F.Blaise

- Autres Photos ©F.Rainaut

tazio nuvolari,maserati,jean-pierre jaussaud

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12 février 2015 | Lien permanent | Commentaires (4)

le GP de PAU 1964

jp beltoise,jim clark

 Le 5 avril 1964 représente une date clef pour le sport automobile français. Ce jour-là a lieu la 1re épreuve de la nouvelle Formule 2 1000 cc. Dans le plateau figurent cinq voitures « bleues », respectivement trois Alpine et deux René Bonnet, dont l’une confiée à « l’espoir » issu de la compétition moto, Jean-Pierre Beltoise pour ne pas le nommer, pour qui c’est aussi la première course en monoplace.

On note au hasard des participants F2 ou F3 les noms de Maurice Trintignant, d’Henri Julien mais aussi ceux de Johnny Rives, de Jacques Maglia ou encore du Prince Gaetano Starrabba di Giardinelli.

Ceci pour parler des pilotes latins, car les pilotes britanniques ont alors la mainmise sur les courses de monoplaces, avec à leur tête l’immense Jim Clark.

Replongeons-nous avec délice dans le compte-rendu qu’en avait fait Sport auto dans son numéro de mai 1964...

jp beltoise,jim clark

     JIM CLARK

(Lotus - Ford - Cosworth)
domine sans rival

le GP de PAU

de nos
envoyés
spéciaux

LE 24e GRAND PRIX DE PAU, premier de la série des cinq G.P. de France 1964, a vu le champion du monde Jim Clark remporter une nouvelle victoire à la façon qui lui est chère... et habituelle : parti en tête, il ne fut jamais rattrapé. Certes l'Ecossais n'avait aucun adversaire à sa mesure, Graham Hill, qui devait piloter une Alpine, ayant renoncé, pour des raisons que nous expliquons par ailleurs. Dans ces conditions, trois hommes seulement pouvaient prétendre à tenter de l'empêcher de remporter pour la troisième fois la grande épreuve paloise : le très rapide néo-zélandais Denis Hulme, qui disposait de la seule Brabham 1964 à moteur Cosworth SCA qui ait été prête à temps pour cette épreuve, et les deux pilotes du Midland Racing Partnership : Tony Maggs et Richard Attwood, dont les Lola « Junior 1963 » avaient été fraîchement équipées du même moteur Cosworth SCA que leurs deux rivaux britanniques. L'inconnue de cette course était, nous l'avions écrit le mois dernier, la solidité de ce moteur Cosworth, dont on savait que des ennuis de pistons lors de la période de mise au point risquaient de compromettre la performance. En fait, la réponse à cette inconnue n'a pas été entièrement apportée : le pilotage inspiré d'un homme qui domine de très loin tous ses adversaires actuellement, l'excellente mise au point de sa nouvelle Lotus 32, pourtant terminée à la toute dernière minute et qui fit sur le circuit de Pau ses premiers tours de roues, furent de tels atouts que c'est avec une marge de sécurité de 1.000 t/mn inscrite sur le mouchard de son compte-tours, que Clark terminait la course très détaché. On peut cependant avancer que d'ores et déjà cette combinaison Lotus-Cosworth, avec ou sans Jim Clark au volant, doit être désormais considérée comme la voiture à battre, le point de mire pour tous ses adversaires.

 

jp beltoise,jim clark
René Bonnet Djet, Missile et formule 2

 

Le Grand Prix de Pau était en quelque sorte une date historique pour la course automobile française, puisqu'il voyait au départ pas moins de deux marques bleues de France s'aligner avec trois voitures pour Alpine et deux pour René Bonnet. Ni l'un ni l'autre n'ont démérité mais il est certain qu'il reste encore beaucoup à faire pour pouvoir approcher nos rivaux étrangers et ceci d'autant plus que c'est certainement des cinq Grands Prix de France, celui de Pau où il semblait le plus facile de réaliser une bonne performance, grâce à l'excellent couple à bas régime du moteur Gordini-Renault qui permettait à nos voitures de remonter légèrement les britanniques dans les sorties de virages lents, et en particulier à l'épingle du lycée. On peut en tout cas se féliciter que sur les cinq voitures au départ, quatre aient été à l'arrivée, même si elles furent toutes plus ou moins retardées par de légers incidents mécaniques, et la seule élimination : celle du jeune Jean-Pierre Beltoise, qui fut l'une des révélations de cette épreuve, est due entièrement à la maladresse d'un concurrent britannique, et non à des causes mécaniques. Cette belle démonstration d'ensemble doit être un précieux encouragement pour nos constructeurs qui ont su oser, mais elle doit surtout inciter la Régie Renault à intensifier son effort afin de les doter d'un vrai moteur de course, et non plus d'un moteur « Grand Tourisme » beaucoup plus valable dans une épreuve telle que les 24 heures du Mans que sur un circuit de vitesse.

 

jp beltoise,jim clark
le Champion du Monde 62 Graham Hill, a essayé l'Alpine, mais n'a pu prendre le départ,
la voiture qui lui était destinée n'étant pas en état.

 

GRAHAM HILL SUR ALPINE 

Des trombes d'eau s'étaient déversées sur la région paloise toute la journée du jeudi précédent la première séance d'entraînement, augurant bien mal ce week-end que l'on préfère chaud et ensoleillé. Mais cependant, l'espoir était au cœur de tous car la sensationnelle nouvelle venait d'être annoncée par l'Automobile Club Basco-Béarnais : le Champion du Monde 1962 Graham Hill avait accepté l'invitation que lui avait faite Jean Redelé de conduire une de ses Alpine afin de tenter d'enrayer la menace écrasante de Jim Clark et sa Lotus. En fait, dès le vendredi et la première séance d'essais, il semblait que cet espoir n'était pas vain: c'est le jeune Belge Mauro Bianchi qui réalisait le meilleur tour avec un temps d'une minute 44 secondes 1/10 alors que Clark ne parvenait à s'adjuger que le troisième temps : 1' 45" 7, derrière son coéquipier Peter Arundell dont la Lotus 27 à moteur Ford-Cosworth culbuté tournait en 1' 45" 4. Graham Hill, quant à lui, avait à peine passé le cap des 2 minutes (1' 59" 1) mais il n'avait disposé de son Alpine toute neuve que durant quelques minutes à la fin de l'entraînement, sur une piste détrempée, et le manque de mise au point de cette voiture n'ayant encore jamais roulé ne lui avait pas permis de se donner à fond. 
Le lendemain, hélas, il fallut vite déchanter. Jim Clark, qui avait tourné la veille avec le plein de carburant, des rapports de vitesses mal adaptés, et des carburateurs déréglés, imposait immédiatement sa loi avec un temps excellent d'une minute 36 secondes 3/10, à 6 secondes de son meilleur temps de l'an passé, sur une F 1 de 1.500 cc. A 3/10 de seconde seulement, nous trouvions l'excellent Richard Attwood, la nouvelle recrue de B.R.M., qui précédait Peter Arundell dont la Lotus rendait près de 30 ch à celle de son glorieux coéquipier. Si Mauro Bianchi réalisait à nouveau une excellente performance : 1' 39" 2, qui lui permettait de prétendre à la deuxième ligne au départ, la situation était en revanche moins brillante pour ses coéquipiers: José Rosinski ne parvenait pas à battre le mur des 2', sa voiture étant arrivée dans la nuit par camion était dans le même état que celle de Graham Hill la veille, quant à ce dernier, il dut attendre jusqu'à la fin de l'entraînement pour pouvoir remonter dans sa voiture qui avait été amenée trop tard sur le circuit et dans le même état d'impréparation que la veille. Très clairement, l'équipe Alpine était complètement débordée par les événements, et l'on comprend parfaitement que Graham Hill, en plein accord avec Jean Rédelé, n'ait pas voulu risquer son prestige personnel dans une entreprise certes pas vouée à un échec total, mais en tout cas indigne de son nom et de sa réputation.

 

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Jim Clark, Peter Arundell. Lotus-Ford-Cosworth

 

CLARK TOUT SEUL

Le dimanche après-midi, après la course des F 3, qui avait laissé ses marques sur le circuit par de longues traînées d'huile dans la descente, les F2 furent alignées au départ dans l'ordre suivant : 

Arundell              Attwood           Clark
  (Lotus-Cosworth)  (Lola-Cosworth)  (Lotus-Cosworth)
   1'37"3               1'36"6            1'36"3
         Bianchi            Beckwith
         (Alpine-Renault)   (Cooper-Cosworth)
              1'39"2             1'38"9
Gardner                Maggs             Hulme
(Lotus-Ford)      (Lola-Cosworth)   (Brabham-Cosw.)
    1'40"3                  1'40"2              1'39"5
          Trintignant         Hegbourne
         (Gemini-Ford)    (Cooper-Cosworth)
            1'43"7             1'43"3 
  Pandolfo              Hawkins           Beltoise 
(Brabham-Giannini) (Alexis-Ford)    (R. Bonnet-Ren.)
     1'54"                    1'52"8               1'49"4 
         Starrabba           Laureau 
      (Brabham-Giannini)  (René Bonnet-Renault) 
              1'58"1                1'55"8
         Rosinski              Maglia 
      (Alpine-Renault)    (Alpine-Renault) 

Le forfait de Graham Hill étant connu de Jean Rédelé, à la dernière minute ce dernier avait demandé au jeune Jacques Maglia, dont la Brabham n'avait pas été livrée à temps (partageant ainsi le sort du Champion de France Jo Schlesser) , de prendre le volant de la voiture destinée à José Rosinski, ce dernier héritant de celle destinée au Champion du Monde.
La piste était presque complètement asséchée, après une petite averse qui était tombée au cours de l'épreuve des Formules 3, et l'on vit, comme prévu, « l'Ecossais volant » prendre son habituel départ en flèche et mener à la fin du premier tour, avec environ une seconde d'avance sur Richard Attwood, qui précédait son coéquipier Tony Maggs, côte à côte avec Peter Arundell. Mike Beckwith passait en 5e position, devançant de peu l'excellent Jean-Pierre Beltoise, très décidé à faire des prodiges sur ce circuit palois où il s'était distingué, sur deux roues, la semaine précédente. Deux incidents déjà : Frank Gardner avait encrassé une bougie sur la ligne de départ et s'était arrêté plus d'un tour à son stand pour retrouver les « quatre pattes » de son moteur, quant à Denis Hulme, qui n'avait bénéficié que d'une seule séance d'entraînement, sa voiture ayant été prête tardivement, il ne pouvait faire la preuve des possibilités de sa nouvelle Brabham, car il avait été télescopé au virage du casino et, suspension arrière cassée, contraint à l'abandon. Au 2e tour, Tony Maggs était parvenu à se détacher légèrement de Peter Arundell; quant à Mauro Bianchi, il avait doublé son coéquipier Rosinski, en difficultés de moteur, et venait menacer Jean-Pierre Beltoise qu'il devait passer au tour suivant. Maurice Trintignant s'arrêtait à son stand de ravitaillement, la commande de l'un de ses deux carburateurs étant déconnectée.
Au 3e passage, c'est l'Italien Pandolfo qui prenait la ligne de décélération, laissant une longue traînée d'huile derrière lui : son moteur Giannini venait de rendre l'âme : deuxième abandon de cette épreuve.
Au 5e passage, Clark comptait déjà 6" d'avance sur la Lola bleu foncé du Midland Racing Partnership, et l'on enregistrait un nouvel arrêt: celui de l'Alpine de Jacques Maglia dont le moteur ne fonctionnait pas bien et que les mécaniciens se montrèrent incapables de remettre en état. Il repartait après un arrêt long et infructueux. On sut seulement par la suite qu'il s'agissait d'une panne de bobine.
Au 7e tour. nouvel arrêt : c'était cette fois-ci la Giannini de Starrabba qui avait perdu un cylindre, repartait sans conviction et abandonnait au tour suivant : soupape cassée. Et puis c'était au tour du Champion de France, Maurice Trintignant dont la vieille Gémini poussive évacuait la piste : « ma pression d'huile est tombée », nous disait, désolé, celui qui a inscrit trois fois son nom au palmarès de cette épreuve. 

 

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M.Bianchi devant T.Hegbourne, J-P.Beltoise et M.Trintignant

 

Trois tours après, Tony Maggs s'arrêtait à son tour, mais s'il avait coupé son moteur, un bruit étrange s'échappait de son capot: le démarreur était resté enclenché depuis le départ (Bendix coïncé) et avait « pompé » la batterie. Il fallut 10 tours à ses mécaniciens pour changer de batterie, et parvenir à faire redémarrer le moteur au démarreur ainsi que l'exige le Règlement, après avoir déversé des litres d'eau sur cet élément surchauffé, pour le refroidir. Entre-temps, profitant d'un des nombreux tête-à-queue de Mike Beckwith vraiment peu en forme, Mauro Bianchi était parvenu à s'installer à la 4e place. Voilà qu'un nouveau tête-à-queue de Beckwith le mettait nez à nez avec Jean-Pierre Beltoise qui devait aller taper le trottoir pour l'éviter et rentrait à son stand avec le train avant complètement faussé. Beltoise devait repartir, ayant perdu 2 tours, mais malheureusement, il s'arrêtait à nouveau et définitivement cette fois-ci, sa suspension ayant trop souffert de cet incident. On notait ensuite un nouveau tête-à-queue de Beckwith qui gênait considérablement José Rosinski, son suivant immédiat et permettait à Tony Hegbourne, sur la deuxième Cooper du Normand Racing Team, de prendre la 5e place.
A la mi-course, l'ordre était le suivant : Clark, Attwood ; à 1 tour Arundell, Bianchi, Hegbourne, Beckwith, Rosinski. A 3 tours : Hawkins, dont la voiture avançait bien lentement, Laureau et derrière eux, très distancés Maglia (sur 3 cylindres), et Maggs qui n'avait pu refaire son retard. On constate qu'il manquait un 6e homme : Frank Gardner qui était sorti de la route à la chicane au cours du 34e tour.

José Rosinski était désormais placé derrière les deux Cooper bleue et blanche mais il retrouvait tout à coup les chevaux manquant à son moteur et parvenait à redoubler Beckwith malgré l'évidente mauvaise volonté du Britannique qui devait la payer d'un nouveau tête-à-queue.
La course avait désormais perdu beaucoup de son intérêt : il était évident que Clark ne faisait plus que de se promener et bien qu'il ait établi le record du tour en 1' 35" 7/10 (103,824 km/h) il est certain que ses possibilités sont bien supérieures.
Au 50e tour, José Rosinski parvenait à enlever la 5e place à Tony Hegbourne dont le moteur donnait des signes de défaillance. Il s'avéra par la suite qu'il s'agissait simplement d'une saleté dans le carburateur, et Hegbourne reprenait sa vitesse de croisière sur la fin de la course mais il était trop tard pour qu'il puisse menacer les voitures françaises.
Au 63e tour, Mike Beckwith effectuait un nouveau tête-à-queue, mais cette fois la coupe était pleine et il ne parvenait pas à redémarrer son moteur : c'était l'abandon. 

Avec Beltoise éliminé, l'équipe Bonnet enregistrait un nouvel avatar : l'un des boulons qui maintiennent tout l'arrière du châssis de la voiture de Gérard Laureau, en se détachant, avait fait faire à ce dernier un splendide tête-à-queue, et l'avait contraint à un long arrêt à son stand pour réparation. Les espoirs français se reportaient désormais sur Mauro Bianchi en 4e position derrière la Lotus à moteur culbuté d'Arundell, et l'on eût bien aimé voir le « double arbre » français prendre l'avantage sur cette voiture désormais périmée. Malheureusement, il n'en fut plus question car Bianchi éprouvait de sévères difficultés avec son différentiel, et non seulement il ne s'approchait pas d'Arundell, mais c'est son propre coéquipier Rosinski qui venait le menacer et devait même le doubler à quatre tours de la fin, de sorte qu'à l'issue des 80 tours, c'est Jim Clark que l'on acclamait une fois de plus en vainqueur, avec une avance de près d'un demi-tour sur Richard Attwood, et de 2 tours sur le quatuor Arundell, Rosinski, Blanchi, Hegbourne.

 

CLASSEMENT GENERAL

  1. Jim Clark (Lotus-Ford-Cosworth), 
    pneus Dunlop, Garnitures Ferodo, Huile 

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« 24 Heures démentes »

24h du mans,john woolfe

« Lancés à plus de 300 km/h, les pilotes flirteront sans cesse avec la mort. » (1)

Tel est le titre d'un quotidien paru un 11 juin, dont on peut dire qu'il ne s'embarrasse pas de données techniques ni de description des forces en présence; on y retrouve cependant tous les clichés éculés concernant ces trompe-la-mort, ces risque-tout, ces fous-du-volant, bref ces pilotes.

Vu le style employé, il doit probablement s'agir d'un journal « à fort tirage » qui doit dater de la fin des années soixante, quand les images de l'accident de 1955 étaient encore bien présentes dans les esprits, et que les sport-prototypes commençaient à faire tomber tous les records de vitesse...

24h du mans,john woolfe

Et bien vous n'y êtes pas. Ce quotidien - gratuit - est sorti ce jeudi 11 juin, il fait même l'objet d'une « 21e Minute », l'article est écrit par un journaliste sportif.

D’hier ou d’aujourd’hui, ces propos nous interpellent. Ainsi ce serait cela, la course automobile ? Une sorte de roulette russe où le pilote dispose malgré tout de quelques cartes pour s’en sortir. Mais pas toutes, sinon à quoi bon assister à des courses d'autos...

24h du mans,john woolfe

 

« Vingt-quatre heures contre la mort »

« Lorsqu’il s’agit d’évoquer les dangers du sport automobile, les pilotes ne sont pas très loquaces. Pourtant, une centaine de personnes, dont 22 pilotes, sont morts en 82 éditions de cette épreuve mythique. Une course jamais interrompue, même quand une voiture a foncé dans le public, en 1955, fauchant 84 vies. » …

Donc il y a très exactement soixante ans, ce « pauvre » Pierre Eugène Alfred Bouillin, dit Pierre Levegh a carrément foncé dans le public; l'Austin-Healey n'existe pas, le muret non plus, l’enchainement fatal de circonstances encore moins, c’est le pilote - très certainement un dingue – qui a foncé dans le public.

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« La mort, Loïc Duval l’a vue de près en 2014 lors des essais qualificatifs. Lancé à plus de 200 km/h, le vainqueur de l’édition 2013 a fracassé son Audi contre un rail de sécurité à la sortie des virages Porsche. Un an après, il ne se souvient toujours pas de l’accident. » …

« en 2011, moins d’une heure après le départ, Allan McNish, au volant de l’Audi n°2, fracasse sa voiture. » …

Voilà ce qu’il faut raconter aux lecteurs, en prenant de préférence l’accent marseillais. A n’importe quel moment, y compris en tout début de course, un pilote expérimenté est susceptible d’aller « fracasser » sa voiture dans les fascines, on vous a bien prévenu, il pourrait y avoir du spectacle.

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Allons un peu plus loin. Aujourd’hui les courses de Formule 1 ne sont plus recette, c’est la faute à Lewis, c’est la faute à Bernie, c’est la faute à Mercedes, c’est la faute à Pirelli. Certes… mais c'est aussi parce que le danger est devenu très virtuel, même si personne - absolument personne - n'a envie de revoir des images d'une Marussia se « fracassant » contre une grue.

Même si sa vision de la course mancelle est un peu caricaturale, le journaliste sportif du jeudi n’a pas entièrement tort. Parmi les ingrédients constitutifs de la magie du Mans figurent en bonne place un circuit encore « viril », des conditions de course changeantes, un mélange des forces et des niveaux propice à des accrochages. Mais aussi cette manière aujourd'hui un peu désuète de s'enfiler des morceaux de nationales à plus de 300 km/h. Débat sans fin.

Oui le danger et le risque font bien partie de la magie du Mans. Mais ils font aussi partie de la traversée de l'Atlantique à la voile et de la plupart des expéditions en montagne. On peut aussi apprécier un match de rubgy, sans pour autant guetter le moment où le sang giclera.

Bien sûr,... mais au fond, c'est le « journaliste » qui a doit avoir raison. Pour stimuler l'intérêt du public pour la course automobile, il faut du sensationnel, il faut du « trash ». Alors oui, course contre la mort, pas de risque zéro, c'est la recette pour relancer le cirque, et bien Bernie, tu dors ?

Mais ce week-end, qu'il nous soit permis d'assister à de belles joutes entre ces magnifiques protos, sans oublier de saluer respectueusement Marius Mestivier, Pierre Levegh, « Bino » Heins, Roby Weber, Lucien Bianchi, John Woolfe, Jo Bonnier, Jo Gartner, Sébastien Enjolras, Allan Simonsen et tous ceux qui ont laissé leur vie sur ce circuit, dont presque une centaine de spectateurs le 11 juin 1955.

 (1) Toutes citations extraites du quotidien « 20 minutes », #2851.

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par Francis Rainaut

- Images ©DR


 

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13 juin 2015 | Lien permanent | Commentaires (1)

Peter Revson, an American Lord…

Le passage en formule 1 de cet américain, neveu du magnat de l’industrie cosmétique Revlon (1) et héritier présumé de la fortune de son père Martin fut bref, bref mais intense, laissant comme une odeur de bouquet inachevé...

Au lieu de se contenter de sa vie, toute tracée, de riche playboy aventureux, séduisant et bardé de diplômes, Peter rompt avec sa famille et se lance en vrai professionnel dans sa passion : la course automobile. (2)

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par Alain Hawotte

Après avoir fait ses premières armes dans les épreuves locales d'Hawaï, ce qui par ailleurs ne devait pas être trop désagréable, il vient en Europe prendre des cours de pilotage en 1960 à Monza puis retourne ensuite aux USA pour débuter en formule Junior avec une Cooper.

Fort de quelques bons résultats il revient en Europe en 1963 et est repéré par Tim Parnell, il participera à quelques courses de F2 et débutera en F1 lors de la Gold Cup à Oulton Park (course hors championnat en Angleterre vers le mois d'avril).

L'année 1964, le voit réellement débuter en F1 avec Parnell toujours, mais ça ne marche pas, Peter n'est pas au parfum et le Team ne le sent pas trop...

Sage et toujours très professionnel il se rend compte de son erreur, trop jeune, trop vite, trop tôt alors il passe un accord avec le Team LOTUS pour redescendre en F2 et F3 en 1965 et Banco! il gagne à Monaco la course de F3... mais décidément, les monoplaces ne lui plaisent qu'à moitié et Peter retourne aux USA où le sport auto s'apparente à un show qui cadre mieux avec ses instincts… (3)
Cependant Peter fait toujours preuve d'un parfait professionnalisme et il gagne partout, souvent et avec n'importe quelle auto en Trans-am, en Canam, en Indy et en Endurance.

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Gérard Crombac qui croit en lui pour la F1 le persuade d'y revenir et pour l'y aider quoi de mieux que de s'associer avec une autre star hollywoodienne : Steve Mc Queen… Steve a besoin d'un excellent premier pilote pour assouvir sa passion de rouler en endurance. Alors en 1970 sur une petite Porsche 908 3L, ils passent tous deux à 23 secondes de la victoire à Sebring battus de justesse par une grosse  Ferrari 512S de 5 L conduite par un super Mario…

Cette seconde place relance la carrière de Peter.

En 1971, il intègre pour la Canam le prestigieux Team Mc LAREN : il remporte immédiatement le trophée et termine même second aux 500 miles d'Indianapolis.

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Un parfum de victoire flotte à nouveau sur ses épaules et comme les monoplaces de F1 ont pris de l'embonpoint, il parvient à caser plus facilement sa large carcasse dans le cockpit... d'une Mc Laren bien sûr, et plus cocasse encore, d’une YARDLEY Mc Laren ! (Yardley est un parfumeur anglais!) En 1972 il enlève de nombreux podiums et en 1973 c'est la consécration, devant un Hulme déclinant, il apporte les seules victoires du team…

La logique voudrait qu'il soit préféré à Hulme en 1974 comme équipier de Fittipaldi mais non, Hulme est un monument chez Mc Laren et en remerciement des services rendus depuis la mort de Bruce, on ne déboulonne pas le monument.

Qu'à cela ne tienne Peter devenu un des pilotes les plus rapides et recherchés est engagé par le team américain SHADOW... c'est sur cette Shadow qu'il devait trouver la mort aux essais préliminaires du GP d'Afrique du Sud 1974. (4)

Ainsi disparut un homme au talent éclectique méconnu de beaucoup, Peter REVSON !

- Voir à ce sujet The Bryan Times, Saturday, March 23, 1974

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(1)   Revlon est une marque américaine de cosmétiques et de parfums créée en 1932 par Charles Revson, son frère et un ami chimiste, Charles Lachman. Les Revson ont repris le « L » de Lachman pour le nom de la marque (Revlon).

(2)   Selon Jon Thompson qui l’a bien connu, Peter déclarait avec force et à maintes reprises, à ceux qui lui posaient la question: « Je ne suis pas l’héritier ! »

(3)   Touché aussi par l’accident mortel au Danemark en 1967 de son frère cadet Douglas « Doug » Revson, qui avait suivi son exemple.

(4)   Par une curieuse coïncidence dont l’histoire est coutumière, les destinées de François Cevert et celle de Peter Revson présentent beaucoup des similitudes. Ces deux « beaux gosses » sont les descendants coté paternel de familles juives venues d'Europe de l'Est, ils sont tous les deux morts tragiquement avant d’avoir eu le temps de réaliser leur rêve de devenir le premier champion du monde de leur pays, ou peu s'en faut...

 

- Photos ©D.R.

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15 octobre 2014 | Lien permanent | Commentaires (8)

24H du Mans 1970 : échec et Mat… ra !

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La firme Matra connut une saison faste en 1969. L’équipe Tyrrell (Matra International) remporte le Championnat du Monde F1 avec le châssis MS 80 mû par le Cosworth. Johnny Servoz-Gavin empoche le titre européen de F2 sur la MS7. L’équipe fait bonne figure en catégorie sport prototype notamment au Mans où trois voitures sont classées aux quatrième, cinquième et septième places.

Suite à cette période favorable 1970 ouvre les prochains enjeux de la firme de Vélizy. Le V12 maison équipe la nouvelle F1 MS 120 et la victoire au Mans demeure le défi lancé par Jean-Luc Lagardère.

François Coeuret

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Cent chevaux qui comptent

Un défi plutôt osé lorsqu’on prend en compte les armadas Porsche et Ferrari qui vont battre le fer dans la Sarthe à cylindrée égale, 5 litres. Des autos censées être des « voitures de sport » mais qui sont en fait de véritables protos construits à 25 exemplaires avec 2000 cm3 de plus que ceux de la catégorie « prototypes » limités à 3000 cm3. Le V12 3 litres Matra, s’il a bien évolué dans sa version MS 12, rend une bonne centaine de chevaux aux productions italiennes et germaniques. Le PDG français si pressé de conquérir Le Mans tente une gageure car de la part de Porsche et Ferrari il s’agit bien d’un « léger » contournement de réglementation.

 

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Une saison laborieuse

Le clan Matra fourbit ses armes en vue de l’épreuve phare. L’équipe est sur le pied de guerre dès le mois de janvier à Buenos Aires où Beltoise et Pescarolo remportent les 1000 km, disputées hors Championnat. Daytona suit, une répétition sur deux tours d’horloge. Jack Brabham vient renforcer les rangs des pilotes maison Beltoise, Pescarolo, Cevert au volant des 650. Amortisseurs, embrayage, allumage : la liste des soucis ne va pas épargner les bleus. Pilotes et mécanos ont eu du pain sur la planche pour amener les deux protos à l’arrivée aux dixième et dix-huitième places. A Sebring où Gurney et Servoz-Gavin remplacent Brabham et Beltoise retenus en Europe, les deux voitures terminent cinquième et douzième. La campagne nord-américaine a vu au moins les 650 finir leur course. Il est à noter que l’arrivée chez Matra de François Cevert au sein d’un effectif de pilotes très confirmés s’est déroulée favorablement pour l’intéressé. Issu de la F2 le pilote parisien s’est intégré facilement. Il s’est hissé rapidement au niveau de ses illustres équipiers Jack Brabham et Dan Gurney. Une victoire mais hors championnat vint d’ailleurs récompenser le duo Brabham-Cevert lors des 1000 km de Paris en fin de saison.

 

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Objectif Le Mans 

Après les courses de Brands Hatch et Monza sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement l’impasse est faite sur Spa de même que la Targa Florio et le Nürburgring dont les circuits sont très éloignés des contraintes du Mans. Pourtant ce sont ces deux épreuves-là qui étaient à la portée d’une 650 ou d’une 660. Porsche y engageait ses 908/3 3L et Ferrari ses trop volumineuses et lourdes 512S. Matra peaufine donc sa préparation pour les 24 Heures. Le handicap est conséquent face aux nombreuses « sport 5L » mais impossible ne fait pas partie du vocabulaire du PDG de Matra.

 

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Essais - course : la quadrature des segments 

Trois protos arrivent en terre sarthoise. La dernière création de la marque, la 660 à châssis monocoque et deux 650. La 650 de Brabham-Cevert possède une « poupe » profilée. La seconde à capot arrière conventionnel est pilotée par Jabouille et Depailler qui arrivent en renfort. Les essais débutent, Beltoise et Pescarolo ne sont pas satisfaits de leur 660. Brabham « l’ancien » est le plus enthousiaste. L’Australien prend plaisir à piloter… Dans sa fougue il alla jusqu’à sortir une Porsche 908 à la chicane Ford ! A la vue de ces séances le pari de Lagardère paraît osé. Treize 5 litres ou 4.5L précèdent sur la grille la Matra la mieux qualifiée, celle de Brabham-Cevert, meilleur temps tout de même des 3 litres (3’32’’200 contre 3’19’’800 pour la pole de Elford-Ahrens-Porsche 917 LH). S’imposer à l’usure devenait un pronostic hasardeux.

 

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De fait lors des trois premières heures même les Alfa tiennent tête aux Matra. Pescarolo a été retardé par des soucis de capot avant à refixer. Depailler-Jabouille sont en retrait. Le moral est en berne même si au cours de la 5e heure deux voitures bleues se maintiennent en 8e et 9e position. Au cours de la sixième heure de course la douche va être froide pour l’équipe alors que la pluie s’est invitée au-dessus du circuit. Les trois voitures vont sombrer à tour de rôle victimes de segments défectueux. Cette fourniture de pièces ruine donc les espoirs de Jean-Luc Lagardère. L’équipe Matra sonnée fait ses valises.

 

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On ne récrit pas le passé mais on peut commenter !

Contre toute attente, et si le pari de Lagardère n’avait pas été si utopique ? En Amérique du Nord les moteurs avaient tenu respectivement 24 et 12 heures. En se remémorant le déroulement de la course il est concevable de penser que sans cette faiblesse anormale concernant la segmentation les voitures bleues, épargnées de soucis techniques majeurs, n’auraient pas été loin du trio final au bout de 24 heures. La course peut réserver tellement de surprises (35 abandons) … Pour revenir encore sur cette épreuve, il faut noter les conditions dantesques que notamment les pilotes des autos de pointe durent affronter au cours des épisodes pluvieux. Les langues se sont déliées par la suite et le commentaire d’un des vainqueurs résume l’ensemble des révélations.

 

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Hans Herrmann : « On ne voyait plus rien, dans la rectiligne on osait tout juste mettre la troisième, on ne devait ni freiner, ni donner des gaz, ni lever le pied. Dans ces flaques, la voiture ne réagissait plus à aucun mouvement du volant. Ma décision de renoncer définitivement à la course automobile est née dans les trombes d’eau du Mans. Je me serais retiré après cette course même si je n’avais pas remporté la victoire, car la situation sous les averses devenait tellement incontrôlable que le risque était effrayant. »

Au passif de l’écurie on peut arguer que Matra en catégorie Sport engagea pour 1970 une 650 à bout de développement et une 660 qui entamait tout juste sa carrière au Mans. Une stratégie qui peut paraître irrationnelle. Ne fallait-il pas tout miser sur la dernière création dès le début de saison pour optimiser sa mise au point ? La 660 bien préparée en 1971 fit une course brillante (mais malheureuse). Courir deux lièvres à la fois, Formule 1 et Championnat Sport fut cependant une lourde tâche. Matra n’est pas la seule équipe à en avoir fait l’expérience. Les moyens financiers et humains n’avaient-ils pas atteint une limite rendant les objectifs simultanés difficilement réalisables ?

Pour Matra une seule bonne nouvelle en cette année permettra d’espérer. La future réglementation 3 litres en Sport-prototype placera les bleus dans une compétition à armes égales. Ce sera à l’horizon 1972. Après cette saison diamétralement opposée à la précédente, la patience du PDG Lagardère fut mise à rude épreuve.

 

24h du mans

 - Illustrations ©DR

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02 juin 2022 | Lien permanent | Commentaires (1)

1966' Grand Prix movie - 1 - Monaco

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« Après le virage de Sainte-Dévote, Sarti est en tête devant Stoddard, Aron, Hill, Anderson et Randolph. Stoddard se porte maintenant à la hauteur de Sarti dans la montée, et va essayer de passer...

... Exprès ou pas exprès, tu es en train de bousiller la boite ! »

- Voir aussi: 1966' Grand Prix movie - Ouverture

 

Signé Francis Rainaut

Nous voici à Monaco pour l’ouverture du championnat 1966 mais surtout pour un grand moment de cinéma.

Calez-vous dans votre siège, pas de harnais à cette époque.., les images de la course restituées dans Grand Prix sont littéralement stupéfiantes, elles mêlent habilement la réalité et la fiction; le son n'est pas en reste, le bruit du V12 Ferrari (1) de la monoplace de Surtees avant le tunnel est d'une musicalité rare, certains diraient classique... Le large extrait publié à la fin de cette note permet de s'en faire une idée.

Le film nous fait découvrir le circuit et ses alentours, visite improbable au XXIe siècle où les images télévisées nous donnent à voir plus de rails que de décors. Ici au contraire on est admis dans des palaces prestigieux comme l’Hôtel de Paris ou encore l'Hôtel Hermitage qui se situent tous les deux au centre de l'action. En regardant attentivement certaines scènes, on peut distinguer le Christina O d'Aristote Onassis dans le port et une foultitude d'autres petits détails. Beaucoup de scènes sont filmées depuis un hélicoptère Alouette, pour une fois le public est traité comme un roi, pour la circonstance on dira « comme un prince ».

Un autre vue encore plus surprenante nous permet d'admirer le « garage » de la production, installé sur le tracé de l'ancienne voie ferrée surplombant le virage du Portier. On y distingue notamment la Cobra Shelby mais aussi les fausses F1 préparées par Jim Russel et également les capots de la Ford GT40 du tournage.

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Fort bien, mais venons-en aux faits, Aron a-t-il sciemment bloqué Stoddard, ou encore est-ce que Pete a délibérément choisi de ne pas tenir compte de  l’injonction du directeur du team Jordan-BRM, injonction que l’on pourrait traduire par un « Scott is faster than you » ? Ou si la scène avait été tournée en 1989 à Suzuka, le casque d'Aron aurait-il été jaune ou plutôt bleu & blanc ?

Continuons sur ce thème. Vu sous un autre angle, ne s’agirait-il pas d’une version moderne du verset de la Genèse dans lequel Adam (Jeff Jordan) marque sa préférence envers Abel (Scott Stoddard) au détriment de Caïn (Pete Aron), conduisant ce dernier au (quasi) meurtre de son frère (coéquipier) ?  Clin d’œil de l’histoire, il se trouve qu’Aaron est aussi le prénom d’un des deux fils d’Adam dans « A l’Est d’ Eden », sauf que dans le roman de Steinbeck il représente cette fois Abel, à l'inverse du film de Frankenheimer.

Et ne venez pas me dire que tout ceci n’est que du cinéma, dans le monde des Grand Prix, on retrouve souvent ce même schéma. Il est vrai  que le Team Jordan-BRM est plus à l’image du Team Lotus des années soixante que de l'écurie BRM, Jeff Jordan figurant même un Chapman assez crédible. Et personne n'ignore la manière dont ce dernier gérait ses premiers et seconds pilotes.

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Il est temps de donner quelques  explications à propos du scénario de Grand Prix. En 1963 sort un ouvrage intitulé The Cruel Sport, dont l’auteur est Robert Daley, journaliste correspondant du New York Times (2). Daley, ancien pilote de l'Air Force pendant la guerre de Corée, a découvert le sport automobile au moment de sa rencontre avec « Fon ». de Portago (3). Il a ensuite suivi de très près les courses automobiles de la fin des 1950’s jusque vers le milieu des 1960’s. De cette expérience est  tiré un livre culte, The Cruel Sport, dont quelques extraits sont accessibles sur internet.

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Et l’on découvre alors que toute la trame de Grand Prix, ainsi que des dialogues entiers, est directement issue de l’ouvrage de Daley. Donc pour raccorder les scènes du film au livre, il est nécessaire d'opérer un décalage de quelques années en arrière, le caractère d’un Jean-Pierre Sarti pouvant s’approcher de celui d’un Phil Hill mixé avec un zeste de Trintignant ou de Von Trips, etc…

A l'issue de la course de Monaco, Sarti prend la tête du championnat avec 9 points, mais n'aura pas droit au podium princier. Seules quatre voitures finirent le vrai Grand Prix, qui durait 100 tours, dont une Ferrari et trois BRM de l'Owen Racing Organisation; ce qui constitue toujours un record. Les affichistes et les scénaristes avaient quand même bien anticipé le résultat.

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Pour terminer, une anecdote tirée du livre "John Frankenheimer: Interviews, Essays, and Profiles"

... Frankenheimer réussit même à obtenir l’entière coopération d’Enzo Ferrari, qui autorisa l’équipe du film à utiliser ses voitures et ses techniciens, et à filmer à l’intérieur même de l’usine Ferrari. Lors des premiers contacts, Ferrari les avait pourtant envoyés sur les roses. Le producteur du film, Edward Lewis, apporta alors à Ferrari un vague extrait des séquences de Monaco et Enzo fut si enthousiaste qu’il apporta tout son soutien à partir de ce moment là. Quand on lui demanda combien cela couterait, Ferrari répondit, "Rien du tout. Ou bien je coopère avec vous, ou bien je ne le fais pas. Personne ne peut m’acheter."

 

Et enfin une dernière question :

- peux-tu me dire ce qu'est qu'un « gazomètre », c'est un mot que je n'entends qu'une seule fois par an ?

 

(1) Lorenzo Bandini pilotant la Ferrari 246 V6.

(2) Robert Daley est aussi auteur de bestsellers comme Year of the Dragon ou Prince of the City. Sa biographie n’est pas l’objet de cette note, cependant on ne peut qu’inciter les lecteurs à découvrir cet auteur si ce n’est déjà fait.

(3) On peut à ce propos regretter qu’une Linda Christian - ex James Bond's girl et véritable bombe anatomique - n’ait pas trouvé sa place dans le casting.

 

Hors-Piste :

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Non, Memorytso n'a pas décidé soudainement de changer de registre pour toucher davantage la clientèle féminine, quoique...

Regardez attentivement ces images. Cette robe a été dessinée par Albert Kriemler, designer de la maison de haute couture suisse Akris. Je vais un peu vous aider, on y devine l’Hôtel Hermitage, qui  surplombe le circuit de Monaco. Parlez-en à Jackie ou à Roman, vous verrez ils sauront y reconnaître Pat Stoddard (Jessica Walter) sortant de sa chambre pendant le Grand Prix. Ce couturier à décidément du style.

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Il est « la » voix des courses auto de cette époque. J'ai tenu à mettre un visage derrière une voix, combien d'aficionados Tommy Franklin a-t-il pu contaminer grâce à ses récits picaresques et colorés ? Merci Tommy, un opéra à toi tout seul.

 

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Il ne saurait y avoir de Grand Prix de Monaco sans présence princière, S.A.S. Grace se souvient qu'elle fut Kelly et se replonge avec bonheur dans l'ambiance d'un plateau de tournage. Elle s'entretient ici avec son compatriote metteur en scène.

 

- Photos 1a & 2b ©TheCahierArchive

- Photo 1b           ©DrBrianWatson

- Photo 3a           ©R.Schlegelmilch

- Autres photos   ©D.R.

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11 juillet 2014 | Lien permanent | Commentaires (7)

Montjuic 1969 : la malédicti(Am)on !

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Mai 1969, un dimanche matin; une tornade nommée « Led Zeppelin » vient à peine de débouler, le Printemps de Prague est désormais enterré, l’ORTF nous fait la faveur de diffuser des images du Grand Prix d’Espagne disputé en fin de matinée sur le merveilleux tracé du Parc Montjuic à Barcelone.

Cette course va me marquer pour plusieurs raisons : la prolifération des ailerons gigantesques, les accidents qui en découleront, la prise du pouvoir par l’écurie Matra - International - mais surtout la guigne indéfectible de Chris Amon.

Francis Rainaut

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La piste

Le circuit de Montjuic (ou Montjuïc), qui domine le centre de Barcelone, a été utilisé une première fois pour la course en 1933. Il est long de 3,8 km.

Il a fallu attendre 1966 pour y revoir des épreuves, d’abord en formule 2 puis en Sports. Afin d’accueillir les formule 1, la piste est re-surfacée et équipée de barrières Armco, mesure qui allait s’avérer prémonitoire.

Le parc de Montjuic (1) se situe sur le flanc d'une colline. C’est une attraction touristique majeure. Du haut du parc, qui a lui-même été rénové, on peut voir Barcelone s'étendre en contrebas, c'est un spectacle assez magnifique.

Les pilotes, les engagés, les professionnel et la Presse furent unanimes dans leur appréciation de cette nouvelle étape du Championnat du Monde. Le seul problème semble être les douaniers espagnols qui rendent encore très difficile l'introduction d'une voiture de course dans le pays ainsi que la police plutôt stupide pour gérer les accréditations dans des stands. Personne n’oublie qui est encore à la tête du pays, un certain Francisco Franco…

- (1) Littéralement, le Mont des Juifs, ainsi nommé en raison de la présence à cet endroit d'un cimetière israélite

 

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Les engagés

L'Espagne n'est que le deuxième Grand Prix de l'année, mais tout le monde attend des 4 roues motrices. En vain, seule l'écurie Matra International, gérée par Ken Tyrrell engage des modèles 1969. L'équipe est venue avec deux MS80, dont une neuve destinée à Beltoise, plus une MS10 en réserve. Les MS80 se présentent avec un capot avant plus plat; un aileron avant et des flaps élargis seront testés aux essais.

 

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Le Gold-Leaf Team Lotus a amené deux 49B de 1968 et une 49 Tasman en réserve. L'essentiel des évolutions concerne la largeur des ailerons, ce sur quoi va travailler le Team pendant tous les essais...

La Scuderia Ferrari a décidé de se concentrer sur une seule monoplace sur laquelle de multiples améliorations, notamment moteur ont été apportées. Amon, bien aidé par les pneus Firestone, semble enfin disposer d'une bonne arme, comme on va vite s'en rendre compte lors des essais. La première victoire du pilote néo-zélandais en formule 1 ne devrait plus tarder.

 

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L’Owen Racing Organisation qui a connu des problèmes de jeunesse avec son nouveau moteur V12 BRM à 48 soupapes a désormais le sourire. Pour la première fois, les deux monoplaces sont équipées de ce nouveau moteur, seul le malheureux Pedro Rodriguez engagé par le team Parnell doit se contenter du V12 à 24 soupapes un peu poussif. Pas comme Pedro.

Pas grand-chose de neuf chez McLaren Racing. Seul Bruce dispose du modèle intérimaire M7C pourvu d’un auvent travaillant.

Côtés pneumatiques, les Matra ainsi que les BRM et la Brabham de Courage sont en Dunlop, les CR84. Firestone équipe les trois Lotus et la Ferrari avec son ZB11. Le reste du plateau est monté en Goodyear, qui sort un nouveau dessin.

 

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Les essais

Les premiers essais débutent le jeudi en fin d’après-midi. Et c’est Chris Amon, au volant d’une Ferrari revigorée, qui claque un meilleur temps - 1’27’’6 contre 1’33’’3 pour les F2 - devant le Champion du monde en titre, Graham Hill. On attendait l’autre Lotus, mais un chien s’est malencontreusement trouvé sur la trajectoire de Jochen Rindt, et le train avant a souffert, mais pas autant que le pauvre animal. Jackie Stewart est à une demi-seconde, Jacky Ickx lui, casse son injection. Piers Courage n’a même pas pris la piste, Williams a des problèmes avec les douaniers espagnols peu coopératifs.

Le lendemain Hill égalise le temps d’Amon, et Rindt, plutôt mécontent de sa monoplace, claque tout de même un 3e temps.

La troisième séance se déroule le samedi. Un amortisseur a été changé sur la Lotus de Rindt qui réalise avec brio le meilleur temps. Son aile arrière a encore été élargie, et cela se voit au chronomètre. De son coté, Amon se démène pour contenir Hill. Ce qui nous donne trois monoplaces « Firestone » en 1e ligne, derrière elles Brabham et Stewart sauvent les meubles, mais clairement ils ne partent pas favoris.

Le scénario est parfait. Deux pilotes de talent sont donc favoris pour remporter leur première victoire en formule 1, bien aidés par leur monte pneumatique. Et les Matra vont devoir puiser dans leurs ressources pour rester dans la course en tête.

Ce pourrait-il enfin être le jour de de Chris Amon ?

 

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La course

En fin de matinée et par un temps splendide, le départ de la course va pouvoir être donné. Il est précédé d’un défilé de jolies filles porteuses de drapeaux nationaux; le public est venu en masse, tout est prêt pour la fiesta. Mais si fête il doit y avoir, les carabiniers ne vont pas manquer de tout faire pour la gâcher.

En pré-grille, les mécaniciens de BRM découvrent soudain une fuite d’huile, on l'apprendra une durite s'est fendue, sous la monoplace du pauvre Oliver. Un mécano essaie alors de prévenir le pilote, mais un policier le bloque et Jackie s’élance, arrosant d’huile sans s’en rendre compte une bonne partie du circuit. Pagaille sur la grille de départ, les organisateurs tentent d’étancher la flaque d’huile avec du ciment, et un second tour de reconnaissance est lancé. Oliver pendant ce temps rejoint les stands pour faire changer la durite. On s’agite également autour de la Matra de Stewart, dont le moteur cafouille. On finira par lui changer les bougies ainsi que le boitier d’allumage. C’est maintenant Piers Courage qui ne peut démarrer, mais l’on empêche ses mécaniciens d’intervenir. Le public hurle, les matraques volent…

En définitive, le salut viendra du Directeur de Course, le comte Villapaderna, qui s’interpose et laisse les mécanos Williams pousser la Brabham pour la démarrer, sous les vivats du public. Ollé !...

 

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Derrière mon écran N&b, j’ignore évidemment tout de ces péripéties. Rivé au poste, je suis avec attention le départ, où Rindt s’envole comme prévu, suivi comme son ombre par un Amon déchaîné lui-même talonné par Siffert pas en reste. La course est lancée !

Hill suit derrière, on a bien les quatre monoplaces « Firestone » devant, comme on s'y attendait. Rindt et Amon se détachent, enfin du neuf sur les Grand Prix ! Cependant au 8e tour, et sans que l’on s’en rende vraiment compte derrière le poste, le moteur de la Ferrari émet des bruits inquiétants, le chat noir serait-il déjà de retour ? On apprendra plus tard qu’il s’agit d’un injecteur bouché.

 

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Plus d’inquiétude au tour suivant, qui voit Graham Hill sortir de la route, sans mal fort heureusement mais de façon spectaculaire. Il s’agit manifestement d’un incident mécanique.

La course continue, il ne se passe pas grand-chose hormis quelques ennuis pour les BRM. Rindt vient d’entamer son 20e tour lorsque les drapeaux jaunes s’agitent à nouveau. Grosse panique dans le stand Lotus, où l’on a cru voir l’aileron se détacher sur la monoplace de l’Autrichien.

 

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Effet du hasard, Rindt à plus de 220 km/h est effectivement violemment sorti de la piste à l’endroit même où Hill s’est arrêté et est venu écraser sa monoplace sur les rails Armco. Jochen est prestement évacué vers l’hôpital, sans blessure grave en apparence.

Ce qui nous met maintenant en tête Chris Amon la malchance, qui va évidemment tout faire pour enfin remporter enfin un Grand Prix. Il possède alors une marge de 25’’ sur l’ultime Lotus encore en course, celle du vaillant « Seppi ».

Paradoxalement la course devient un peu monotone, Siffert abandonne sur casse moteur, il manque déjà cinq monoplaces, nous n’en sommes qu’au tiers de l’épreuve.

 

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Amon a désormais une large avance, on a oublié ses ennuis d’injection. La course de Jack Brabham s’arrête là, une bielle a traversé le carter. Beltoise s’arrête plusieurs fois à son stand pour faire régler sa timonerie de boîte de vitesses.

56e tour : et puis soudain, les évènements se précipitent. Amon passe au ralenti devant les tribunes, de son moteur s’échappe un panache de fumée, le V12 émet un bruit affreux. Le Néo-zélandais stoppe sa Ferrari et rentre à pied à son stand. En manque de pression d’huile, il a dû se résoudre à couper le contact (2).

Et le beau rêve de s’arrêter là. Amon est décidément maudit, on commence sérieusement à douter qu’il puisse un jour en gagner une. Collé à mon poste de TV, j’en aurais pleuré !

Le beau Grand Prix se transforme alors en défilé des rescapés.

Certes cela replace les Matra devant, mais on préférerait des victoires acquises avec plus de panache. Le podium accueille le tiercé Stewart / McLaren / Beltoise.

 

- (2) en début de course, un injecteur s'est bouché sur le V12 Ferrari, avec comme conséquence de « laver » un cylindre, ce qui a probablement entrainé une usure de la segmentation. D'où la consommation d'huile excessive.
Le passage des injecteurs dans une « bête » cuve à ultrasons aurait peut-être pu éviter ces ennuis, mais avec des si... A noter que sur ce coup-là le Kiwi n'y est pour rien.

 

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Epilogue

Au moment d’écrire la conclusion, me vient l’ombre d'un doute. Ce Grand Prix d’Espagne a-t-il vraiment été diffusé à la TV française ? J’ai cherché des traces, en particulier sur le site de l’INA, je n’ai rien trouvé. Ces images seraient-elles le fruit de mon imagination ? J’en appelle à vos souvenirs. Quoi qu’il en soit, cela ne change pas grand-chose rien à mon récit, cette course existe bel et bien dans mon esprit.

L’affaire des ailerons laissa elle des traces. Rindt écrira à Colin Chapman une lettre (3) lui faisant part de ses doutes quant à la sécurité des Lotus. Il semble également qu’il ait été plus sérieusement touché que prévu par son accident. Dès Monaco deux semaines plus tard, la C.S.I. sonnera le glas des grands ailerons.

Le couple Amon-Ferrari commença à prendre l’eau de toute part. Il y eut un sursaut à Monaco, suivi d’une lente descente dans la hiérarchie. Dégouté, Chris lâchera l’affaire à Monza juste au moment de la sortie - problématique - de la 312B. Erreur funeste, ce fut la Ferrari du renouveau.

Le casque « scaphandre » Bell Star s’imposera rapidement parmi les pilotes, sans doute échaudés par les accidents ayant touchés les pilotes Lotus.

Je continuerai longtemps à guetter une victoire F1 de Chris Amon, me contentant de me réjouir qu'il ait pu échapper au pire, à l'inverse de nombre de ses compagnons de grille présents à Barcelone en cette belle matinée de 1969.

Quant à moi, je retrouverai quasiment le même plateau, moins les BRM, à Charade deux mois plus tard. Le Championnat du monde était désormais devenu l'affaire de Matra, et Chris Amon dut se contenter de participer.

- (3) [lettre du 9 mai 1969 de Jochen Rindt à Colin Chapman]

 

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Je terminerai en rendant hommage à David Phipps, cet immense photographe à qui j'ai emprunté la plupart des photos qui illustrent cette note.

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David Phipps, X, Jochen Rindt

 


- Illustrations ©David Phipps, ©Filmoteca Española, ©DR

 

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09 juin 2023 | Lien permanent | Commentaires (4)

R.I.P. for the Tyler Man

bruce mc laren,ayrton senna,tim mayer,denny hulme

Il n'échappera à personne que Tyler Alexander, qui s'est éteint le 7 janvier dernier, était un monument du sport automobile, « l’un des meilleurs de la vieille école : robuste, humble et sage » comme l'a souligné avec justesse Ron Dennis.

Après les disparitions récentes de Teddy Mayer et d'Eoin Young, il restait le dernier membre du quatuor original ayant fondé la firme Bruce McLaren Motor Racing Ltd en 1963.

Tyler Alexander était très probablement un « taiseux ». Eh bien, respectons son silence, et contentons-nous de commenter ces photos qui témoignent d'un demi-siècle de présence sur les circuits.

Francis Rainaut

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Au début des années soixante, ce natif du Massachusetts entreprend des études pour devenir ingénieur aéronautique. Mais la course automobile capte vite tout son intérêt et il devient en 1962 le mécanicien du millionnaire John Mecom. 

Puis sa trajectoire croise celle des frères Mayer, Edward (Teddy) le juriste mais surtout Timothy (Tim), jeune pilote très prometteur. Tim est l'équipier de Bruce McLaren pour les séries tasmanes, il lui présente son mécanicien Tyler Alexander qui sera vite adopté par les Kiwis. Mais Tim allait trouver la mort le 28 février 1964 lors d'une séance d'essais sur le tracé de Longford en Australie.

 

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Tyler devient alors membre à part entière du Bruce McLaren Motor Racing avec Teddy Mayer et le journaliste néo-zélandais Eoin Young (1), lequel fait office de secrétaire de Bruce. Quand le team s'engage en formule 1, Il fait bien sûr partie de l'aventure. On le voit ici aux cotés du « patron » lors du Grand Prix d'Afrique du Sud 1969.

 

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L'engagement des Kiwis dans la série américaine Canam va prendre de plus en plus d'importance, ils en deviendront les rois absolus, exerçant une domination totale sur les saisons 1967 (McLaren M6A) et 1969 (M8B) avec Bruce, 1968 (M8A) et 1970 (M8D) avec Denny et 1971 (M8F) avec Peter Revson. Tyler Alexander joue alors un rôle primordial au sein de l'équipe des « orange papaye ». On parle alors avec justesse du « Bruce and Denny Show », au moins jusqu'à ce funeste jour du mois de juin 1970, où Bruce disparaît à Goodwood en essayant la M8D. Bilan Canam: 37 victoires en 43 courses !

 

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Alexander a pris de l'importance dans l'équipe. Il est plus particulièrement impliqué dans les programmes U.S. du team, spécialement les séries USAC, l'Indycar de l'époque. On le voit ici aux cotés de Johnny Rutherford, vainqueur à Indianapolis en 1974 et 1976 au volant d'une McLaren, puis une 3e fois en 1980 au volant de la Chaparral 2K.

 

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Lorsque Ron Dennis reprend l'écurie McLaren avec son Project 4, Alexander est encore présent, ici aux cotés de Niki Lauda et du « boss » à Long Beach en 1982.

En 1984, Dennis lui rachète ses 10% d'actions McLaren. Tyler s'en va alors avec Teddy Mayer vers le Championnat de monoplaces américain devenu le CART, ils forment le Mayer Motor Racing et recrutent comme ingénieur un certain Adrian Newey.

 

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Le CART c'est bien, mais la Formule 1 reste le sommet, même pour un américain. Fin 1984, Carl Haas crée la structure Formula One Race Car Engineering qui engage sous le nom de Beatrice des monoplaces badgées Lola pour Alan Jones et Patrick Tambay. Les talents sont bien là, dont Ross Brawn, Neil Oatley puis Adrian Newey. L’aventure se soldera néanmoins par un échec, le groupe alimentaire Beatrice Foods - sponsor de l'opération - étant victime d'un raid boursier hostile. Alexander n'appréciera que modérément l'épilogue de cette aventure.

 

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 Mais Tyler Alexander vit et respire McLaren. Ron Dennis l’a compris et le rappelle dans l’équipe en 1988 pour occuper  le poste de directeur des projets spéciaux. Après un bref intermède comme consultant auprès du Newman-Haas Racing en Indycar, Alexander revient donc « à la maison ».

On le voit alors parcourant le Japon, les Etats-Unis et l’Europe pour assoir la domination du Team. Les champions ou futur champions du monde tels Ayrton Senna  font preuve d’un immense respect envers celui qui incarne mieux que quiconque l’esprit « McLaren ».

 

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2008, la boucle est bouclée. Il est temps pour Tyler Alexander de se retirer, non sans avoir eu le temps d’assister au sacre de Lewis Hamilton, à l'époque pur produit maison. Tyler ne restera cependant jamais très éloigné de la « maison », assistant à son dernier Grand Prix en 2014 dans le stand McLaren.

Avec lui c’est près de cinquante ans de présence en Formule 1 qui disparaissent. Bruce a de nouveau réuni tous ses collaborateurs, vous savez ceux qui voulaient se faire une place auprès des grands, ceux que le Commendatore appelait avec une nuance de commisération « les assembleurs »...

 

- (1) Lors de la disparition de Bruce, Eoin Young écrivit : « Nous ne travaillions pas pour Bruce McLaren. Nous travaillions avec Bruce McLaren »

 

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« Well I think it's fine, building jumbo planes.
Or taking a ride on a cosmic train.
Switch on summer from a slot machine.
Yes, get what you want to if you want, 'cause you can get
anything. »

- Illustrations ©DR

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11 janvier 2016 | Lien permanent | Commentaires (1)

La mère de toutes les voitures de Grand Tourisme : la Lancia B20 Aurélia (1951 – 1958)

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Vincenzo Lancia fonde à Turin en 1906 la Lancia & C. Fabbrica Automobili.

A partir de 1918, Lancia se spécialise dans la fabrication de moteurs en V étroits à 20°, voire moins.

Après la seconde guerre mondiale, Lancia présente sa B10 Aurélia, une berline 4 portes révolutionnaire, conçue par le fils du créateur de l’entreprise Gianni Lancia, avec l’ingénieur Vittorio Jano pour l’ensemble mécanique et le designer Mario Boano (Ghia) pour le style.

Raymond Jacques

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La voiture, présentée au salon de Turin 1950, se caractérise par l’usage massif de l’aluminium pour la carrosserie (tous les ouvrants sur coque acier) et la transmission qui dispose d’un ensemble de type Transaxle (boite-pont située à l’arrière). Les roues avant sont indépendantes et l’essieu arrière présente un pont De Dion. Le moteur est un V6, une première mondiale car ce type de moteur était réservé jusqu’alors à la motorisation des bateaux de sport, comme les V6 BPM (Botta i Puricelli Motori, « les seuls qui ne cassent pas »).

 

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Le V6 Lancia, le premier V6 automobile

 

En 1951, Boano se remet à l’ouvrage pour créer un dérivé de la B10, nommé B20 et gardant le nom d’Aurélia. La nouvelle voiture est un coupé 2+2 à deux portes et arrière de style « fast back ». Il est équipé de la même mécanique V6 que la berline. Mais le moteur de base de 1750 cc passe à 2 litres pour la nouvelle voiture, baptisée Gran Turismo, et dont l’appellation abrégée « GT » sera usurpée par bien des bidets roulants.

Idéale pour avaler dans un légendaire confort des kilomètres d’autostrada à des moyennes horaires fulgurantes, la B20 se vend très bien malgré un prix conséquent. Les sièges sont en cuir, la conduite est à droite et le levier de vitesses est sous le volant à la mode de l’époque, mais il est possible d’avoir la conduite à gauche à partir de 1954. L’échappement est double, un par banc de cylindres, et il distille une sonorité envoutante. Les roues sont des Borrani Bimétal jugées plus esthétiques et plus efficaces que les roues à rayons. Le moteur 2 litres sort 75 chevaux avec un carburateur Solex, puis 80 avec un Weber. Cela peut sembler peu de nos jours, mais cela assure 175 km/h, puis 180 km/h à la belle italienne.

 

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La B20, un coupé (ou coach ?) d’une rare élégance

 

En 1953, la B20 reçoit un moteur de 2500 cc donnant 110 chevaux et propulsant la voiture à 185 km/h. En 1955 la puissance passe à 118 chevaux par modification des blocs et des culasses.

Le freinage, confié à quatre gros tambours, est le point faible de cette voiture. Ces freins chauffent en usage intensif et leur efficacité diminue alors assez sensiblement.

 

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Lancia Aurelia B20 Corsa Le Mans 1952

La B20 en compétition

Dès 1951 la B20 est engagée dans les plus grandes compétitions internationales : 24 Heures du Mans, Targa Florio, Mille Miles etc.

Une série spéciale « compétition client » d’une dizaine de voitures avec le levier de vitesses au plancher est fabriquée dès 1951.

 

Voir ou revoir la note « Du chianti pour Bracco… » du 24/02/2019 qui décrit les aventures du pilote italien sur B20 ainsi qu’une monographie sur celles de S/N « 1010 ».

 

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Le cabriolet B24

 

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Le spider « America »

 

Les versions décoiffées et décoiffantes : la B24

La B24 est la version cabriolet (convertible) de la B20 avec une version spider nommée « America ». Elle est motorisée par le 2,5 litres de 118 chevaux, fabriquée d’avril 1954 à avril 1958.

 

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Véhicule équipé d’un klaxon à compresseur 6 trompes…

 

Le cabriolet B24 fut la troisième vedette du film « Le Fanfaron » (titre original « il sorpasso ») de Dino Rizzi en 1962 avec Jean-Louis Trintignant et Vittorio Gassman.

 

Pour finir en laideur, la version la plus farfelue de la B10, la B15 « limousine »….

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Perso, je préfère la Jaguar MkIV…

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11 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)

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