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Rétromobile 2023 : to everything there is a Season (*)
Paris porte de Versailles, février 2023. Après deux années un peu pénibles, Rétromobile effectue son grand retour. Notre cher salon a retrouvé sa date habituelle, idéalement placée entre quelques escapades sur les pistes enneigées. Il a aussi retrouvé son espace, bien réparti sur trois vastes halls, « as usual ».
Muni des accréditations idoines, Il ne me reste plus qu'à traquer l'oiseau rare et surtout à rencontrer les copains.
(*) A time to be born, a time to die
Francis Rainaut
- voir aussi : Rétro 2023, et pour quelques images de plus
25 victoires aux 24H
A peine arrivé, et une fois salué quelques connaissances à la galerie des Artistes, je tombe sur deux « grands » messieurs de la course automobile qui se racontent sûrement des histoires de cheval cabré.
Le stand des 24H du Mans, dont c'est le centenaire, est juste sur ma trajectoire. Il semble y avoir de l'animation, j'y effectue donc un 1er pit stop. Coincé entre une Madie Pescarolo buvant les paroles de « son » Henri et un Jarier à moitié hilare, j'assiste à une « Rétro » -spective des vingt-cinq victoires, excusez du peu, des six pilotes présents sur le stand, que Pierre Fillon - Monsieur A.C.O. - nous présente un par un.
Il y a là Gérard Larrousse, 2 victoires plus deux podiums, Henri Pescarolo, 4 victoires, Yannick Dalmas, 4 victoires pour quatre marques différentes, Emanuele Pirro, 5 victoires, Eric Helary, 1 victoire et enfin l'incroyable Tom Kristensen qui compte 9 victoires dans la Sarthe. Chacun nous a enchanté d'un petit discours, la palme de l'humour - et de l'élégance - revient à Emanuele Pirro qui s'exprime dans un français impeccable avec juste la pointe d'accent qu'il faut pour y ajouter un peu de soleil. Chapeau bas, Messieurs !
Alain Prost et Jean Todt, deux grands de la course
La Porsche jaune
Certain grand auteur a jadis écrit à propos d'un chien jaune, mais là il s'agit d'auto. Intrigué par le capot ouvert d'une impressionnante Porsche 917 jaune, je m'approche. Le patron est en pleine discussion avec un client ancien pilote au sujet d'une 917 accidentée lors d'un 1er tour au Mans. J'avance le nom de John Woolfe, ce qui me vaut instantanément l'estime du boss, Franco Lembo lui-même, qui a créé sa firme Automobilia à Reims en 1997. La discussion continue, il est question de poids dudit châssis, de la position avancée du pilote, et fatalement de la sécurité précaire des bolides de l'époque. John Woolfe était tout sauf un manche, mais n'est pas Rolf Stommelen qui veut.
Laffite : les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent...
Jean-Pierre Jabouille (1942-2023), in memoriam
Poursuivant ma visite, j'aperçois une Porsche 906 avec comme nom de pilote Jacques Laffite, mon idole de toute une époque. Flanqué de Paul Belmondo et de Bernard Darniche, Jacquot a visiblement l'air très occupé. Je renonce donc à l'importuner, et les évènements du lendemain m'apprendront que j'ai certainement bien fait...
Perdre son grand ami de la patinoire Molitor, et plus,... n'a pas dû être facile à avaler.
Des rondelles et des hommes
Au détour d'une allée, j'aperçois sur un tabouret Daniel Champion, « le » mécano de la course auto, accompagné comme de coutume par son pote Michel Mallier. J'engage la conversation, et s'en suit un long moment rempli d'anecdotes autour de la course. Comment il a démarré dans ce milieu, n'étant pas spécialement formé à la profession, comment il faut effectuer les serrages, clé dynamométrique ou pas, qui était Didier Pironi, un gars plus ouvert et sympa qu'il n'y paraissait, comment Daniel a inventé la répartition de freinage variable en formule Renault, etc. Comme je connais le langage de la mécanique, et que je percute à ses explications, Daniel m'a à la bonne, il devient intarissable, j'aurais dû brancher le micro.
Daniel me confiera aussi qu'il devait prendre la place du regretté Jean-Claude Guénard dans le Colibri ce jour funeste. La faucheuse ne l'aura sans doute pas voulu...
Cela restera incontestablement pour moi « la » rencontre du Salon, nous échangeons nos coordonnées et j’espère bien aller lui rendre visite un jour dans sa Normandie. Tant de passion et de joie de vivre ne peut laisser indifférent. Daniel a déjà pris cher au niveau santé, je lui souhaite de rester en forme le plus longtemps possible.
L'« ingeniere » version XXIe siècle
Richard Mille nous a concocté une majestueuse exposition Ferrari. Frederic Vasseur, ingénieur Estaca et nouvel homme fort de la Scuderia, ne pouvait pas ne pas en être.
Pour la suite, les images parlent d'elles-mêmes, je reste abasourdi par la beauté qui se dégage d'une Ferrari 312T, en l’occurrence celle du Tessinois Clay Regazzoni qui a aposé sa signature sur le cockpit. Qu'ajouter de plus, l'ensemble du plateau est juste splendide.
La Duckams de Gordon Murray
Si vous lisez l'excellent « AutoDiva » de Gérard Gamand, vous n'ignorez certainement plus rien de la saga du regretté Alain de Cadenet,, fils d'un officier de la France libre et d'une mère anglaise, et qui fut élevé par des grands-parents britanniques.
Quant à Gordon Murray, son génie créatif associé au port de tee-shirts à l'image des pop stars parlent pour lui. Cet homme-là ne peut pas être une mauvaise personne. La Duckams-Ford DFV élaborée à partir d'un châssis de Brabham F1 est le résultat de la collaboration d'Alain et de Gordon. Elle aurait été conçue dit-on tard dans la nuit, en dehors des heures de travail de l'ingénieur sud-africain chez Brabham. Elle porte en tous cas la marque de son talent.
R.I.P. Alain de Cadenet, je me souviendrais toujours d'une nuit au Mans sur une butte du Tertre Rouge en compagnie d'une bande de joyeux Rosbeefs. A chaque passage de la de Cadenet verte, c'était des hurlements de joie ponctués de rasades de bière, et ce durant presque toute la nuit. Une autre ambiance, une autre époque...
La caverne d'Ali Baba
Comme de coutume, ARTCURIAL propose à la vente quelques véhicules historiques d'exception. Je n'ai pas le début du quart du budget nécessaire à un achat, mais j'ai par contre le précieux sésame me permettant de déambuler dans ce musée virtuel de la belle auto.
Je vous laisse le soin d'admirer ces merveilles, suivez mes pas dans cette caverne d'Ali Baba...
La France qui gagne
Oui je sais, ce type de discours n'est plus franchement tendance, mais il semblerait que la clientèle de Rétromobile puisse encore l'entendre. On a tous un coq gravé quelque part sur la poitrine et, facteur aggravant, on n'en a même pas honte. Matra, Alpine, D.B., Panhard, Michel Vaillant,... c'est génial et même démentiel, je traduis ça en d'jeun, je kiffe grave.
Le temps des copains
Il est temps de regagner ses pénates, et je n'ai pas encore vu tous mes potes habituels ex-Mémoire des Stands ou Classic Courses. Mais un ange aux ailes en alliage de chrome-molybdène doit probablement veiller sur le hasard de nos rencontres. J'ai déjà récupéré mon manteau et mon sac quand je croise pêle-mêle Gianpaolo accompagnée de sa femme, puis Olivier Rogar de Classic Courses, le TTCB Patrice Vatan himself, Pascal Bisson docteur es Lambo - qui rectifie mon erreur, avoir pris une Espada pour une Marzal ! - et autres joyeux drilles.
Tout cela devant le stand Corrèze Tourisme et son accueil hors-concours, où nous buvons un coup - et même plusieurs - à la santé de Jean-Paul Brunerie, le grand absent de cette édition 2023.
On reviendra, c'est certain...
- Toutes photos ©FrancisRainaut
03 février 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)
Rétromobile, Maserati, Turbotraction, costumes SlimFit...
C'est tous les ans la même histoire... Début février, je crois me rendre au salon de la Voiture de Course - rétro - alors que je sais pertinemment qu'il ne s'agit « que » de Rétromobile.
Et arrivé porte de Versailles - au terminus du boulevard Victor - je suis comme aimanté par le moindre bolide de course et c'est encore bien pire lorsque ledit bolide a les roues découvertes.
Et puis finalement en observant un peu les alentours, il y a toujours un ou plusieurs pilotes avec qui échanger quelques anecdotes, il y a aussi les « belles » du salon, vraies ou fausses gloires, parfois beautés intactes, parfois croulant sous trop de rimmel...
Enfin il y a surtout les amis et les connaissances, Rétromobile a le don d'en réunir un certain nombre dans la même unité de temps, de lieu et souvent d'action.
- Voir aussi Rétromobile: la confession d'une enfant du XXe siècle
par Francis Rainaut
Maserati 8 CM 1934:
Il y avait peu de monoplaces cette année, intéressons-nous à cette élégante Maserati 8CM de 3 litres de cylindrée, ancêtre des monoplaces de Grand Prix, qui fût la reine de la saison 1933.
Raymond Sommer lui fit faire ses premiers pas au Grand Prix automobile de Tunisie. Puis Tazio Nuvolari, qui courrait pour la Scuderia Ferrari au volant d’une Alfa Romeo P2, fut informé de l'arrivée de cette nouvelle Maserati 8CM et comprit vite que l'Alfa n'était plus à la hauteur. Ferruccio Testi, actionnaire de la Scuderia Ferrari, mit en relation Ernesto Maserati avec le Mantovano volante.
Enzo Ferrari fit alors de vagues promesses à Nuvolari au sujet d’une commande de Maserati 8CM et puis finalement Ernesto Maserati proposa à Tazio Nuvolari d'expédier en Belgique une Maserati 8CM avec mécanicien.
Nuvolari fit faire quelques modifications dans le but de rigidifier son châssis, puis remporta à son volant le Grand Prix de Belgique, la Coppa Ciano et le Grand Prix de Nice. Mais la belle idylle ne devait pas durer. Début 1935, Nuvolari faillit céder aux sirènes d’Auto Union. Il fallut alors toute l’influence du « Duce » pour qu’Enzo Ferrari accepte de reprendre le Campionissimo.
Victime d'un AVC, Nivola disparaîtra en 1953, l'année où fut présentée la SOCEMA-Grégoire.
La Maserati 8CM allait ensuite faire le bonheur de nombreux pilotes privés, parmi lesquels l'inénarrable « Phi-Phi » Etancelin, avant de se voir dépasser par la concurrence Alfa Romeo, Mercedes et Auto Union. L'ère des Titans pointait son nez, anticipant une autre ère nettement plus sombre... En tout dix-neuf modèles de 8CM ont été produits.
S.O.C.E.M.A.-Grégoire 1953:
Jean-Albert Grégoire avait coutume de dire que la vérité mécanique est toujours belle. Ce brillant polytechnicien - par ailleurs sportif confirmé - qui fut aussi critique d’art ou encore écrivain romancier considérait la SOCEMA-Grégoire comme étant son chef d’œuvre.
L’ingénieur Grégoire, qui peut être considéré comme l’archétype du vrai « Designer », a toujours préféré l’efficacité aérodynamique aux excès des stylistes. Comme nombre de ses congénères de l’X, il a des idées bien arrêtées (1) et met toute son intelligence au service de l’innovation et de l’efficience technique. Parmi ses réalisations figurent notamment l’AF-G (Aluminium Français-Grégoire ), l’Hotchkiss-Grégoire et donc cette fluide voiture à turbine exposée ici.
(1) Clin d’œil à mon père
Alors pourquoi la SOCEMA-Grégoire ? Pour démontrer une fois de plus la pertinence des quatre grands principes à la base de sa conception de l’automobile moderne : - les roues avant motrices - le centrage des masses - la carcasse en aluminium coulé, plus rigide et plus légère que les coques en acier d’alors - et la finesse aérodynamique, qui autorise des vitesses élevées pour une consommation relativement basse.
Mais le plus remarquable est sans doute la beauté de cette voiture. Franquin ne s'y est d'ailleurs pas trompé en s'en inspirant directement pour dessiner sa Turbotraction.
Jean-Pierre Jaussaud coté pile et coté face:
Si voulez des confidences de JPJ, c'est simple, parlez-lui de JCA, comprenez Jean-Claude Arnold. Après tout devient simple, il vous expliquera comment chez Matra il y avait les potes à Leguezec d'un coté, les amis de Lagardère de l'autre. Mais quel moral Jean-Pierre, il est heureux d'être ici, il n'y a qu'à voir son sourire. Patrice Moinet m'explique comment il a mené à bien l'écriture du livre sur son idole Jean-Pierre Jaussaud (2), lui qui n'est pas écrivain. Ce livre comble un manque, notamment sur les débuts de Jean-Pierre et toute l'époque « karting » en Normandie, c'est simple depuis une semaine le bouquin ne quitte plus ma table de nuit.
(2) Ma vie de pilote (Patrice Moinet) - Editions l'Autodrome
Modèles réduits:
Bon, disons-le tout net, au niveau des modèles présentés ce Rétro manquait un peu de vraies pointures, à défaut de jeunes minets costards SlimFit qui vous toisent d'un air un peu « c'est pas toi qui fera monter les enchères à la vente de la collection Baillon, faudrait déjà qu'y t'laissent entrer... », mais seraient probablement bien incapables de citer une seule des différences qu'il y a entre une Ferrari P3 et une Ferrari P4 sans le secours de leur précieux smartphone. En définitive Delon n'a peut-être pas eu tout-à-fait tort de pousser son coup de gueule.
Alors je me suis fait mon petit Rétromobile de rêve à moi.
Les copains d'abord:
"Au rendez-vous des bons copains,
Y'avait pas souvent de lapins,
Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il était mort..."
Mémoire des Stands, Autodiva, Classic Courses, Memories that Stand Out, JPB du Limousin ... les amis, les (anciens) amis, les copains, les (nouveaux) copains, les connaissances, on arrive à rencontrer plein de monde à Rétromobile, quelque part ça tient du miracle et c'est sans doute pour ça que tous les ans on y revient. Je ne sais pas si c'est Jacques Vassal ou François Chevalier qui m'inspirent cette citation de Brassens, parler avec ces Gens-là vous enrichit, finalement en regardant bien, des monoplaces et du spirit il y en avait quand même pas mal à Rétromobile 2015...
- Photo 1 Affiche Maserati 1933 ©DR
- Photo 3 Tazio Nuvolari ©DR
- Photo 4 Philippe Etancelin, Maserati ©DR
- Photo 5 SOCEMA-Grégoire, Rétromobile ©F.Rainaut
- Photos 6 & 7 Turbotraction ©Franquin
- Photo 8 Turbotraction, Cité des Siences & de l'Industrie ©F.Rainaut
- Photo 16 Robert Neyret ©F.Rainaut
- Photo 17 Francis Rainaut, Erik Comas ©F.Rainaut
- Photo 18 Erik Comas, François Blaise, Philippe Streiff ©F.Blaise
- Autres Photos ©F.Rainaut
12 février 2015 | Lien permanent | Commentaires (4)
le GP de PAU 1964
Le 5 avril 1964 représente une date clef pour le sport automobile français. Ce jour-là a lieu la 1re épreuve de la nouvelle Formule 2 1000 cc. Dans le plateau figurent cinq voitures « bleues », respectivement trois Alpine et deux René Bonnet, dont l’une confiée à « l’espoir » issu de la compétition moto, Jean-Pierre Beltoise pour ne pas le nommer, pour qui c’est aussi la première course en monoplace.
On note au hasard des participants F2 ou F3 les noms de Maurice Trintignant, d’Henri Julien mais aussi ceux de Johnny Rives, de Jacques Maglia ou encore du Prince Gaetano Starrabba di Giardinelli.
Ceci pour parler des pilotes latins, car les pilotes britanniques ont alors la mainmise sur les courses de monoplaces, avec à leur tête l’immense Jim Clark.
Replongeons-nous avec délice dans le compte-rendu qu’en avait fait Sport auto dans son numéro de mai 1964...
JIM CLARK
(Lotus - Ford - Cosworth)
domine sans rival
le GP de PAU
de nos
envoyés
spéciaux
René Bonnet Djet, Missile et formule 2
le Champion du Monde 62 Graham Hill, a essayé l'Alpine, mais n'a pu prendre le départ,
la voiture qui lui était destinée n'étant pas en état.
GRAHAM HILL SUR ALPINE
Le lendemain, hélas, il fallut vite déchanter. Jim Clark, qui avait tourné la veille avec le plein de carburant, des rapports de vitesses mal adaptés, et des carburateurs déréglés, imposait immédiatement sa loi avec un temps excellent d'une minute 36 secondes 3/10, à 6 secondes de son meilleur temps de l'an passé, sur une F 1 de 1.500 cc. A 3/10 de seconde seulement, nous trouvions l'excellent Richard Attwood, la nouvelle recrue de B.R.M., qui précédait Peter Arundell dont la Lotus rendait près de 30 ch à celle de son glorieux coéquipier. Si Mauro Bianchi réalisait à nouveau une excellente performance : 1' 39" 2, qui lui permettait de prétendre à la deuxième ligne au départ, la situation était en revanche moins brillante pour ses coéquipiers: José Rosinski ne parvenait pas à battre le mur des 2', sa voiture étant arrivée dans la nuit par camion était dans le même état que celle de Graham Hill la veille, quant à ce dernier, il dut attendre jusqu'à la fin de l'entraînement pour pouvoir remonter dans sa voiture qui avait été amenée trop tard sur le circuit et dans le même état d'impréparation que la veille. Très clairement, l'équipe Alpine était complètement débordée par les événements, et l'on comprend parfaitement que Graham Hill, en plein accord avec Jean Rédelé, n'ait pas voulu risquer son prestige personnel dans une entreprise certes pas vouée à un échec total, mais en tout cas indigne de son nom et de sa réputation.
Jim Clark, Peter Arundell. Lotus-Ford-Cosworth
CLARK TOUT SEUL
Arundell Attwood Clark
(Lotus-Cosworth) (Lola-Cosworth) (Lotus-Cosworth)
1'37"3 1'36"6 1'36"3
Bianchi Beckwith
(Alpine-Renault) (Cooper-Cosworth)
1'39"2 1'38"9
Gardner Maggs Hulme
(Lotus-Ford) (Lola-Cosworth) (Brabham-Cosw.)
1'40"3 1'40"2 1'39"5
Trintignant Hegbourne
(Gemini-Ford) (Cooper-Cosworth)
1'43"7 1'43"3
Pandolfo Hawkins Beltoise
(Brabham-Giannini) (Alexis-Ford) (R. Bonnet-Ren.)
1'54" 1'52"8 1'49"4
Starrabba Laureau
(Brabham-Giannini) (René Bonnet-Renault)
1'58"1 1'55"8
Rosinski Maglia
(Alpine-Renault) (Alpine-Renault)
La piste était presque complètement asséchée, après une petite averse qui était tombée au cours de l'épreuve des Formules 3, et l'on vit, comme prévu, « l'Ecossais volant » prendre son habituel départ en flèche et mener à la fin du premier tour, avec environ une seconde d'avance sur Richard Attwood, qui précédait son coéquipier Tony Maggs, côte à côte avec Peter Arundell. Mike Beckwith passait en 5e position, devançant de peu l'excellent Jean-Pierre Beltoise, très décidé à faire des prodiges sur ce circuit palois où il s'était distingué, sur deux roues, la semaine précédente. Deux incidents déjà : Frank Gardner avait encrassé une bougie sur la ligne de départ et s'était arrêté plus d'un tour à son stand pour retrouver les « quatre pattes » de son moteur, quant à Denis Hulme, qui n'avait bénéficié que d'une seule séance d'entraînement, sa voiture ayant été prête tardivement, il ne pouvait faire la preuve des possibilités de sa nouvelle Brabham, car il avait été télescopé au virage du casino et, suspension arrière cassée, contraint à l'abandon. Au 2e tour, Tony Maggs était parvenu à se détacher légèrement de Peter Arundell; quant à Mauro Bianchi, il avait doublé son coéquipier Rosinski, en difficultés de moteur, et venait menacer Jean-Pierre Beltoise qu'il devait passer au tour suivant. Maurice Trintignant s'arrêtait à son stand de ravitaillement, la commande de l'un de ses deux carburateurs étant déconnectée.
Au 3e passage, c'est l'Italien Pandolfo qui prenait la ligne de décélération, laissant une longue traînée d'huile derrière lui : son moteur Giannini venait de rendre l'âme : deuxième abandon de cette épreuve.
Au 5e passage, Clark comptait déjà 6" d'avance sur la Lola bleu foncé du Midland Racing Partnership, et l'on enregistrait un nouvel arrêt: celui de l'Alpine de Jacques Maglia dont le moteur ne fonctionnait pas bien et que les mécaniciens se montrèrent incapables de remettre en état. Il repartait après un arrêt long et infructueux. On sut seulement par la suite qu'il s'agissait d'une panne de bobine.
Au 7e tour. nouvel arrêt : c'était cette fois-ci la Giannini de Starrabba qui avait perdu un cylindre, repartait sans conviction et abandonnait au tour suivant : soupape cassée. Et puis c'était au tour du Champion de France, Maurice Trintignant dont la vieille Gémini poussive évacuait la piste : « ma pression d'huile est tombée », nous disait, désolé, celui qui a inscrit trois fois son nom au palmarès de cette épreuve.
M.Bianchi devant T.Hegbourne, J-P.Beltoise et M.Trintignant
A la mi-course, l'ordre était le suivant : Clark, Attwood ; à 1 tour Arundell, Bianchi, Hegbourne, Beckwith, Rosinski. A 3 tours : Hawkins, dont la voiture avançait bien lentement, Laureau et derrière eux, très distancés Maglia (sur 3 cylindres), et Maggs qui n'avait pu refaire son retard. On constate qu'il manquait un 6e homme : Frank Gardner qui était sorti de la route à la chicane au cours du 34e tour.
José Rosinski était désormais placé derrière les deux Cooper bleue et blanche mais il retrouvait tout à coup les chevaux manquant à son moteur et parvenait à redoubler Beckwith malgré l'évidente mauvaise volonté du Britannique qui devait la payer d'un nouveau tête-à-queue.
La course avait désormais perdu beaucoup de son intérêt : il était évident que Clark ne faisait plus que de se promener et bien qu'il ait établi le record du tour en 1' 35" 7/10 (103,824 km/h) il est certain que ses possibilités sont bien supérieures.
Au 50e tour, José Rosinski parvenait à enlever la 5e place à Tony Hegbourne dont le moteur donnait des signes de défaillance. Il s'avéra par la suite qu'il s'agissait simplement d'une saleté dans le carburateur, et Hegbourne reprenait sa vitesse de croisière sur la fin de la course mais il était trop tard pour qu'il puisse menacer les voitures françaises.
Au 63e tour, Mike Beckwith effectuait un nouveau tête-à-queue, mais cette fois la coupe était pleine et il ne parvenait pas à redémarrer son moteur : c'était l'abandon.
Avec Beltoise éliminé, l'équipe Bonnet enregistrait un nouvel avatar : l'un des boulons qui maintiennent tout l'arrière du châssis de la voiture de Gérard Laureau, en se détachant, avait fait faire à ce dernier un splendide tête-à-queue, et l'avait contraint à un long arrêt à son stand pour réparation. Les espoirs français se reportaient désormais sur Mauro Bianchi en 4e position derrière la Lotus à moteur culbuté d'Arundell, et l'on eût bien aimé voir le « double arbre » français prendre l'avantage sur cette voiture désormais périmée. Malheureusement, il n'en fut plus question car Bianchi éprouvait de sévères difficultés avec son différentiel, et non seulement il ne s'approchait pas d'Arundell, mais c'est son propre coéquipier Rosinski qui venait le menacer et devait même le doubler à quatre tours de la fin, de sorte qu'à l'issue des 80 tours, c'est Jim Clark que l'on acclamait une fois de plus en vainqueur, avec une avance de près d'un demi-tour sur Richard Attwood, et de 2 tours sur le quatuor Arundell, Rosinski, Blanchi, Hegbourne.
CLASSEMENT GENERAL
- Jim Clark (Lotus-Ford-Cosworth),
pneus Dunlop, Garnitures Ferodo, Huile