01 janvier 2015
January 1, 1965 : Africa King
A l’orée de la saison 1965 eut lieu sur le circuit d'East London le Grand Prix d’Afrique du Sud qui marquait le retour de ce pays - à l'époque sous régime controversé d'apartheid - dans le calendrier des Grand Prix. La semaine de course commençait fin décembre 1964 et le Grand Prix ayant lieu le 1er janvier représentait donc la première manche du nouveau championnat. De ce fait il constituait une sorte de postface de la saison 1964, la plupart des équipes s’engageant avec les pilotes et le matériel de la saison écoulée.
Tout ceci eut lieu il y a très exactement un demi-siècle, je vivais également en Afrique à cette époque, nettement plus au nord cependant.
Au passage, comme il est d'usage en cette période, nous n'oublierons pas de souhaiter à tous nos lecteurs et correspondants une bonne et heureuse année 2015.
Francis Rainaut
La course se déroulait sur 85 tours du circuit d’East London, le « Prince George Circuit » long de 3,9 km. 28 pilotes étaient engagés, parmi lesquels on retrouve des noms - tels ceux du Rhodésien Clive Puzey ou des Sud-africains Neville Lederle et Ernie Pieterse - connus de seuls quelques rares initiés mais néanmoins aptes à faire le bonheur d'authentiques amateurs de quiz.
Inutile de chercher un quelconque pilote francophone, on était en pleine mainmise « british » sur le championnat du monde, Bandini, Rindt, Siffert , Bonnier et Gurney représentaient la seule opposition face aux sujets de Sa Gracieuse Majesté (1).
Parmi les 28 pilotes présents, trois ne devaient pas passer le cap (!) de la séance spéciale de pré-qualification, tandis que cinq autres allaient être éliminés à l’issue des séances normales.
Après l’épisode N.A.R.T. de fin 1964 (2), les Ferrari étaient à nouveau engagées sous leurs propres couleurs, mais sous le nom de leur manager Eugenio Dragoni, Enzo Ferrari n’ayant en effet pas encore récupéré sa licence officielle. Le champion sortant John Surtees commençait - de son propre chef - à défendre son titre sur la 158 V8 modèle 1964 tandis que Lorenzo Bandini était au volant de la nouvelle 1512 à moteur flat-12.
Chez Cooper, Rindt héritait d’une T73 de 1964, tandis que McLaren disposait de la nouvelle T77, les autres engagements de la firme étant le fait de privés. Le Reg Parnell Racing ne présentait qu’une seule monoplace plus très récente pour le local Tony Maggs, ex-pilote officiel, les nouvelles machines n’étant pas prêtes.
En parcourant la liste complète des engagés, on trouve quelques raretés locales, telle cette Alfa Special conduite par Piet de Klerck, et autres LDS mk1 voire mk2.
Réveil matinal à 6 heures pour les qualifications du jeudi, afin de bénéficier de conditions météo plus fraîches. Mais tous les efforts déployés par les pilotes sont annihilés par la sortie des stands de l’ « écossais volant » qui réalise un temps de 1:27.2 tout en ayant été gêné par Sam Tingle sur son LDS-Alfa Romeo, lequel avait semble-t-il oublié l’existence des rétroviseurs.
En définitive Jim Clark va totalement dominer les qualifications en prenant l’ascendant lors des trois séances, obtenant la pole avec un avantage de près d'une seconde, un gouffre. Le reste du top cinq se tient derrière dans un écart assez réduit (3).
Le temps est sec et dégagé pour cette course du nouvel an. Quand le drapeau de l’Afrique du Sud s’abaisse, Clark fait un super départ, et se trouve déjà détaché avant le premier virage. Spence suit simplement la trace de son leader pour occuper la seconde position, avec Brabham juste derrière, puis McLaren qui a réussi un excellent envol depuis sa 8e position, enfin Surtees et Hill.
Les Lotus commencent à creuser un mince écart sur le reste du peloton, et l’attention se reporte alors sur Surtees; le pilote Ferrari a en effet dépassé McLaren au second tour pour le gain de la quatrième place, puis Brabham au 4e tour pour atteindre la troisième place après un départ plutôt mauvais. Gurney quant à lui visite rapidement les stands en raison d’un problème électrique, tandis qu’Anderson le rejoint bientôt en proie à des ennuis de freinage.
Après seulement six tours les Lotus sont débarrassées de Surtees qui ne parvient pas à se défaire de Brabham ni de Hill. Auteur d’un bon départ dans l’ancienne Brabham de Rob Walker, Bonnier doit ralentir suite à des problèmes de trappe à essence, ouvrant malgré lui le passage à Bandini. Il finira par abandonner, de même que Rindt victime d’ennuis de bougies ainsi que Love dont ce n’est pas encore l’année...
A mi-distance, Clark a fait le trou et devance Spence de 13 secondes, lui-même séparé de 12 secondes d’un groupe de chasse qui comprend Surtees, Brabham et Hill. Mais cet écart descend soudain à trois secondes après une légère sortie de route de la Lotus, et c'est le moment que choisit le pilote Ferrari pour accentuer la pression sur Spence. Sa situation se trouve même facilitée par les ennuis de Brabham dont le moteur commence à cafouiller et qui se fait ainsi doubler par Hill.
Spence se dirige alors vers une méritoire seconde place quand il part à nouveau en tête-à-queue à Beacon Bend, cette fois-ci sur l’huile laissée par le moteur Ford de Prophet, permettant ainsi à Surtees et à Hill de le dépasser.
Malgré d’une légère inquiétude quand le directeur de course lui présentera le drapeau à damiers un tour trop tôt, l’ « écossais volant » gagne confortablement cette course avec 29 secondes d’avance ; personne ne jouait dans sa cour ce 1er janvier. Il récidivera trois ans plus tard sur les hauteurs de Kyalami, pour ce qui deviendra son ultime victoire. Il mérite bien d’être appelé « Africa King » !
Derrière lui Surtees termine à une honorable seconde place, devant un troisième champion du monde, Hill. Spence en quatrième position fut un brillant animateur, il n’aura malheureusement pas le temps de laisser sa trace au palmarès des grands pilotes.
Signalons pour finir le résultat de l’ « autre » écossais, un certain Jackie Stewart qui marque un premier point pour ses débuts en Formule 1, au volant de sa B.R.M.
Et tout ceci s'est déroulé il y a très exactement cinquante ans !
(1) ou presque puisque l’Afrique du Sud, membre depuis 1931, a quitté le Commonwealth pendant l'apartheid, de 1961 à 1994 alors que la Rhodésie n’en sortira qu’en décembre 1966 après que les colons blancs aient proclamé son indépendance le 11 novembre 1965.
(2) conséquence d'une brouille entre Ferrari et la fédération italienne au sujet de l'homologation de la 250 LM en catégorie Sport.
- Image 2 ©Bruno Becce QuattroRuote.
- Autres images ©D.R.
19:26 Publié dans j.clark, j.love, j.stewart, j.surtees | Tags : jim clark, jackie stewart, east london | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook | |
22 décembre 2014
S'il vous plaît... dessine-moi une matra !
C'est bien connu, le soleil se lève à l'Est. D'ailleurs en Alsace, on fête la saint Nicolas début décembre. C'est sans doute pour cette raison que François Blaise a repris son traineau et nous a ramené de l'International Motor Show du Luxembourg (1) les images de tous ces gros jouets bleus qui ont charmé notre jeunesse.
Fermons un peu les yeux le 24 décembre pour imaginer laquelle de ces merveilles on trouvera le lendemain au pied du sapin. Et merci à l'EPAF qui n'oublie pas que toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants.
(1) qui fêtait le cinquantenaire de Matra Sports.
21:04 Publié dans h.pescarolo, j.stewart, jp.beltoise | Tags : matra, jean-pierre beltoise, jackie stewart | Lien permanent | Commentaires (10) | Facebook | |
11 juillet 2014
1966' Grand Prix movie - 1 - Monaco
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« Après le virage de Sainte-Dévote, Sarti est en tête devant Stoddard, Aron, Hill, Anderson et Randolph. Stoddard se porte maintenant à la hauteur de Sarti dans la montée, et va essayer de passer...
... Exprès ou pas exprès, tu es en train de bousiller la boite ! »
- Voir aussi: 1966' Grand Prix movie - Ouverture
Signé Francis Rainaut
14:18 Publié dans j.stewart, j.surtees, p.hill | Tags : john frankenheimer, john surtees | Lien permanent | Commentaires (7) | Facebook | |
20 juin 2014
Chaparral - les oiseaux de feu (part 2)
On en était resté aux déboires de la Chaparral 2D au Mans en 1966. Rendez-vous fût donc pris pour 1967 où se déroulera on le sait "La course du siècle".
Mais entre-temps aura démarrée outre-atlantique la série CanAm où s'affrontent sous couvert d'un règlement très libéral les bolides du Groupe 7 parmi lesquels figure en bonne place la Chaparral 2E, chef-d’œuvre de la marque texane avec son mythique #66. (1)
signé Francis Rainaut
- Voir aussi: Chaparral - les oiseaux de feu (part 1)
23:45 Publié dans j.hall, j.stewart, j.surtees, m.spence, p.hill, Pilotes | Tags : jim hall, phil hill, mike spence | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
01 février 2014
Jochen Rindt & Co: 50 ans après les débuts de Jochen en GP (face A)
Les amis, les rivaux, les contemporains : ce qu’ils sont devenus ...
Remarques de Klaus Ewald, traduit de l'anglais par Francis Rainaut
- voir aussi le texte original en anglais Back to the roots
Quem di diligunt, adulescens moritur (Plautus, Bacchides, IV, 7, 18)
Le James Dean de la Formule Un. La première pop star jamais vue en Grand Prix. L’homme le plus rapide qui ne se soit jamais assis dans le cockpit d’une monoplace de Grand Prix, de tous les temps. Plus charismatique que Jim Clark, Jackie Stewart et Graham Hill réunis. Tué et malgré cela devenu champion du monde quelques semaines plus tard. Le premier parlant allemand. Karl Jochen Rindt (1942 – 1970) était le fils du fabriquant d’épices allemand Karl Rindt et de son épouse autrichienne Ilse Martinowitz. Né dans la ville allemande de Mainz et de citoyenneté allemande pour la vie, Rindt a perdu ses deux parents lors d’un bombardement aérien sur Hambourg en 1943 – la fabrique d’épices Klein & Rindt avait une succursale dans le fameux Speicherstadt d’Hambourg qui fait désormais partie de la nouvelle ville d’Hafen.
21:05 Publié dans a.senna, j.brabham, j.rindt, j.stewart | Tags : jochen rindt, emerson fittipaldi | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |